Personne n’a cherché à cacher son soulagement à la signature des accords de fin de grève des mineurs commencée il y a cinq mois. Un conflit marqué par l’incontestable détermination des travailleurs et de leur syndicat AMCU, qui n’a jamais faibli, malgré les pressions économiques et politiques dont ils ont fait l’objet de la part du gouvernement et du patronat minier.
Du côté des travailleurs, l’annonce de l’accord a été ponctuée d’un concert de slogans sur fond – dans la tradition des luttes ouvrières sud-africaines – de chants et de danses. Un soulagement moins bruyant mais tout aussi visible du côté des représentants des trois compagnies minières impliquées dans le conflit : Lonmin, Implats et Impala.
À la base de cette grève, l’adoption d’un salaire minimum d’un montant de 12 500 rands (850 euros). Les derniers achoppements de la négociation portaient sur l’échéancier : cinq ans demandait le patronat, trois ans exigeait AMCU. Là encore l’obstination des négociateurs syndicaux ainsi que l’urgence pour la Chambre des mines de sortir de la crise a eu raison des derniers blocages. Le rattrapage se fera donc sur trois ans au terme desquels le plus bas salaire des mineurs de fond atteindra l’objectif des 12 500 rands, l’augmentation sera de 20 % dès la première année, 8 % pour les salaires intermédiaires.
En revanche, AMCU n’a pas obtenu le paiement des mois de grève. Des arrangements ont été passés sur des aides à la carte, la prise en charge des transports pour se rendre à la mine et surtout sur des allocations logement, de santé et d’éducation pour les familles des mineurs : fixe pour les trois prochaines années pour Impala, indexées sur l’inflation pour Lomnin et Implats.
Quels enseignements ?
Un des plus importants a été de faire admettre le principe du « salaire minimum » jamais reconnu par le patronat dans son ensemble. Un élément de première importance au milieu de la traditionnelle période de négociation sociale annuelle en juin et juillet.
Côté patronal, cette grève s’inscrit dans une période de renégociation des droits d’exploitation miniers et d’un débat sur la mécanisation du travail au fond. Elle a montré la fragilité et l’instabilité paradoxale du premier secteur productif de l’économie sud-africaine.
Cette grève bouscule également les hiérarchies du gouvernement et des milieux patronaux – Noirs ou Blancs, ante ou post apartheid – qui n’ont jamais donné une priorité visible aux revendications ouvrières. Pour Mathunjwa, le dirigeant de Amcu, « cette grève représente une étape essentielle dans la transformation économique du pays ». Elle marque, en tout cas, un point – et une menace – sur la place des travailleurs dans le débat pour un nouveau plan de développement (NDP) impulsé par le gouvernement et qui confirme ses options libérales.
Enfin, sur le plan politique, le soutien sans ambiguïté apporté par le nouveau parti Economic Freedom party (EFF) et le syndicat des métallurgistes Numsa, tous deux en opposition déclarée à l’ANC, amplifie le recul politique du parti de Nelson Mandela lors du denier scrutin de mai dernier.
Source : NPA