Le weekend des 5 et 6 mars, à l’approche de la journée internationale des droits des femmes, la rue était aux femmes ! Le 5 mars à la manifestation féministe non-mixte et le 6 mars à la manifestation des Femmes Sans Papiers. Retour sur ces deux manifs complémentaires.
« A qui la rue ? A nous la rue ! » Le 5 mars, on ne pouvait ignorer la manifestation qui s’est déployée de la gare du Midi au parvis de Saint-Gilles : elle était en effet composée d’une centaine de participantes, uniquement des femmes (la manifestation était ouverte à toute personne ayant vécu ou vivant une oppression en tant que femme ou perçue comme telle). Contre les violences envers les femmes, et mettant l’accent sur le paternalisme, le déni des violences machistes, la culpabilisation et l’instrumentalisation du féminisme, cette manifestation, organisée pour la deuxième année consécutive à l’initiative de Feminisme Yeah, dégageait cette fois encore une énergie, une force particulières. Elle joue très certainement un rôle « d’empowerment » : se retrouver entre femmes et porter des messages communs rend plus fortes ; c’est dans des moments comme celui-là que s’élève la conscience de la dimension collective et politique des oppressions faites aux femmes.
Dans une ambiance dynamique, solidaire et inclusive, le cortège s’est arrêté à plusieurs endroits symboliques : tout d’abord devant l’hôtel Conrad, où une vingtaine de femmes esclaves au service d’une princesse des Emirats avaient été découvertes en 2008. C’est en entonnant l’hymne des femmes, au refrain de « Levons-nous, femmes esclaves, et brisons nos entraves » que nous avons dénoncé l’exploitation des femmes du monde entier. L’arrêt suivant a eu lieu au n°29 de la rue Blanche, devant cette maison qui abrita l’auto-organisation des femmes dans les années 70. C’est Nadine Plateau (l’une des fondatrices de l’Université des Femmes et de Sophia) qui nous a rappelé l’accueil de femmes chiliennes pendant la dictature, ou encore les cours de mécanique par et pour les femmes qui ont eu lieu dans ces murs. Une agora féministe s’est ensuite tenue place Morichar, permettant de faire entendre des réalités souvent ignorées ou taboues et de libérer la parole. C’est avec la perspective de lutter en permanence, au quotidien, que la manifestation s’est achevée en chanson au Parvis de Saint-Gilles. Notons que l’escorte de la police était particulièrement visible et oppressante (surtout lorsqu’il a été demandé aux participantes de marcher sur le trottoir, toute une partie du trajet!). Toujours d’actualité, résonnait dans la rue et dans les cœurs le slogan « Ne me libère pas, je m’en charge ! »
Organisée par le Comité des Femmes Sans Papiers et la Coordination des Sans Papiers de Belgique, la manifestation des Femmes Sans Papiers avait lieu le lendemain. Pourquoi deux manifestations de femmes distinctes ? Une manifestation commune avait été évoquée, mais l’importance de mettre en avant la situation des femmes sans papiers sans noyer leur message parmi d’autres revendications est vite apparue, tout comme la nécessité d’une manifestation non-mixte. En effet, la manifestation des Femmes Sans Papiers était quant à elle ouverte aux hommes, venus en nombre les soutenir. Ce sont environ 500 personnes qui ont marché, le dimanche 6 mars, dans les rues de Bruxelles pour la régularisation de toutes et tous les sans papiers, malgré le temps particulièrement infect. Un bloc femmes s’est créé au fil de la manif et a fini par prendre la tête du cortège, en chantant « Oh la la, Oh lé lé, solidarité avec les femmes sans papiers ! ». Un succès pour une manifestation qui a permis de visibiliser celles qui trop souvent sont maintenues dans l’ombre.