Quatre ans après l’appel du 1er Mai 2012 de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, Daniel Piron est revenu dans La Gauche sur la situation du mouvement social en Belgique. Nous en avions publié quelques extraits en primeur sur notre site web. Si son article a été écrit avant l’annonce du nouveau plan d’action syndical contre la Loi Peeters et les nouvelles coupes sombres dans les dépenses publiques et sociales de la coalition Michel, il n’en garde pas moins toute sa pertinence stratégique. Bien sûr, nous ne pouvons que nous réjouir du réveil syndical, mais le pire danger serait de reproduire le même scénario que celui du mouvement de l’hiver 2014-2015.
Beaucoup de questions restent encore en suspens et doivent irriguer les assemblées syndicales dans tout le pays, à l’heure du renouvellement amené par les élections sociales. Parmi celles-ci, la question de la perspective stratégique du mouvement, bien résumée par Felipe Van Keirsbilck lors de la manifestation CSC du 20 avril : « Ce gouvernement doit faire demi-tour ou s’en aller ». Nous ajoutons qu’il est impossible que ce gouvernement revienne sur l’ensemble de son offensive antisociale, comme il l’a montré depuis bientôt deux ans. Il sera donc nécessaire d’en assumer les conséquences. Pour gagner, on aura besoin de l’implication maximale des milliers de syndicalistes nouvellement élu.e.s, et au-delà, de l’implication des affilié.e.s, femmes, jeunes, sans emploi, sans papiers, etc.
Enfin, comme le rappelle Daniel Piron, pour faire avancer l’alternative sociale et politique, il sera nécessaire de bousculer les structures : « Bousculer les structures, c’est ce qu’ont toujours fait celles et ceux qui ont été à la base des grands combats par lesquels nous existons comme classe. » Une lutte commune est en cours, de Bruxelles à Athènes, en passant par Paris, contre le programme austéritaire et autoritaire de nos gouvernements. Ce n’est encore qu’un début. — LCR-Web
Réveillons-nous, camarades!
Notre mouvement syndical est puissant. Plus de trois millions d’affilié-e-s. Plus de cent mille délégué-e-s et militante-s. Une capacité d’organisation exceptionnelle, qui fait l’admiration des collègues étrangers. Une histoire riche de sept grèves générales – je parle de vraies grèves générales, pas d’arrêts de travail de 24 heures. Par leurs luttes, nos parents, grands-parents, arrière-grands-parents ont sorti les enfants des mines, imposé le droit de grève et d’organisation, conquis le droit de vote, réduit le temps de travail, arraché les congés payés, la sécurité sociale, le droit des femmes à l’interruption volontaire de grossesse… Ce n’est pas qu’une question de « droits acquis » : à travers ces conquêtes, nous existons en tant que monde du travail, que classe sociale porteuse d’une autre logique que celle du profit : la logique de la solidarité. La logique d’une autre société, visant la satisfaction des besoins humains.
Notre mouvement syndical est puissant. Pourtant, ce colosse est poussé dans les cordes par un gouvernement de nains politiques, de laquais des patrons, d’avocats des riches et de courtiers de la finance. Un gouvernement de politiciens sans vision, sans cœur, sans âme, sans scrupules, secondé par des médias aux ordres. Des gens chez qui le portefeuille a pris la place du cerveau, parce que les lois du capitalisme sont pour eux des lois naturelles. Des gens qui sont les héritiers spirituels – quoiqu’ils aient fort peu d’esprit – de ceux qui firent tirer sur les ouvriers révoltés contre la misère et l’exploitation, en 1886.
Michel-Jambon, larbins d’une mafia en col blanc
Les représentants d’une racaille de bourgeois devenus grands à coups de spéculations, de collaboration, de privatisations, de fraude et d’évasion fiscale sont en train de prendre une revanche sur nos ancêtres. Quand je dis « nous », je veux dire « notre classe » dans toute sa diversité : actifs et inactifs, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, avec ou sans papiers, rouges et verts de toutes croyances et philosophies. « Oui, il y a une guerre de classe, et c’est ma classe qui est en train de la gagner » : cette phrase fameuse du milliardaire américain Warren Buffet, j’imagine qu’André de Spoelberch ou Albert Frère se la répètent le soir avant de s’endormir, en remerciant Charles Michel et sa clique. Je plaide donc pour que ce Premier Mai 2016 soit frappé au coin de la lucidité : qu’on ne dise pas « La résistance sociale continue » alors que la droite est en train d’enfoncer nos défenses et que nous restons plantés là comme si nous étions KO debout.
