Vendredi 24 juin ne sera pas seulement une journée de grève contre la politique du gouvernement Michel-Jambon. C’est aussi ce jour-là qu’un jugement sera rendu dans l’affaire Tanguy Fourez contre Vandersmissen. Pour rappel, Tanguy Fourez est ce syndicaliste FGTB qui a blessé le commissaire Vandersmissen lors des échauffourées consécutives à la manifestation syndicale du 24 mai dernier. On se souvient que ces incidents avaient escamoté dans les médias l’information sur l’ampleur et le sens de la manifestation. Comme d’habitude. Car la mécanique est désormais bien huilée, en Belgique et ailleurs : friands de frissons et d’images fortes, les faiseurs d’opinion montent en épingle « les violences » (que la police, bien souvent, provoque délibérément), après quoi les politiques ont beau jeu de dénoncer « les casseurs ». Le procès de Tanguy Fourez escamotera-t-il vendredi l’information sur la grève organisée par la FGTB, la CNE et la CSC-Enseignement, et dans quelle mesure? On verra. En attendant, une chose est certaine : la protestation sociale ayant été amalgamée à « la violence », il va de soi que condamner celle-ci revient du même coup à condamner symboliquement celle-là. On peut estimer que Tanguy Fourez aurait mieux fait de s’abstenir. Mais, dans ce procès, les dés sont complètement pipés : non seulement la légitimité de la colère sociale, les provocations délibérées du commissaire Vandersmissen et sa complaisance pour les nazillons sont balayées sous le tapis, mais en plus le chef de la police peut se présenter comme l’innocente victime de mouvements sociaux violents. Certains, du coup, ont cru devoir danser comme les médias sifflent. Une trentaine de personnalités (syndicalistes, intellectuels, militants associatifs) appellent à ne pas tomber dans ce panneau car « A travers Tanguy Fourez, c’est le mouvement social qui est visé ». Leur déclaration a été publiée ce jour en Carte blanche sur le site du journal Le Soir. Nous la reproduisons ci-dessous. (LCR-Web)
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Mardi 24 mai, à la fin de la manifestation syndicale en front commun contre la politique du gouvernement Michel, des incidents ont éclaté entre des manifestants et les forces de l’ordre.
Des témoins ont dénoncé les provocations de la police, l’action violente des robocops et des policiers en civil ainsi que l’agressivité du commissaire Vandersmissen. De plus en plus nombreux sont ceux qui dénoncent l’acharnement de celui-ci contre les mouvements sociaux et sa complaisance à l’égard de l’extrême-droite.
Au cours des échauffourées, Tanguy Fourez a donné un coup de poing au commissaire Vandersmissen. Tanguy est un syndicaliste FGTB connu et apprécié de ses collègues de travail. Les images suggèrent qu’il a agi impulsivement, par indignation face aux agissements du commissaire. Cette interprétation est confirmée par les regrets qu’il a exprimés et par le fait qu’il n’a jamais eu affaire à la police auparavant.
Nous dénonçons le deux poids, deux mesures. Alors que les méfaits répressifs et violents du chef de la police se répètent et restent impunis, Tanguy Fourez, sali par les médias, risque une sévère peine de prison et une lourde sanction financière, demandée par le commissaire « pour l’exemple ».
Nous ne soutenons pas le geste malheureux de Tanguy Fourez. Mais c’est le mouvement social qui est visé à travers lui. Condamner Tanguy Fourez, c’est condamner la résistance du monde du travail à la politique d’austérité, détourner l’attention de ses causes et escamoter les provocations de la police. Nous ne l’acceptons pas.
Premiers signataires
Matéo Alaluf (sociologue ULB), Bruno Baudson (ex secrétaire national CNE), Carlo Briscolini (Secrétaire régional de la Centrale Générale FGTB Charleroi), Jenneke Christiaens (criminologue VUB), Francine Dekoninck (membre de la Commission Femmes CGSP-ALR Bruxelles), Mathieu Delaunoy (délégué CNE), Anne-Marie Delsaut (Formatrice syndicale retraitée), Tony Demonte (responsable syndical), Ida Dequeecker (féministe), Freddy Dewille (délégué principal CSC Transcom & conseiller communal), Josy Dubié (sénateur honoraire), Hassan Elka (pour la délégation FGTB Vache Bleue), Evie Embrechts (auteure féministe), Raoul Flies (syndicaliste FGTB), Serge Gutwirth (Professeur de droit), François Houart (comédien, SETCa-culture), Christiane Maigre (militante FGTB), Silvio Marra (ex délégué Forges de Clabecq), Freddy Mathieu (ex-secrétaire régional interprofessionnel FGTB Mons-Borinage), Herman Michiel (Ander Europa), Anne Morelli (historienne ULB), Christian Panier (avocat et juge honoraire), Irène Pêtre (retraitée, ex-secrétaire syndicale CNE), Daniel Piron (ex-secrétaire régional interprofessionnel de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut), Serge Poliart (Editeur du Journal satirique « El Batia-Moûrt-Soû »), Sergio Ravicini (Vice-Président wallon des Pensionnés et Prépensionnés de la FGTB), Daniel Richard (syndicaliste wallon), Giusi Sedda (déléguée CNE), Isabelle Stengers (philosophe ULB), Daniel Tanuro (auteur écosocialiste), Isabelle Vanden Berghe (Jeunes FGTB), Guy Van Sinoy (pensionné, ex-délégué CGSP-AMIO et CG), Yiorgos Vassalos (membre Initiative de Solidarité avec la Grèce), Christian Viroux (ex secrétaire Centrale Générale FGTB Charleroi), Isabelle Wanschoor (secrétaire principale CNE Hainaut).
Pour appuyer cet appel : envoyez un mail à soutien.tanguy@gmail.com avec en objet « je signe ». Merci de mentionner à quel titre vous signez.
http://plus.lesoir.be/46914/article/2016-06-22/travers-tanguy-fourez-cest-le-mouvement-social-qui-est-vise