Selon les autorités chinoises la province de Xinjiang, aussi connue comme le Turkestan Oriental, comptait en 2014 non moins que 181 groupes terroristes, qui ont d’ailleurs été arrêtés. Puisqu’il s’agit de la région autonome ouïgoure, un peuple de langue turcique et de culture islamique, il ne peut que s’agir, selon le pouvoir, de terroristes islamistes. En Chine, toute nationalité minoritaire qui résiste à la domination Han est vite rangée sous l’étiquette terroriste. Les minoritaires qui appellent à plus de libertés sont vilipendés comme des « séparatistes » qui sapent l’unité Chinoise et portent donc atteinte à la sécurité de l’État. Ce sont des traitres et des ennemis.
La région connaît certainement de la violence. Mais il n’est pas clair qui en porte la responsabilité. Pékin accuse le Mouvement Islamiste du Turkestan Oriental ou le Parti Islamique du Turkestan, mais ont peut se poser la question si ces organisations, pour autant qu’elles existent, ont la capacité de sévir. Que le djihadisme n’est pas tout à fait étranger à la violence s’est confirmé par l’attaque contre un marché à Urumqi le 22 mai 2014 qui a fait 39 morts. Ce qui par contre est certain, c’est que les Ouïgours subissent une répression politique et religieuse, que les déplacements des personnes sont contrôlés, que les autorités précipitent les départs des minorités musulmanes et que certaines actions répressives sont étouffées par la censure, ainsi la mort de 59 Ouïgours le 28 juillet 2014 à Yarkand (Le Monde du 26 mars 2015). Le résultat : les Ouïgours fuient le pays en masse. De l’Europe à la Thaïlande en passant par la Turquie le problème des réfugiés s’empire de jour en jour, pas spécialement pour les gouvernements concernés (qui refusent de le prendre en charge comme il se doit humainement), mais pour les refugiés eux-mêmes.
Au lieu de se poser la question sur les raisons de l’exode, provoqué partiellement par l’absence de critique contre la répression des minorités (la Chine est un bon client) et encore plus par les agissements militaires déstabilisantes des dernières années au nom de l’intervention humanitaire dans le monde musulman, on préfère parler de la guerre des civilisations (Sarkozy et Cie), de renforcer les mesures anti-terroristes (la droite et la droite de gauche) et de combattre le « fondamentalisme », c’est-à-dire la religion islamique car celle-ci est, aux yeux des chrétiens qui prétendent partager un culte tolérant et égalitaire qui est à la base de « notre » civilisation démocratique. Tout ça, ce sont des mots, mais des mots avec une portée dangereuse et, on l’a dit, liberticide.
Prenons d’abord la fameuse « guerre des civilisations ». L’emploi du mot guerre implique logiquement une guerre réelle, et dans ce cas-ci une guerre des « civilisés » contre ceux qui le sont moins ou pas du tout. L’ennemi n’est donc pas humain dans le sens que les « civilisés » y attachent : ainsi tout ou presque est permis contre les ennemis déshumanisés. On a vu les résultats de cette idéologie dans les guerres coloniales et pendant la 2e guerre mondiale. Et où va-t-on mener cette guerre ? Au sein de l’Europe où les ennemis de « notre » civilisation on trouvé un havre ? Et avec quels moyens ? Ceux que la République française a employés pendant la guerre d’Algérie ?
Comment combattre le « fondamentalisme », un terme des plus ambigus ? Les jeunes qui partent pour le «djihad », sont-ils motivés par une certaine interprétation de l’islam, ou plutôt par le goût de l’aventure dans un monde terne, où ils n’ont pas de boulot, où ils sont humiliés par une police à la recherche du faciès, où ils subissent un racisme dans ses différents aspects ? Va-t-on les convaincre dans cette situation avec le blabla sur les valeurs constitutionnelles, républicaines, démocratiques, humanistes ?
Quant au renforcement des mesures anti-terroristes, je ne vois qu’une seule solution : des camps de concentration où l’on parque tous ceux (et celles) qui un jour ou l’autre on montré des tendances extrémistes. Cela concernera d’abord les musulmans. Puis ce sera le tour à ceux qui ont des vues extrémistes sur la question sociales, et puis… Déjà on criminalise les militants syndicaux et les mouvements sociaux alternatifs.
Le président chinois Xi Jinping a déclaré que l’on doit réduire les terroristes à « des rats courants à travers les rues tandis que tout le monde crie tuez-les ! ». C’est un appel au lynchage. Il faut empêcher cette réponse non moins barbare que le terrorisme.
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