Car c’est ça la situation. Je ne perdrai pas mon temps à dresser la liste de ce que nous avons perdu en deux ans. Alors que nous avions dit « ça, jamais ». Alors que nous avions planté, en front commun, les quatre balises d’une autre politique (*). Je ne perdrai pas non plus mon temps à expliquer cette évidence : ce que nous avons perdu, les patrons et les riches l’ont gagné. Les bénéfices 2015 des entreprises cotées à la Bourse de Bruxelles ont grossi de 32%, mais 21% de la population est « à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale » ! D’ailleurs, les chiffres sont loin de tout dire. Ils ne peuvent traduire l’humiliation, l’angoisse, le stress, le vide existentiel, la solitude, le mépris de soi et des autres, la tristesse, le cynisme, le nihilisme, la rage sans espoir que le néolibéralisme propage à tous les niveaux du monde du travail.
Plutôt que d’égrener un inventaire, je choisis de mettre en garde : l’appétit vient en mangeant. Gourmande, la classe dominante fait le bilan de ce qu’elle a engrangé sous ce gouvernement – et sous les précédents, car Michel-Jambon n’ont rien inventé. Elle note que le mouvement syndical est dans l’impasse. Elle constate aussi que les attentats terroristes créent un climat propice, détournent l’attention du social ; que le racisme et l’islamophobie divisent les exploité-e-s ; et que « l’opposition parlementaire » se range dans « l’unité nationale » au lieu de dénoncer la politique sécuritaire. Elle conclut à l’opportunité imprévue de lancer de nouvelles attaques tout en avançant vers le pouvoir fort capable d’affronter une éventuelle révolte. Le gouvernement Michel-Jambon est chargé de profiter de cette opportunité pour infliger aux syndicats belges plus que des reculs : une défaite historique, analogue à celle que Thatcher a infligée aux syndicats britanniques. Mais sans faire le « kamikaze », c’est-à-dire sans provoquer ni explosion sociale ni retour de flamme politique.
L’appétit de la bourgeoisie grandit en mangeant
Les mesures annoncées ces dernières semaines illustrent cette tendance. Le moins qu’on puisse dire est que les « petites idées » ne manquent pas : annualiser le temps de travail (Kris Peters); rétablir le jour de carence pour tous les travailleur-euse-s (le même); ne plus compter les années d’étude dans le calcul de la pension du secteur public (encore Peters) ; imposer un « contrat d’insertion sociale » aux bénéficiaires du revenu d’intégration (Willy Borsus); supprimer le subside aux syndicats pour le traitement des dossiers de chômage (Bart De Wever); une Europe « sans droit d’asile » (le même) ; passer de 38 à 40H pour un même salaire (UNIZO) ; interdire les piquets de grève et garantir le « droit au travail » (tous)… Tout cela en plus des mesures déjà prises et qui frappent en particulier les jeunes, les femmes, les sans-emploi, les personnes à handicap, etc…
En même temps, la droite multiplie les provocations. Le gouvernement fait appel de la décision européenne lui imposant de récupérer les 700 millions d’Euros offerts à 35 multinationales par le biais du ruling fiscal. Alors que le scandale des « Panama papers » lève un coin du voile sur les montagnes d’argent accumulées dans les paradis fiscaux, Jan Jambon répète comme si de rien n’était la rengaine de son chef Bart: « Il n’y a plus que dans la sécurité sociale qu’on peut trouver de l’argent pour équilibrer le budget ». Quant au ministre NVA des finances, Johan Van Overtveldt, un an après avoir démantelé l’Office Central de Lutte contre la Délinquance Economique et Financière, il joue les imbéciles et demande aux journalistes leurs informations sur les Belges propriétaires de sociétés offshore. Quel culot ! Quelle arrogance !
