Depuis le mois de mai 2014, dossiers de presse, émissions spéciales de télé et commémoration diverses se succèdent pour évoquer le 100e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Et cela ne fait que commencer ! Il y a gros à parier que la plupart de ces manifestations seront organisées dans un esprit patriotard et chauvin. Les émissions diffusées sur les chaînes belges évoquent « la petite Belgique neutre forcée de se défendre face à la violation de sa neutralité ». Nous allons, à travers ce dossier paru dans le journal La Gauche, tenter de nous dégager de ce bourbier patriotique et rappeler les véritables causes de cette guerre, les tragédies qu’elle a provoquées, les trahisons dans le camp du mouvement ouvrier et le courage de la petite minorité internationaliste qui, au sein du mouvement ouvrier, a lutté contre cette guerre impérialiste (LCR web).
Le monde en 1914
En 1914, l’Europe domine le monde : économiquement, commercialement et politiquement. La Grande-Bretagne, berceau du capitalisme, est la plus grande puissance impérialiste mondiale. La Grande-Bretagne et la France dominent un immense empire colonial, essentiellement en Afrique et en Asie. L’Allemagne, qui a connu un développement capitaliste plus tardivement, rattrape ses concurrents, mais elle dispose de peu de colonies car elle est arrivée trop tard pour participer avec fruit au pillage colonial. Les gouvernements entretiennent un nationalisme exacerbé renforçant le racisme qui a présidé le colonialisme. L’impérialisme allemand a besoin d’élargir son espace pour conquérir de nouveaux marchés et la guerre, qui est la continuation de la politique par d’autres moyens, semble à la bourgeoisie allemande une solution de « moindre mal ». Le 1er août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. Le lendemain, elle adresse un ultimatum à la Belgique pour laisser le libre passage de ses troupes vers la France.
En 1916, Lénine décrira dans une brochure (L’impérialisme, stade suprême du capitalisme) les principaux caractères de l’impérialisme : concentration de la production, rôle des monopoles, rôle central du capitalisme financier, exportation de capitaux, partage du monde entre les principaux groupes capitalistes et les grandes puissances.
Voilà les véritables causes de ce premier grand conflit mondial. Évidemment, les livres d’histoire fourmillent d’anecdotes, de récits abondamment imagés et de faits soudains censés provoquer de grands cataclysmes. La conquête coloniale de l’Algérie par l’armée française aurait été la conséquence d’un coup d’éventail du Dey d’Alger sur le Consul de France. De même la Première Guerre Mondial aurait résulté de l’assassinat de l’héritier du trône de l’Empire austro-hongrois, François-Ferdinand, par un nationaliste serbe à Sarajevo. Raisonner de la sorte, c’est confondre l’étincelle avec l’explosion. L’étincelle a certes eu lieu, mais elle n’a pu provoquer une explosion destructrice que parce que des matériaux hautement explosifs avaient été accumulés en grande quantité. Et ces matériaux explosifs, ce sont les contradictions du capitalisme qui s’est développé de façon anarchique.
Le mouvement ouvrier en 1914
Berceau du capitalisme, l’Europe a par conséquent été le berceau du mouvement ouvrier. Là où les usines sortent de terre et concentrent des masses d’ouvriers surexploités, la résistance s’organise malgré la répression et les grands partis ouvriers apparaissent en Europe de l’Ouest à la fin du 19e siècle. Ces partis fondent la Deuxième Internationale en 1899 (la Première Internationale a été dissoute après l’échec de la Commune de Paris). En 1911, la Deuxième Internationale, appelée Internationale Ouvrière, a des sections dans plus de 20 pays et regroupe près de 3 millions de membres.
Au congrès international de Bâle en 1912 un manifeste, qui met les peuples en garde contre le danger imminent de guerre impérialiste et qui appelle les socialistes de tous les pays à lutter énergiquement pour la paix, est adopté à l’unanimité. Ce manifeste reprend, en les atténuant, les thèses défendues par Lénine au congrès de Stuttgart de 1907 et qui appelait à la transformation de la guerre impérialiste en lutte pour le renversement du capitaliste. Mais l’unanimité du congrès de Bâle est une façade et masque un abîme entre d’une part l’aile opportuniste et réformiste qui a gangrené bon nombre de partis (Bernstein en Allemagne, Millerand en France) et l’aile révolutionnaire (Lénine en Russie, Rosa Luxemburg en Allemagne). Ainsi, le manifeste de Bâle ne cite pas la grève générale comme moyen de lute contre la guerre car il y a désaccord sur ce point.
