Ce matin j’étais dans un piquet qui a rendu visite à quelques patrons « récalcitrants ». Chez un concessionnaire automobile, le Sale Manager, un peu chagriné de renvoyer ses quelques « collaborateurs » chez eux, me glissa : « c’est facile quand vous êtes ensemble, hein ? ».
Ben, oui. C’est toujours plus facile quand on est ensemble. C’est ce qu’on appelle le rapport de forces. Mais vous savez bien ce que c’est, Monsieur le Manager. 363 jours de 2014, vous l’avez exercé sur vos « subalternes », c’est comme cela que vous les traitez quand il n’y a pas de présence syndicale.
Rapport de forces. En 2014, 363 jours sur 365, vous aviez le pouvoir. Et le « chiffre d’affaires qu’on va perdre avec ces grèves » vous vous êtes bien gardé de l’évoquer au moment de l’établissement des fiches de paie.
Ailleurs, un peu plus loin, un marchand de baignoire. Quatre employés arrivent à pied. Au premier contact, on les sent un peu coincés. On leur explique que s’ils veulent passer le piquet ils risquent bien de retrouver enfermés dans le rayon sanitaire de ce zoning jusque tard le soir… Ils passent un coup de GSM au « bath coordinator » (i suppose !) qui leur conseille d’attendre là, sur le rond-point, dans la pluie jusqu’à notre départ… « Mais chef, ils nous disent que le piquet ne quittera pas le zoning avant la soirée ». Je m’imagine bien la tête de ce petit chefaillon, qui était là depuis 4h30 le matin… Pour le « chiffre d’affaires » ? Pour « les clients qu’on doit absolument livrer aujourd’hui » ? Pour la « liberté d’entreprendre » ? Pour « le droit au travail » ?
Rapport de forces, je vous dis.
Vous n’aimez pas que vos employés puissent se libérer de votre contrainte, vous échapper…
Oui, quand on est ensemble, on est plus fort. On se permet tout. On pourrait même se passer de vous.
fRED