Comme prédit, la Grande Coalition des chrétiens-conservateurs (la CDU et la CSU, son homologue en Bavière) avec le SPD social-démocrate comme partenaire junior s’est réalisée. 80% des députés au Bundestag soutiennent le nouveau gouvernement avec l’ancienne et nouvelle chancelière Angela Merkel en tête. On ne peut qu’espérer que le parti Die Linke, de justesse première force de l’opposition parlementaire, prend cette situation comme une chance pour développer au maximum l’opposition extra-parlementaire.
Dès le début, un des problèmes politiques clé, le tournant énergétique, s’est avéré conflictuel – car la Commission de l’UE s’en prend à la loi des énergies renouvelables (Erneuerbare-Energien-Gesetz) allemande. En effet, en vertu de cette loi, 1700 firmes sont actuellement dispensé à payer pour le tounant énergétique en profitant de prix bas. En 2014 se seront déjà 2700 firmes qui épargneront le payement de quelques cinq milliards d’Euro ! C’est en contradiction avec des conditions de compétition équitable, dit la commission de l’UE. Mais surtout, c’est très injuste : Ce sont les ménages privés qui paient la recette, et non l’industrie, donc les gros consommateurs d’énergie.
La récation de Sigmar Gabriel, chef de file du SPD et maintenant ministre du ressort de l’économie et de l’énergie et numéro 2 du gouvernement fédéral après la chancelière Angela Merkel, aux critiques de Bruxelle montre bien que le nouveau rôle joué prime sur tous les autres motifs : Il a déclaré qu’il va défendre les intérêts de l’industrie allemande coute que coute! Ni le problème de l’injustice sociale, ni le caractère écologiquement totalement contre-productif de l’essor de la production d’énergie en brûlant du charbon et la fabrication d’énergie pseudo-« verte » par des installations éoliennes gigantesquess dans la Mer du Nord au lieu de décentraliser et de démocratiser la production énergétique sont dans son agenda. Il faudra donc relancer le mouvement écologique et mobiliser pour un tournant énergétique vraiment écologique et en même temps socialement équitable.
Pour le salaire minimum, ce n’est pas une surprise que les fractions parlementaires conservatricess, soutenu par les lobbys patronales, s’efforcent à implanter une série d’exceptions durables, même au-delà de 2017, p.ex. pour les stagiaires. Sur ce domaine aussi donc, la partie et loin d’être jouée. Il faudra une mobilisation des concernés et du mouvement syndical pour imposer le salaire minimum de 8,50 pour toutes et tous, tout en militant pour un minimum plus haut garantissant des pensions au-delà du niveau de la misère. Il faudra lier ce problème avec une lutte pan-européenne pour un salaire minimum suffisant partout et pour des minimas sociaux permettant une vie décente et une participation à la vie sociale, culturelle et politique.
Le grand scandale des premières semaines de la nouvelle coalition gouvernementale, c’est le hurlement de Horst Seehofer et de sa CSU à « l’invasion des systèmes sociaux allemands par les roumains et les bulgares » vu la nouvelle liberté de circulation. Si c’est vrai, qu’il y a de vrais problèmes – p.ex. les finances de communes déjà surchargés, mais on pourrait résoudre ces problèmes par une autre répartition des recettes fiscales –, cette rhétorique ressemble bien à celle de l’AfD populiste de droite et des néo-nazis. La mobilisation antifasciste n’aura pas seulement à s’en prendre aux Nazis, mais aussi aux politiciens bourgeois qui leurs font la courte échelle…
Manuel Kellner, le 5 janvier 2014
Manuel Kellner est membre de la coordination de la isl, une des deux fractions publiques de la IVème Internationale en Allemagne et rédacteur su SoZ/Sozialistische Zeitung.
Article pour les publications et sites de la LCR/SAP en Belgique ainsi que pour la presse de la IVème Internationale