Automne 2014, l’occasion manquée de battre la droite
Ce culot, cette arrogance ne tombent pas du ciel. Ils sont proportionnels à la frousse que la droite a eue à l’automne 2014. Car elle a eu vraiment peur, la droite : dès la formation du gouvernement, les syndicats ont riposté par un plan d’action. La réponse de la population a dépassé toutes les espérances : 130.000 manifestant-e-s début novembre, des grèves tournantes par provinces très réussies, le pays paralysé le 15 décembre par une impressionnante grève nationale de 24 heures… La présence massive de jeunes, de sans-papiers, de femmes, de pensionné-e-s et de sans-emploi, la mobilisation du monde associatif aux côtés des syndicats : il se passait quelque chose en profondeur, quelque chose qui dépassait de loin la mobilisation des militant-e-s et des délégué-e-s.
Si les organisations syndicales avaient voulu étendre cette mobilisation, elles auraient pu faire chasser ce gouvernement de malheur. Cela n’aurait pas résolu la question de l’alternative, évidemment. Mais au moins une offensive de l’adversaire aurait été brisée, les mauvais coups suivants auraient été compromis, et c’est notre camp qui aurait gagné confiance en sa force, pas dans celui d’en face. Au lieu de cela, nos organisations se sont embourbées dans une concertation qui a saucissonné les revendications et permis au gouvernement de reprendre la main.
Qu’on ne vienne pas dire que cet échec incombe à telle organisation ou à telle autre, à telle profession ou à telle autre, aux travailleur-euse-s de telle région ou de telle autre. Il y a des différences de cultures, d’idéologies, de traditions, c’est évident. Il y a des contextes politiques très variés en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Mais le fait majeur du mouvement de l’automne 2014 était la très grande homogénéité de la mobilisation. En Flandre, moins de six mois après le triomphe électoral de la NVA, le mouvement de lutte faisait subitement apparaître une image opposée à la photo sortie des urnes : l’image d’une Flandre sociale, combative, solidaire, qui bloquait l’économie avec le soutien de caravanes de cyclistes et de fanfares de Hart Boven Hard. De Wever n’avait pas prévu cela ! En continuant le combat, il aurait été possible d’inverser la tendance en Flandre, et par conséquent dans le pays tout entier. En arrêtant le combat, on a offert à la droite extrême et à l’extrême-droite le moyen de renforcer la croisade contre les syndicats, les autres mouvements sociaux et la sécurité sociale.
Une stratégie de concertation en panne
Il y a certes des différences de responsabilité entre organisations. Mais la situation fort dangereuse où le mouvement syndical se trouve aujourd’hui du fait de l’abandon de la lutte n’est pas avant tout le produit de ces différences. Elle est avant tout le produit du fait que toutes les organisations s’accordent sur une stratégie de collaboration de classe qui comporte deux volets: la concertation sociale avec les patrons et le gouvernement, d’une part, la pression sur les « amis politiques », d’autre part. Dans le cadre de cette stratégie, on ne chasse pas un gouvernement, ça ne se fait pas, car on ne fait « pas de politique ». Nous sommes dans l’impasse avant tout parce que cette stratégie a fait faillite.
Les signes de la faillite étaient déjà clairs depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies. Ils sont devenus évidents sous le gouvernement Di Rupo. Rappelons-nous : à peine formée, sa coalition votait la réforme de la fin de carrière au Parlement, sans discussion avec les syndicats. Di Rupo imaginait qu’en appliquant des parties du programme de la NVA, sans interférences syndicales, il couperait l’herbe sous les pieds de De Wever. C’est évidemment le contraire qui s’est passé. Les électeurs préfèrent l’original à la copie. Le gouvernement piloté par le PS a pavé la route à la coalition Michel-Jambon. Le gouvernement PS-Verts de Valls en France fait la même chose, mais en copiant le programme du FN. C’est pire, mais la logique est la même. Croire que la politique du « moindre mal » de la social-démocratie et des Verts offre une alternative à la droite dure, c’est croire au Père Noël. Nous ne pouvons plus nous le permettre.
