La isla mínima est beaucoup plus qu’un thriller policier avec un arrière-plan politique, qui est celui de l’Espagne pendant sa transition vers la démocratie. Il s’agit d’un film politique qui expose la violente répression de la résistance de la jeunesse contre la dictature de Franco des années 1970, et qui traite la problématique de la transition démocratique.
Deux inspecteurs de police madrilènes sont envoyés en Andalousie, au sud de l’Espagne, pour résoudre une affaire de viols et assassinats en série de jeunes filles. Le long du film, le plus jeune des deux inspecteurs découvre l’histoire de son aîné : Juan Robles (fictif) a travaillé pour la Brigada Politico-Social, un corps de police spécial de la dictature franquiste qui avait précisément pour objectif de traquer les mouvements sociaux et les opposants politiques. Alors que les deux hommes ont pour objectif de résoudre un cas de torture, viol et meurtre, on découvre que Robles était lui-même un tortionnaire notoire, qui avait aussi abattu une étudiante dans une manifestation. Cette enquête, située dans les années 1980, est d’abord l’histoire de la répression franquiste des années septante.
Le film témoigne également de la transition démocratique entamée en 1978. En premier lieu, Alberto Rodriguez critique le fait que l’appareil d’État, y compris ses ailes les plus répressives, n’a pas été purgé des Franquistes. D’autres aspects de la situation politique andalouse du début des années 1980 sont également soulevés: l’extrême pauvreté persistante dans les zones rurales, les grèves des travailleurs agricoles revendiquant des salaires plus élevés, le désir des jeunes de fuir la campagne… Ainsi il devient clair que la transition démocratique n’a pas apporté de progrès social pour les populations rurales d’Andalousie.
Même pour celleux qui n’ont pas envie de voir un film très politique, La isla mínima reste un must see. En roman policier, il réussit à planter le décor naturel magnifique des Marais du Guadalquivir, situés à l’embouchure du fleuve Guadalquivir, et où la riziculture est l’activité économique la plus importante. En outre, voir le film offre une bonne occasion de voir en action les acteurs espagnols Javier Gutiérrez et Raúl Arévalo dans une pellicule réalisée par Alberto Rodríguez (Les Sept Vierges, Groupe d’élite). La isla mínima a été largement appréciée pour ses qualités cinématographiques et a remporté dix Goyas (Oscars espagnols) en tant que meilleurs film, réalisateur, acteur, révélation, scénario, musique, image, montage, décors et costumes.
La isla mínima est sortie en Espagne en 2014 et a été projeté dans des salles belges jusque cette année. Actuellement le film est disponible sur DVD, avec des sous-titres français.