« lu sur les réseaux sociaux, repris avec l’autorisation de l’auteur »
Voilà deux générations que dans ma lignée nous ne sommes plus attachés au « Parti ». Si nous avons continué à saluer le travail de certains militants socialistes, nous estimons, pour le dire simplement, que le PS a trahi la classe ouvrière, qu’il n’est plus un allié du peuple.
La première fois que j’ai voté, en 1994, c’était pour Gauche Unie. J’ai voté pour Isabelle Stengers et Lise Thiry, parce que je les connaissais. La Gauche Unie a fait long feu.
En 1998 et 1999, j’ai participé activement à une chouette initiative : Les États généraux de l’Écologie politique. Et j’ai voté Ecolo avec conviction. Pour Zoé Génot et Vincent Decroly. Puis est venue la « victoire », Vincent à dada sur le dos d’Olivier, le gouvernement « arc-en-ciel »… Et avec lui la démonstration de la médiocrité de ce parti que j’avais soutenu,lorsqu’il est dans la majorité. Après avoir avalé, avec délice et par conteneurs entiers, les couleuvres de leurs alliés libéraux et« socialistes », les ministres Ecolo poussèrent le ridicule jusqu’à « claquer la porte » de la majorité 13 jours avant la fin de la législature.
Le dimanche 18 mai 2003, jour de « fédérales », je me suis fait une grasse matinée mémorable. Et j’ai pris la décision de ne plus aller voter. J’ai toutefois transigé pour apporter mon soutien à ma camarade Céline Delforge aux Régionales. Et je ne le regrette pas. Mais les fédérales, je n’y suis plus retourné.
A cette exception près, voilà donc 15 années que je n’ai plus été voter. Et je ne le regrette pas non plus. Finalement, je suis plus proche de mes convictions en n’y allant pas. Je pense que la représentation politique et la professionnalisation politique ne sont pas de bons moyens de garantir et préserver les intérêts du plus grand nombre, les intérêts du peuple. Les partis, même de gauche, même Ecolo, quand ils gouvernent, ne s’opposent pas efficacement aux décisions qui asservissent les travailleurs et sèment la misère. Ni au niveau fédéral, ni certainement au niveau européen, ni même au niveau régional. Et ils ont tous participé à la démobilisation du peuple et à sa sujétion, à la consolidation des pouvoirs capitalistes, à l’édiction de lois qui permettent de réprimer la résistance et la contestation. Maintenant, ils ne maîtrisent plus ni leur économie ni leur police. Je n’avais vraiment aucune raison d’aller prêter ma voix à cette supercherie pseudo-démocratique.
Mais aujourd’hui quelque-chose a changé. Les travailleurs organisés dans la FGTB de Charleroi, mais aussi d’autres travailleurs partout dans le pays y compris dans ma section syndicale, ont appelé à la création de nouveaux relais politiques pour les luttes sociales. Et trois partis, réunis dans la liste PTB-GO! ont répondu à cet appel.
Les élus PTB dans les conseils communaux ont montré à quel point ils étaient capables, dans l’opposition, de contraindre les majorités à prendre en considération les nécessités de la population. Ils ont mené un travail systématique de rapprochement entre le peuple et les conseils. Des gens, jusque-là relégués très très loin des sphères de décisions, reviennent dans les conseils, pour contrôler le pouvoir politique, pour faire pression sur les décideurs, pour faire entendre leur parole. Et ils sont relayés par les élus du PTB.
J’ai observé le travail de Marco van Hees et de l’excellent centre de recherche du PTB. De même le travail de Raoul Hedebauw, d’Axel Bernard, de Dirk DeBlock, de Mie Branders dans les conseils communaux. Benjamin Devos dans ses combats syndicaux. Ainsi que de nombreux militants des trois partis de la listes PTB-GO!, parmi tant d’autres : Pauline Forges et Riet Dhont. Et en regard des impératifs actuels, de la faiblesse historique des mouvements sociaux et de la contestation anti-capitaliste, j’estime que leurs luttes à contre-courant, que leur pratiques militantes et politiques, que leur attachement aux intérêts du peuple sont exemplaires. Je suis convaincu que leur entrée dans les parlements représentera une opposition active, que les députés PTB-GO! seront un relais sincère des revendications sociales et qu’ils informeront le peuple sans relâche quant à ce qui se trame dans ces lieux habituellement réservés à la bourgeoisie et à la défense des intérêts des riches.
Certains diront que la présence de cette liste risque de déforcer la gauche. Foutaise ! La gauche n’est dans les parlements que quand Ecolo est dans l’opposition et ne brigue pas le pouvoir, c’est dire si c’est rare. Au contraire, la présence des listes PTB-GO! impose à Ecolo et au PS de se repositionner à la gauche du spectre politique.La gauche s’en trouve donc doublement renforcée. Et j’espère qu’il y aura un peu de bonne volonté pour qu’Ecolo et le PTB-GO! puissent travailler ensemble dans l’opposition, dans une perspective anticapitaliste.
Les mêmes estimeront que les propositions du PTB-GO! sont « utopistes ».Je n’en sais rien et je m’en tape. Les principes qu’ils défendent vont dans le bon sens. Pour l’essentiel et vu les circonstances, leurs propositions sont justes. Celles faites par les autres partis sont peut-être très réalistes, mais elles vont dans un sens tout à fait déplaisant. Et si celles d’Ecolo sont généralement justes, leurs élus ne parviennent pas à les défendre dans les parlements.
Il reste bien des débats à prolonger avec le PTB et sans doute avec la LCR et le PC. Entre autres exemples, une conception erronée de la démocratie directe, un manque de vision socio-environnementale, une relative méconnaissance de la souffrance que provoque le travail en soi. Cependant, l’heure n’est pas à se diviser tant l’urgence est à permettre aux luttes sociales de grandir, de gagner en puissance et d’inverser le rapport de forces.
C’est pour toutes ces raisons que le 25 mai, rompant avec mes traditions anarcho-paresseuses, j’irai aux urnes et je voterai PTB-GO! dans les trois parlements !
Cedric.