Le siège de l’Internationale est situé à Bruxelles, dans les locaux de la Maison du Peuple construite par Horta, près de la Place de la Chapelle. « Émile Vandervelde était le personnage le plus insignifiant du groupe dirigeant de l’Internationale. Il n’en était le président que parce qu’il avait été impossible d’élire un Allemand ou un Français. »[1]. Une réunion du Bureau de l’Internationale socialiste se tient à Bruxelles les 29 et 30 juillet 1914. Elle ne perçoit pas l’imminence de la guerre et se contente de recommandations verbeuses : « A l’unanimité, le Bureau fait une recommandation aux prolétaires de toutes les nations intéressées, non seulement de poursuivre, mais encore d’intensifier leurs démonstrations contre la guerre. ». Le 29 juillet au soir, au meeting contre la guerre au Cirque Royal, Jean Jaurès (France), Pablo Iglesias (PSOE) et quelques orateurs de moindre envergure prennent la parole. Rosa Luxemburg est dans la salle, mais elle ne peut prendre la parole. Le lendemain, Jaurès rentre à Paris où il se fait assassiner.
La social-démocratie allemande en 1914
En 40 ans, malgré les persécutions et les poursuites, les sociaux-démocrates allemands sont parvenus à organiser la classe ouvrière dans tous les domaines, en vue de l’action politique sous toutes ses formes, mais aussi sur le plan de ses revendications immédiates, de l’organisation de ses loisirs, de son éducation et de sa culture. En 1914, le SPD compte plus d’un million de membres. Ses candidats aux élections législatives de 1912 ont remporté plus de 4.250.000 voix. Il compte 110 députés au Reichstag, 220 députés dans les différents Landtag et 2.886 élus municipaux. Il est à la tête d’un immense appareil : 90 journaux quotidiens, plus de 250 journalistes permanents, 3.000 ouvriers et employés, gérants, directeurs commerciaux, représentants[2]. Le SPD possède certes des personnalités brillantes (Karl Liebknecht, Franz Mehring, Clara Zetkin, Rosa Luxemburg) mais celles-ci sont relativement marginales dans le parti et ne pèsent pas sur les leviers du pouvoir.
Coup de tonnerre le 3 août 1914 lors de la réunion de la fraction social-démocrate ; 78 députés contre 14 se prononcent pour le vote des crédits de guerre. Le lendemain, au Reichstag, l’ensemble des députés SPD votent les crédits de guerre, y compris la minorité par discipline de parti. C’est une véritable trahison des résolutions internationalistes. Lorsqu’il apprend avec stupeur et incrédulité la nouvelle du ralliement des socialistes allemands à l’Union sacrée, Lénine, qui se trouve en exil, croit d’abord à une fausse nouvelle de journalistes. De leur côté, Friedrich Ebert, président du SPD, et Otto Braun se rendent en Suisse non pas pour y rencontrer Lénine et les internationalistes adversaires de l’Union sacrée mais pour y mettre à l’abri la caisse-or du SPD !
La social-démocratie allemande opère un tournant à droite et passe un accord avec le patronat pour prolonger les conventions collectives durant toute la durée du conflit. Les manifestations et grèves sont interdites. La direction syndicale met toute activité oppositionnelle de côté et se range aux côté de l’État en guerre. L’argument idéologique clé de la direction du SPD pour justifier son tournant social-impérialiste, c’est la barbarie du tsarisme russe.
La capitulation des dirigeants du POB
En Belgique, la situation n’est guerre meilleure. Il suffit de parcourir les premières pages du quotidien Le Peuple pour s’en rendre compte. Le mercredi 29 juillet 1914, le Peuple titre : « Contre la Guerre ! Tous au Cirque Royal ! ». Le mardi 4 août, il titre « Préparons-nous à nous défendre !! ». Que s’est-il passé entre-temps ?
