C’est sous ce mot d’ordre que près de 6000 manifestants ont décidé d’encercler le nouveau bâtiment de la BCE dès 7h du matin le 18 mars dernier. Alors que Draghi, Trichet… avaient l’intention d’inaugurer la nouvelle BCE, la coalition Blockupy Francfort a organisé la riposte.
A l’heure où les peuples d’Europe subissent l’austérité, où les dirigeants européens cherchent à faire plier le gouvernement Syriza en Grèce, s’opposer à la BCE semblait être une évidence pour tous les manifestants.
Bloquons la BCE !
C’est donc dans un quartier des affaires en état de siège (près de 10 000 policiers déployés), que les activistes ont bloqué les alentours de la BCE, obligeant ainsi les invités à s’y rendre en hélicoptère ! La sévère répression a ainsi été insuffisante, malgré de nombreux blessés parmi les manifestants, aux alentours de 200 selon le collectif organisateur Blockupy. Si les points de blocages n’ont pu tenir, les rues alentours ont été le théâtre de nombreuses manifestations spontanées et incontrôlables pour les autorités. Alors que d’autres ont décidé de vandaliser les banques, supermarchés, hôtels de luxe… alentours. Une vidéo montre l’attaque d’un commissariat par des blacks blocks, mais aussi une police totalement passive devant ces actes, ce qui empêche d’écarter la piste d’agents provocateurs parmi les casseurs… En tous cas, le ministre hessois de l’intérieur a pu montrer les images qu’il espérait : des voitures de police brûlées. Par de nombreux tweets, la police de Francfort a cherché à dissuader les manifestants de venir.
Nous avons atteint notre objectif : les cérémonies et le travail de la BCE ont été atteints, et « ce n’était pas une journée normale pour Francfort », selon les mots d’un des portes-paroles du collectif. Même Draghi a été obligé d’évoquer ses opposants, les trouvant « injustes »…
« Vous êtes les vrais vandales, et votre terrain de jeu est la planète toute entière »
C’est par ces mots que Naomi Klein a conclu son intervention au meeting, en réponse aux accusations des autorités de Francfort qui pointaient du doigt les manifestants, les décrivant comme des casseurs.
La pertinence de maintenir cette coalition avait été posée, mais la victoire de Syriza, l’émergence de Podemos ont soulevé des espoirs importants pour tous ceux qui rejettent l’austérité. Un meeting européen, en début d’après-midi, a réuni des représentants des mouvements sociaux de toute l’Europe, rassemblés dans leur refus de l’austérité, le refus de payer la crise, accompagnés par des militants altermondialistes d’autres continents. Ce meeting a permis de pointer le double enjeu, les principales raisons qui nous ont amenés à manifester, le rejet des politiques actuelles de l’UE et la solidarité internationale, notamment avec la Grèce.
Une nouvelle génération, des étapes à franchir
Une manifestation rassemblant près de 25000 personnes a ensuite eu lieu, composée d’une foule jeune et dynamique, surtout des Allemands. Tout le spectre de la gauche radicale y était représenté, d’Attac aux groupes libertaires en passant par des partis comme die Linke ou d’autres organisations anticapitalistes. Les syndicats étaient néanmoins peu mobilisés, même si une petite délégation de Solidaires et une autre de la FIOM (syndicat italien) étaient présentes.
Cette sous-représentation pose de nombreux problèmes au moment où les attaques contre le droit de grève, contre les droits sociaux sont coordonnées par les dirigeants européens, les organisations de travailleurs sont incapables d’organiser et de coordonner la résistance à l’échelle de l’Union européenne. Il reste donc des paliers qualitatifs et quantitatifs à franchir pour le mouvement, afin qu’il dépasse les cadres habituels de la gauche radicale.
Cette coalition peut, d’une part, donner naissance à une nouvelle génération militante qui rejette Merkel, le SPD et leurs politiques ; d’autre part, aider à l’européanisation des luttes.
Correspondant
Source : NPA