Environ 400 Kurdes ont protesté cet après-midi sur la Place du Luxembourg à Bruxelles, en face des bâtiments du Parlement européen contre l’attentat à la bombe qui a ciblé hier un rassemblement du parti kurde de gauche HDP électoral, à Amed (Diyarbakir). Un attentat qui a fait au moins 3 morts et 402 blessés, dont 16 graves. Cet attentat est le triste paroxysme d’une violence à laquelle a dû faire face la campagne électorale du HDP ces dernières semaines (voir davantage à ce sujet dans la déclaration du HDP, représentation Europe ci-dessous). L’action a été appelée par les partisans du HDP et le mouvement national kurde en Belgique. Des protestations ont eu lieu dans de nombreux pays aujourd’hui, y compris tout naturellement en Turquie et au Kurdistan même.
Les élections de ce dimanche en Turquie pourraient impliquer un important tournant: si le HDP, qui participe pour la première fois non pas avec des candidats indépendants, mais en tant que parti, franchisse le seuil de 10%, Erdogan devra donc oublier la majorité suffisante au Parlement qui lui permettra d’effectuer un amendement constitutionnel dans le but d’instaurer un régime présidentiel fort.
Un mauvais résultat pour le HDP et une victoire de l’AKP (Parti pour la justice et le développement, d’Erdogan) sans un contrepoids progressif risque alors de porter non seulement un coup très dur à la lutte pour les droits nationaux kurdes, mais aussi au mouvement des femmes, le mouvement des travailleurs indépendants qui émerge lentement, au mouvement LGTB et aux droits démocratiques en général en Turquie.
A l’action de Bruxelles d’aujourd’hui, la gauche (radicale) « belge » était, encore une fois, totalement absente, quoique le soutien large d’une bonne partie de la gauche turque en Turquie à la campagne du HDP aurait rendu aussi possible une mobilisation plus large de la gauche turque ici, aujourd’hui..
Les enthousiastes articles, parfois totalement dépourvus d’esprit critique au sujet des idées « à connotation libertaires » d’Ocalan et du PKK, et les bien intentionnés voyages de solidarité au Kurdistan turc , iranien, syrien, etc., ne peuvent malheureusement remplacer un mouvement de solidarité réel et concret dans son propre pays . Et comme toujours, ici aussi les grandes organisations devraient assumer leur plus grande responsabilité…
Traduit du néerlandais par Rafik Khalfaoui
Lire aussi la version originale en néerlandais ici
Crédit photos : Koerdisch Democratisch Gemeenschapscentrum Limburg
Tentative de massacre contre un rassemblement de HDP à Amed (Diyarbakir) en Turquie : des centaines de civils blessés, au moins 4 morts
La tension politique a été délibérément intensifiée de la part du Parti pour la justice et le développement (AKP – Adalet ve Kalkınma Partisi) et du président Erdoğan, qui est censé être impartial, à la veille des élections législatives, alors que les sondages d’opinion montrent une diminution dramatique des intentions de vote pour l’AKP. Après avoir participé avec des candidats indépendants lors des deux élections législatives précédentes et afin d’atteindre un seuil électoral plus élevé, le HDP a décidé de défier l’AKP et a participé entant que parti pour les élections du 7 juin. Si le HDP parvient à dépasser le seuil de 10%, l’AKP n’aura pas 330 sièges au Parlement qui sont nécessaires pour effectuer un amendement constitutionnel au référendum. En fonction des résultats des deux autres partis, il est également très possible que l’AKP ne gagnera pas suffisamment de sièges pour former le gouvernement de la majorité pour laquelle il faut avoir 276 sièges.
Comme les résultats de ces élections vont radicalement changer l’avenir de la Turquie, vers une continuation de la dictature d’Erdoğan ou une transformation démocratique avec une puissance amoindrie de l’AKP, la situation fragile actuelle est provoquée par l’AKP et le président Erdoğan contre le HDP. Depuis le début de la campagne électorale, plus de 250 endroits différents, y compris nos bureaux et sièges du parti, nos voitures, les membres et les bénévoles ont été attaqués.
La violence contre les membres et les bureaux du HDP s’intensifie à mesure que le jour de l’élection s’approche. Après les attentats à la bombe contre nos bureaux de Mersin et Adana le 18 mai, plusieurs autres grandes attaques ont eu lieu jusqu’à présent. Le 3 juin lors d’une attaque armée à Bingöl sur une fourgonnette utilisée pour la campagne électorale, le pilote Hamdullah Öge a été brutalement tué. Le 4 juin, juste avant le meeting électoral de notre parti à Erzurum, une foule a attaqué une fourgonnette sur laquelle étaient accrochés des drapeaux HDP, et a y mis le feu le feu tandis que le chauffeur était à l’intérieur. Le chauffeur a été grièvement blessé. Aucun de ceux qui sont responsables de ces attaques graves n’a comparu devant la justice. Les agresseurs jouissent d’une totale impunité garantie par l’AKP.
Le HDP avait organisé un rassemblement de masse dans la ville de Diyarbakir auquel ont participé des centaines de milliers de personnes quelques jours avant l’élection générale du 7 juin. Ceux dont le succès du HDP a secoués ont perpétré une autre attaque violente contre ce rassemblement. Deux engins explosifs montés de façon professionnelle ont explosé à trois minutes d’espace dans la zone du rassemblement.
L’attaque d’aujourd’hui était la plus grande et la plus meurtrière des 250 attaques qui ont été perpétrées contre le HDP dans différentes villes à travers le pays. Tout comme pour les attaques précédentes, le Président et le Premier ministre sont directement responsables de l’attaque d’aujourd’hui.
Toutes ces attaques et de nombreuses autres violations soulèvent des préoccupations sérieuses quant à la transparence et à l’équité des élections. Nous appelons une nouvelle fois les institutions internationales et européennes de suivre de près les élections. Nous demandons également à la justice de faire la lumière sur ces événements sombres.
HDP, Représentation en Europe
Le 5 juin 2015
Traduction de l’anglais par Rafik Khalfaoui