« Le 4 août 1914, au premier matin, comme j’étais venu aux nouvelles chez M. de Brocqueville, Ministre de la Guerre et Chef de Cabinet (comme on disait alors*), l’on m’apprit que les avant-gardes allemandes venaient de passer la frontière. A ce moment, un journaliste anversois s’approcha de moi et me dit : ‘Vous allez être nommé Ministre d’État ». Je haussai, fort incrédulement les épaules, tant la nouvelle semblait peu vraisemblable, étant données les relations antérieures des socialistes avec le monde gouvernemental. Une heure après, cependant, au cours de la séance extraordinaire du Parlement, M. de Brocqueville vint à mon banc et me dit : ‘Vandervelde, nous venons de vous nommer Ministre d’État. Cela ne se refuse point. ‘ Puis, sans attendre ma réponse, il monta à la tribune et donna lecture de l’arrêté royal de nomination. Une fois la lecture terminée, des applaudissements unanimes éclatèrent. Je répondis : ‘Je n’ai qu’un mot à dire, Monsieur le Président ! J’accepte !’ »[3]
Ainsi, en une heure de temps, Vandervelde acceptait de devenir ministre d’État et de soutenir la guerre,… sans même avoir eu le temps de réunir le Bureau du POB et de le consulter.
Une vague de chauvinisme balaie les capitales
Une frénésie patriotique s’empare de la population. A Paris se déroulent des manifestations spontanées au cri de «A Berlin!. A Berlin se déroulent de semblables cortèges au cri de Nach Paris ! Léon Trotsky se trouve à Vienne en début août 1914, en tant que citoyen de nationalité russe il va se faire expulser. Il a juste le temps de témoigner :
« L’élan patriotique des masses en Autriche-Hongrie fut, de tous, le plus inattendu. Qu’est-ce qui pouvait bien pousser l’ouvrier cordonnier de Vienne, Pospezil, moitié Allemand, moitié Tchèque, ou notre marchande de légumes, Frau Maresch, ou le cocher Frankl, à manifester devant le ministère de la Guerre ? Une idée nationale ? Laquelle? L’Autriche-Hongrie était la négation même de l’idée de nationalité. (,,,) La guerre s’emparait de tous, et, par suite, les opprimés, ceux que la vie a trompés, se sentent alors comme à un niveau d’égalité avec les riches et les puissants. »[4]
Au moment de la déclaration de guerre, Lénine se trouve en Galicie, une région située entre la Pologne et l’Ukraine. Il doit se réfugier en Suisse. A peine arrivé à Berne, il réunit le groupe bolchevik local et soumet au vote une résolution[5] qui condamne fermement la trahison de la social-démocratie :
– la guerre mondiale présente toutes les caractéristiques d’une guerre impérialiste ;
– l’attitude des chefs du SPD, le plus fort et le plus influent parti de la IIe Internationale, est une trahison pure et simple ;
– l’attitude des chefs sociaux-démocrates belges et français ne vaut guère mieux ;
– la trahison du socialisme par les chefs de la IIe Internationale signifie la faillite idéologique et politique de cette dernière ;
– La social-démocratie de Russie a pour tâche essentielle et primordiale de mener un combat impitoyable contre le chauvinisme grand-russe et monarcho-tsariste, et contre les sophismes qu’invoquent pour le défendre les libéraux, les cadets, une partie des populistes et les autres partis bourgeois. Du point de vue de la classe ouvrière et des masses laborieuses des peuples de Russie, le moindre mal serait la défaite de la monarchie tsariste.
– Les mots d’ordre de la social-démocratie doivent être actuellement : vaste propagande, dans l’armée comme sur le théâtre des opérations, en faveur de la révolution socialiste et de la nécessité de tourner les armes non pas contre ses frères, les esclaves salariés des autres pays, mais contre les gouvernements et les partis réactionnaires et bourgeois de tous les pays. Nécessité absolue d’organiser des cellules et des groupes illégaux dans les armées de toutes les nations afin d’y mener cette propagande dans toutes les langues. Lutte impitoyable contre le chauvinisme et le « patriotisme » des petits bourgeois et des bourgeois de tous les pays, sans exception.