La cause de la faillite de la stratégie de concertation n’est pas à chercher loin : la classe dominante n’en veut plus. La crise du système capitaliste est trop profonde, trop structurelle. Les patrons ne veulent plus acheter la paix sociale aux syndicats en échange de compromis. Ils veulent imposer leur programme néolibéral, de gré ou de force. Dans le privé dans le public et dans la société tout entière. Les syndicalistes qui acceptent d’être une courroie de transmission sont bienvenus, les autres doivent dégager. La social-démocratie étant convertie au néo-libéralisme, les syndicats se retrouvent tout nus, face à un choix très clair : soit continuer comme avant et perdre à terme toute capacité de peser en faveur du monde du travail ; soit rompre avec la concertation et élaborer une autre stratégie.
Il faut une stratégie alternative, syndicale et politique
Le discours-appel que j’ai prononcé le Premier Mai 2012 au nom de la FGTB de Charleroi contenait les grandes lignes d’une stratégie alternative. Celle-ci repose sur deux piliers : l’élaboration d’un programme d’urgence anticapitaliste, d’une part, et la lutte pour une alternative politique sur base de ce programme d’urgence, d’autre part. Ce n’était pas un coup de gueule.
Dans le sillage de ce discours, la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut a pris des initiatives. Elle a notamment édité deux brochures. La première, « Politique et indépendance syndicale. Huit questions en relation avec l’appel du premier mai 2012» expliquait que le mouvement syndical a besoin d’un prolongement politique de rassemblement à gauche du PS et d’ECOLO – ce qui implique de rompre avec une fausse conception confondant indépendance syndicale et apolitisme. La seconde, « Changer de cap maintenant. 10 objectifs d’un programme anticapitaliste d’urgence » se terminait sur cette double conclusion importante : « Ce programme n’est pas à prendre ou à laisser. Nous allons l’enrichir ensemble dans la démocratie qui bourgeonnera dans nos combats. Néanmoins, nous nous refusons à en faire un catalogue de bonnes intentions dans lequel chacun pourrait venir puiser des éléments à sa guise. Ce programme et ses articulations doivent être compris comme une dynamique qui tend vers un changement radical des rouages de la société parce que nous avons compris que ce système ne peut pas être réformé, il doit disparaître ».
Bien que le contexte politique ait changé, ces propositions me semblent plus que jamais nécessaires et urgentes. En même temps, il est évident qu’elles ne peuvent pas se frayer un chemin à froid, mais seulement à la faveur d’une lutte. Le mouvement de l’automne 2014 aurait été le bon moment pour les mettre en pratique, mais force est de constater que les obstacles et les résistances sont nombreux. Au sein des syndicats, on a voulu croire que le débat sur nos propositions stratégiques était un luxe superflu face aux attaques du gouvernement de droite. La suite a malheureusement prouvé qu’il n’en était rien. Sur le terrain de l’alternative politique, un premier pas prometteur semblait franchi avec la formation d’une Gauche d’Ouverture autour du PTB… mais ce parti, une fois qu’il a eu des élus, a retiré la prise du rassemblement. Les mauvaises habitudes politiciennes et les vieux schémas du syndicalisme de concertation ont donc la vie dure. Résultat : tout le monde se retrouve le bec dans l’eau, à espérer que les élections de 2019 apporteront le salut. Comme si l’alternative dont nous avons besoin pouvait sortir des urnes.
Comment avancer dans le climat actuel de démobilisation ?
En réalité, l’alternative ne peut venir que d’une recomposition combinée des forces à la fois sur le plan syndical et sur le plan politique. Il faut marcher sur les deux jambes. Une gauche politique sans gauche syndicale qui contester la stratégie de concertation, c’est un couteau sans lame. Une gauche syndicale sans gauche politique qui la prolonge, c’est une lame sans manche. Mais comment avancer ? Sur le plan syndical en particulier, comment avancer dans l’ambiance de démobilisation, voire de démoralisation qui règne aujourd’hui ? Comment remobiliser des collègues de travail qui ont le sentiment d’avoir perdu des jours de salaire pour des prunes ? Comment les convaincre que, la prochaine fois, on luttera pour gagner ? Comment se remobiliser soi-même, en tant que militant-e-s, quand, depuis des décennies, se reproduit le même scénario des actions sans lendemains qui ne débouchent sur rien ?
