De Majd al-Dik avec Nathalie Bontemps. Edition Don Quichotte, 2016, 17,90 euros. Commander à La Brèche.
La Syrie n’est plus, dans les médias et l’actualité politique, que le théâtre d’affrontements de la coalition contre Daech, avec une vision des plus confuses des combats des milices kurdes, des diverses forces armées et de leurs sponsors internationaux, ne pouvant aboutir qu’à un recyclage de l’appareil d’État syrien, avec ou sans Bachar el-Assad. Ce livre rappelle que ce qui se joue en Syrie : la liquidation d’un véritable processus révolutionnaire.
Majd al-Dik est un jeune homme d’un milieu très populaire de la Ghouta orientale, aux portes de Damas. Il a 23 ans en 2011 quand les premières manifestations commencent en Syrie, dans la foulée des processus révolutionnaires tunisien, égyptien, barheini. C’est un parmi ces centaines de milliers de jeunes gens qui se sont politisés à vitesse accélérée, dans la confrontation à un appareil d’État dont la violence sanguinaire va devenir à la fois le seul rempart d’un régime politique haï et le seul ciment de cohésion de cet appareil.
Entre 2011 et juillet 2014, quand il quitte la Goutha pour tenter de continuer le combat sous une autre forme, Majd al-Dik décrit le quotidien de celles et ceux qui deviennent des « révolutionnaires », mais aussi de la population de la Goutha qui les soutient et partage leur combat. Les premières manifestations – dans un pays où toute tradition de contestation de rue du pouvoir avait été éradiquée par la répression depuis Assad père –, la violence inouïe et « barbare » de la répression de la police et de l’armée, le passage par la prison et la torture, et la montée de la violence d’État déclarant la guerre au peuple de la Goutha, un peuple bientôt encerclé et soumis au blocus puisque le régime ne pouvait plus le contrôler…
C’est dans ces conditions que les jeunes révolutionnaires ont dû faire preuve de trésors d’imagination et de solidarité pour à la fois documenter les réseaux sociaux pour tenter de faire connaître au monde la situation syrienne, mais aussi tout simplement organiser la vie dans des zones entières méthodiquement affamées par le pouvoir. Tandis qu’à Damas, le régime tentait de maintenir les apparences de sa « normalité », à quelques kilomètres, la Goutha orientale (comme d’autres zones libérées) vivait sous les bombardements. Les révolutionnaires devaient organiser des centres de soins, des centres de vie pour les enfants, sans eau, bien souvent sans électricité… C’est dans un tel contexte que sont aussi nées les milices armées de diverses obédiences avec lesquelles les révolutionnaires devaient aussi composer et qui, pour certaines sont devenues des adversaires à l’issue de processus qu’il décrit.
Un livre à lire et faire lire à touTEs celles et ceux qui s’intéressent à la situation en Syrie.
De Majd al-Dik avec Nathalie Bontemps. Edition Don Quichotte, 2016, 17,90 euros. Commander à La Brèche.
Source : NPA