Une tuerie industrielle
Le développement capitaliste permet désormais la production massive d’armes modernes infiniment plus destructrices que celles utilisée au moment de la guerre franco-prussienne de 1870. Cette « modernisation » de la guerre bouleverse la stratégie et la tactique militaire. Considérée jusqu’alors comme l’élément offensif des forces armées, la cavalerie se révèle vulnérable face à l’artillerie, aux armes lourdes et surtout face aux mitrailleuses. Les chevaux serviront désormais à tirer les canons.
Les fusils ont une puissance et une rapidité de tir supérieures aux fusils du 19e siècle. Les armes automatiques font leur apparition (mitrailleuse, fusil-mitrailleur), de même que les mines, les gaz de combat, les tanks, l’aviation, les sous-marins, l’artillerie lourde, les lance-flammes. La guerre de 1914 sera particulièrement meurtrière, ce qui la rend singulièrement terrifiante. Il est difficile d’imaginer aujourd’hui quel pouvait être le niveau d’horreur et le degré de torture psychologique que des millions de soldats vont subir pendant quatre ans.
« Le 8 novembre 1914, à huit heures du matin nous arrivâmes au terme de notre voyage par voie ferrée, en provenance de Narbonne. La gare où nous débarquâmes par une ironie du sort s’appelait Barlin. Sur les wagons de notre train entre autres inscriptions on lisait écrit à la crie : ‘Mort à Guillaume ! À Berlin !’. Hélas c’était presque à Berlin que nous arrivions, à une lettre près et à un millier de kilomètres loin. Ce fut à Barlin où j’entendis pour la première fois le bruit du canon du front, je tournai la tête de ce côté, comme instinctivement une bête se tourne du côté où elle flaire un danger. (,,,)
On nous conduisit dans la salle de l’école où l’on s’endormit aussitôt sur un peu de paille humide ; dans la nuit nous fûmes réveillés en sursaut par des détonations proches qui ébranlèrent l’école. Nous fûmes épouvantés d’entendre un tel fracas. Il n’y avait cependant pas de quoi. C’était une batterie de 75 qui la nuit venait près de l’école sur la place tirer quelques obus. Terrifiés, certains s’enfuirent dans la nuit noire, d’autres en rampant se faufilèrent sous les bancs et les tables empilés sur un côté de la salle. Le jour nous apparut comme une délivrance, comme la fin d’un cauchemar. Dans la matinée on nous affecta aux compagnies et nous montèrent en première ligne. (,,,)
Nous arrivâmes aux confins de la civilisation, à deux kilomètres les homes étaient replongés vingt siècles en arrière au milieu de la barbarie qui régnait en ces temps reculés. L’esprit abîmé par ces pensées, j’allais retourner sur mes pas lorsque je vis arriver venant des lignes trois habitants des tranchées. Je les regardai avec effroi ; ils étaient couverts de boue de la pointe de leurs souliers à la calotte de leur képi, comme s’ils venaient de traverser un lac de vase. Leurs mains, leur visage, moustaches, cils, cheveux étaient également couverts de boue visqueuse. Mais voilà qui est bizarre, ces trois revenants de l’âge des cavernes me font des signes ! Ils m’appellent par mon nom. Je suis stupéfait, ils me serrent les mains, m’embrassent. Alors seulement je reconnais trois camarades : Gabriel Gils, François Maizonnave et Louis Jordy. Ils étaient partis de Narbonne cinq jours à peine avant moi, et déjà ils étaient méconnaissables ! dans un tel état ! »[6]
En août 1914, personne ne pouvait imaginer que la guerre allait durer plus de quatre ans et faire des dizaines de millions de victimes. Au total la Première Guerre Mondiale a fait 18.600.000 morts (9.700 millions de soldats, 8.900.000 millions de civils) et 21.300.000 blessés militaires.