Ces questions sont d’autant plus difficiles qu’elles se posent dans le contexte des menaces terroristes et de la réponse sécuritaire que le gouvernement y oppose. Cela change la donne. D’abord parce que les crimes de Daesh gonflent la vague de racisme et d’islamophobie dans la population en général, donc aussi parmi les affilié-e-s de nos syndicats. Ensuite parce que le climat sécuritaire sert de prétexte à la droite pour interdire les mobilisations sociales et lancer la police (appuyée par l’armée !) contre les contrevenant-e-s (tandis que les fascistes, eux, paradent sans problèmes). Je constate que nos directions syndicales s’inclinent facilement devant ce prétexte. Il me revient même que certains responsables se cachent derrière les mesures sécuritaires pour justifier l’abandon de tout plan d’action, de tout débat démocratique, et s’en prendre aux contestataires…
Il y a des contrepoids à ces tendances. Le principal est la colère qui s’accumule face aux injustices sociales, en particulier dans la jeunesse, chez les précaires, parmi les femmes, parmi les travailleurs sans-papiers. Cette colère peut entrer en résonnance avec le sentiment social diffus que le système capitaliste n’a plus rien d’autre à offrir que la régression sociale, les guerres et la catastrophe écologique. Mais ici se pose un problème qui a peut-être été sous-estimé quand la FGTB de Charleroi a lancé ses propositions stratégiques : celui des structures du mouvement syndical. Elles sont pesantes et conservatrices, empêchent les convergences et sont souvent (c’est un euphémisme) fermées aux couches les plus opprimées et les plus exploitées de la classe ouvrière. Ce n’est qu’en bousculant ces structures que de l’air frais pourra entrer et qu’une alternative pourra se développer.
Bousculons les structures syndicales
Bousculer les structures, ce n’est pas faire de l’anti-syndicalisme, ni opposer base et sommet. Bousculer les structures, c’est ce que la FGTB de Charleroi et la CNE ont fait en organisant ensemble la magnifique journée de lutte commune à la Géode, en avril 2013. On a senti à cette occasion quelle force syndicale et politique pourrait se mettre en branle dans un cadre unitaire favorisant l’initiative à la base. Bousculer les structures, c’est ce qu’ont fait les femmes de la FN en passant au-dessus des consignes pour lancer leur combat historique en faveur de l’égalité des droits. Bousculer les structures, c’est ce qu’a fait la jeunesse de France en lançant sur internet la révolte contre la « loi Travail » de Hollande-Valls, déclenchant ainsi un formidable mouvement des travailleurs et des jeunes.
Bousculer les structures, c’est ce qu’ont toujours fait celles et ceux qui ont été à la base des grands combats par lesquels nous existons comme classe. La quasi disparition des gros bastions ouvriers fait que le potentiel pour cela semble moins fort aujourd’hui qu’hier. Mais il n’a pas disparu, il n’a fait que se déplacer dans la société. Prenons exemple sur les « Nuit debout » en France, sur le mouvement des « Indignés » en Espagne, sur l’auto-organisation des travailleurs sans-papiers. Pas pour faire des copier-coller, mais pour inventer ensemble les moyens de coordonner gauches syndicales, associatives et politiques. Dans le contexte de notre pays, où la puissance syndicale est à la fois un atout et un obstacle, les milliers de syndicalistes mécontent-e-s et inquiet-e-s, à tous les niveaux des organisations, occupent une position clé. Réveillons-nous, camarades !
(*) La sauvegarde et le renforcement du pouvoir d’achat, la préservation d’une sécurité sociale forte, l’investissement dans une relance et des emplois durables, et une plus grande justice fiscale
photos: LCR