Emad Burnat (Palestine), co-réalisateur du film « 5 caméras brisées », a demandé et obtenu gain de cause pour que son film ne soit pas présenté en avant-goût du festival « Israël Autrement » organisé par Vidéographies à Liège les 25 et 26 mars prochain. Il est en effet inacceptable qu’un film soit utilisé à des fins de propagande visant à donner une « bonne » image de l’Etat d’Israël, « démocratique », « ouvert » à la critique et à la collaboration artistique avec la Palestine… Israël n’est pas un Etat comme un autre. Il est regrettable que Vidéographies se mette au service de la propagande israélienne. Par son geste, Emad Burnat nous rappelle que l’art ne doit être au service d’aucune idéologie politique, d’aucun drapeau, si non il perdrait sa qualité d’acte d’émancipation et sa faculté à questionner le monde au-delà des idées reçues.
Néanmoins, la bataille n’est pas terminée. Si le film « 5 caméras brisées » ne sera pas projeté dans ces conditions-là, le festival « Israël Autrement » n’est pour le moment toujours pas annulé :http://www.videographies.be/
Nous appelons tous les artistes israéliens programmés dans le cadre de cette manifestation à refuser l’instrumentalisation de leur art. En organisant un festival d’art vidéo intitulé « Israël Autrement », en insistant sur le fait que les œuvres présentées portent un regard critique sur la politique israélienne, Vidéographies participe à la vaste campagne de propagande sioniste qui vise à utiliser la culture pour donner une meilleure image de l’Etat d’Israël aux yeux de l’opinion internationale.
En insistant sur le fait que certaines des œuvres programmées sont « critiques », Vidéographies laisse entendre qu’Israël serait un Etat démocratique puisque une opposition peut se faire entendre. Attitude qui masque une terrible réalité :
Israël n’est pas un « Etat comme les autres ». Il viole quotidiennement le droit international par l’occupation et la colonisation de territoires, il maintient un blocus illégal sur Gaza, privant ainsi toute une population de vivres et de matériel médical, il continue chaque jour à expulser, emprisonner, à détruire des maisons de familles palestiniennes. Depuis la récente reconnaissance de la Palestine comme État observateur à l’ONU, le gouvernement israélien a riposté en engageant la construction de plus de 2 600 logements illégaux supplémentaires dans les colonies de Jérusalem-Est. En Cisjordanie, plus de 600 check-points privent les Palestiniens de leur liberté de circulation, rendant leur accès à l’eau, à l’éducation, à la santé ou au travail dépendant de l’arbitraire militaire. Il s’obstine à refuser le retour des familles des 750 000 Palestiniens expulsés de leur pays en 1948 et maintient en prison des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants en violation totale du droit international.
Voilà pourquoi nous appelons tous les passionnés d’art, tous les citoyens soucieux des droits de l’Humain, tous les gens convaincus que l’art ne doit pas servir à des fins de propagande, à boycotter le festival « Israël Autrement ».
Ce ne sont ni les films, ni les artistes qui sont visés dans notre appel. Nous voulons voir ces œuvres d’art vidéo et rencontrer ces artistes, mais dans d’autres conditions. Nous voulons les voir parce que des organisateurs de festival les auront appréciées pour leurs qualités artistiques et pour la pertinence de leurs propos. Pas pour masquer une réalité cruelle.
« La fonction de l’art est d’éveiller le désir d’un autre état du monde » Heiner Muller
Association Belgo-Palestinienne régionale de Liège ; Guido’Lu : duo d’artistes plasticiens et vidéastes ; Lucia Christina Estrada Mota : photographe de Palestine ; Marc Mercier : directeur artistique des Instants Vidéo de Marseille, partenaire du festival d’art vidéo et de performance /si:n/ en Palestine ; Nadia Boumazoughe : BDS Boycott Désinvestissement Sanctions ; Naïk M’Sili : co-directrice des Instants Vidéo de Marseille, co-fondatrice du festival d’art vidéo et de performance /si:n/ en Palestine ; Rudi Barnet : ancien expert pour l’audiovisuel (FWB) , ex-directeur du Festival de San Sebastian, concepteur de Wallimage ; Yamina Bounir : membre du Comité Verviers-Palestine ; Yvette Van Hauwe : BDS Boycott Désinvestissement Sanctions.