Sur le front russe
« La participation de la Russie à la guerre comportait des contradictions dans les motifs et dans les buts. La lutte sanglante avait pour objet une domination mondiale. En ce sens, elle dépassait les possibilités de la Russie. (,,,) En même temps, la Russie, en qualité de grande puissance, ne pouvait s’abstenir de participer à la mêlée des pays capitalistes plus avancés. (,,,) L’Inde, en fait et dans la forme, a participé à la guerre en tant que colonie de l’Angleterre. Son intervention était en réalité l’intervention d’un esclave dans une rixe entre maîtres. La participation de la Russie à la guerre avait un caractère mal défini, intermédiaire entre la participation de la France et celle de l’Inde. La Russie payait ainsi le droit d’être l’alliée de pays avancés, d’importer des capitaux et d’en verser les intérêts, c’est-à-dire, en somme, le droit d’être une colonie privilégiée de ses alliés ; mais en même temps, elle acquérait le droit d’opprimer la Turquie, la Perse, la Galicie, et en général les pays plus faibles, plus arriérés qu’elle-même. L’impérialisme équivoque de la bourgeoisie russe avait, au fond, le caractère d’une agence au service de plus grandes puissances mondiales. »[7]
‘Dans la mythologie nationaliste, l’armée russe était réputée invincible. En réalité, cette armée ne constituait pas une force sérieuse contre une armée moderne. (,,,) La demi-abolition du servage et l’institution du service militaire obligatoire modernisèrent l’armée russe tout autant que le pays – autrement dit, introduisirent dans l’armée tous les antagonismes d’une nation qui avait encore à faire sa révolution bourgeoise.(…) Dans le corps des officiers se manifestaient l’ignorance crasse, la paresse et la fourberie des classes dominantes. L’industrie et les transports se montraient incapables de faire face aux exigences concentrées du temps de guerre. Au premier jour des hostilités, les troupes se trouvèrent bientôt dépourvues non seulement d’armes, mais même de bottes. A ‘égard des fournitures de guerre et des finances, la Russie se trouva du premier coup dans une dépendance servile devant ses alliés.[8]
La seule chose à laquelle les généraux russes s’entendaient largement, c’était de se procurer de la chair à canon dans le pays. On économisa beaucoup plus sur le bœuf et le porc. (…) Environ 16 millions d’hommes furent mobilisés. Si pour le front, cette masse humaine fut une valeur illusoire, elle fut, à l’arrière, un facteur très actif e désarroi. Il y eut environ 5.500.000 victimes, morts, blessés et prisonniers. Le nombre des déserteurs augmenta. (…)[9]
Les éléments révolutionnaires, disséminés au début, s’étaient noyés dans l’armée sans laisser presque aucune trace. Mais, à mesure que s’affirmait le mécontentement général, ils remontèrent à la surface. Quand on expédia au front, par mesure disciplinaire, les ouvriers qui s’étaient mis en grève, les rangs des agitateurs s’en trouvèrent renforcés, et les mouvements de recul de l’armée disposèrent en leur faveur des auditoires. »[10]
La guerre et la révolution
La Première Guerre Mondiale enfantera deux révolutions en Russie, celle de Février 1917 et celle d’Octobre 1917. En Allemagne, elle aboutira à une révolution, en novembre 1918, qui mettra fin à la guerre et chassera l’empereur. Mais en 1914, ces perspectives révolutionnaires apparaissaient comme lointaines et illusoires. Car pendant des années, la boucherie impérialiste allait continuer.
[1] Ma Vie, Léon Trotsky, Ed. NRF Gallimard, Paris, 1953, p, 293.
[2] Révolution en Allemagne, Pierre Broué, Ed. De Minuit, Paris, 1971, p. 25-26.
[3] Souvenirs d’un militant socialiste, Émile Vandervelde, Ed. Denoël, Paris, 1939, p, 178.
[4] Ma Vie, Léon Trotsky, p.242-243.
[5] Les tâches de la social-démocratie révolutionnaire dans la guerre européenne, Lénine, Œuvres complètes, Moscou, 1960, t21, p.9.
[6] Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Louis Barthas, Ed. Maspero, Paris 1979, pp 41-43.
[7] Histoire de la Révolution russe, Léon Trotsky, Ed. Seuil, 1967, t1. p. 53.
[8] Ibid. p.55.
[9] Ibid. p. 56.
[10] Ibid. p. 58.