Les militant.e.s syndicaux/ales ont répondu massivement à l’appel du front commun à cette journée de grève dans quatre provinces du pays (Anvers, Hainaut, Limbourg et Luxembourg). Dans le Hainaut l’action fut particulièrement bien suivie. Petit compte-rendu de nos correspondants sur le terrain.
Dès dimanche soir, les piquets de grève étaient en place à la gare de Charleroi Sud, et aucun train ne roulait. A partir de minuit, les grévistes ont pris position pour bloquer l’accès au centre de tri de La Poste, sur le zoning d’Heppignies. Avant l’aube, les piquets se sont mis en place devant toutes les entreprises et ont bouclé les zonings industriels. Les piquets étaient nombreux, composés non seulement de militants et militantes mais aussi de simples affilié.e.s des syndicats. De Fleurus à Gosselies, en passant par Heppignies, Ransart et Jumet, tout était bloqué, le mouvement était général, avec très peu de candidat.e.s au travail. Grands magasins à l’arrêt, écoles fermées, tour de finances déserte et aucun bus dans les rues. L’accès à l’aéroport de Gosselies est barré: les voyageurs peuvent passer, mais à pied. Un peu d’énervement, mais surtout beaucoup de compréhension pour le mouvement.
Au moment où ces lignes sont écrites, des groupes de grévistes continuent de parcourir la ville et la région. En front commun, souvent, car les organisations syndicales – le fait est sans précédent – ont décidé d’organiser un seul quartier-général de grève: ce 24 novembre, il est situé à la CSC; le 15 décembre, ce sera le tour de la FGTB. C’est là que les demandes de renfort parviennent et on y répond dans l’unité. Café, croissants, ambiance bon enfant mais détermination maximale. Que ce soit aux piquets ou au QG, les discussions vont bon train: sur les mesures gouvernementales, sur la politique à la Reagan-Thatcher, sur le PS qui a ouvert la voie à la droite, sur le plan d’action et ses suites, sur la dégradation des conditions de travail, sur l’alternative…
«Il va falloir élever le niveau de la lutte»
Dans la région de Mons non plus, aucun train n’a circulé et la plupart des bus sont restés au dépôt. L’administration communale de la Ville de Mons était bloquée par les grévistes très tôt le matin, malgré la présence de membres de la direction venus «passer la liste de présence de ceux qui veulent travailler». Les bureaux administratifs de la SNCB, du TEC et du Forem étaient également bloqués, certains depuis 4h du matin.
Le centre commercial des Grands-Près et les alentours étaient également inaccessibles. Des barrages filtrants étaient installés à plusieurs entrées de la ville. Toutes ces actions se sont déroulées dans une ambiance bon enfant et dans le plus grand respect: ambulances, infirmières ou médecins se voyaient immédiatement ouvrir la voie. Plusieurs incidents sont malgré tout à déplorer dans la région, suite à la tentative de certains automobilistes de forcer les barrages, ce qui a occasionné des blessures chez plusieurs grévistes.
A Frameries, le zoning industriel de Crachet et le rond-point des Quatre Pavés étaient bloqués par les travailleurs et travailleuses. A Doosan, entreprise actuellement en procédure Renault de restructuration, les travailleurs combatifs avaient installé des grues à travers l’avenue. Ceux de Bridgestone avaient quant à eux bloqué tous les accès du zoning.
La Louvière: Belle mobilisation, nombreux piquets
A La Louvière aussi, la grève a été bien suivie. Une AG intersectorielle à la CGSP s’est tenue dans une salle comble avec une ferme volonté de continuer le combat. Et des assemblées intersectorielles de décision sont convoquées les prochains lundis à 18h pour préparer au mieux le 15 décembre et au delà, pour évaluer et proposer des actions et tracer une alternative syndicale. Partout, la détermination était présente, et certains travailleurs rappelaient l’importance de ne pas en rester là et d’intensifier le niveau de la lutte.
Il est temps, il est grand temps d’agir et pas question de lâcher le morceau: voilà l’état d’esprit des grévistes. Tous et toutes sont conscients des enjeux: au-delà des mesures, c’est le pouvoir syndical qui est visé. De Wever-Michel veulent mettre le syndicalisme hors-jeu pour l’affaiblir durablement. Le patronat appuie le gouvernement et le gouvernement s’appuie sur le patronat. Dans certaines entreprises, la proportion d’intérimaires et de sous-traitants est telle que le rapport de forces est déjà terriblement dégradé. Chez AGC-Fleurus, par exemple, plus d’un tiers des ouvriers sont sous contrat intérimaire. On ne peut plus reculer, sans quoi le rapport de forces risque de basculer en faveur des patrons: ce sentiment est très largement partagé.
Le tract de la LCR est bien accueilli et suscite de riches discussions avec les syndicalistes. Nous réalisons une dizaine d’interviews vidéo de militant.e.s et de responsables. Les propos recueillis sont révélateurs de la combativité et de la lucidité de celles et ceux qui, dans le Hainaut, ont ouvert le plan d’action contre Michel-De Wever et leur politique de misère.