Après le 1er tour des municipales et régionales le 18 mai (1), plusieurs tendances se dégageaient : rejet de la politique de la troïka mais aussi résistances du système bourgeois localiste. Le second tour a confirmé ces contradictions.
Il y a d’abord la forte poussée à gauche : si Athènes reste à la troïka intérieure, Syriza, avec G. Sakellaridis, obtient 48,6 % et passe de 44 600 à 103 500 voix ! Et, belle surprise, la région d’Attique est remportée par Syriza, une victoire à caractère politique national contre un candidat du système : R. Dourou passe de 386 800 à 722 800 voix. Dans les deux cas, de fortes hausses de participation. À noter qu’alors que la direction du KKE refusait d’appeler à voter à gauche au 2e tour, ces deux élections ont montré un report important de ses électeurs. Il en est de même dans pas mal de banlieues populaires remportées par des listes soutenues par Syriza et parfois par Antarsya : les scores dépassent parfois les 60 % (Aigaleo, Vyronas, Kaisariani…).
Fait important pour la suite, des maires soutenus par Syriza gagnent dans des fiefs des nazis : 62,3 % à Keratsini, où fut assassiné Pavlos Fyssas. Et contre le sectarisme du KKE, Syriza et Antarsya ont appelé à voter pour le candidat KKE à Patras, la 3e ville du pays : il est élu avec 59 800 voix (63,6 %) contre 23 700 au premier tour, et dans la banlieue de Haïdari, le KKE l’emporte contre le Pasok avec 68,5 % !
Dans le même temps, le système résiste grâce à des candidats dits « indépendants » prétendant ne s’occuper que de gestion locale : aux régionales, la droite reste largement majoritaire, Syriza ne gagnant que 2 des 13 régions. Aux municipales, cette tactique a souvent marché, le pire étant Volos et le Pirée élisant des Bernard Tapie footeux (avec le soutien des nazis au Pirée…), écartant toute alternative de gauche.
Que va faire Syriza de sa victoire ?
Dimanche 25 mai, un troisième vote avait évidemment lieu : les élections européennes, précédées d’une campagne médiatique anti-gauche inimaginable en France ! Là encore, malgré le « séisme » que représente la victoire de Syriza, les résultats sont contradictoires, encore plus si on regarde les programmes à gauche. La comparaison des résultats de 2014 (avec une participation de 59,8 %) avec ceux de 2009 est parlante. Syriza récolte 26,5 % et 6 élus (en 2009 : 4,7 % et 1 élu). ND (droite) : 22,8 % et 5 élus (2009 : 32,3 % et 8 élus). Pasok : 8 % et 2 élus (2009 : 36,6 % et 8 élus) ! KKE : 6 % et 2 élus (2009 : 8,3 % et 2 élus). Aube dorée – Chryssi Avgi : 9,4 % et 3 élus (rien en 2009). Les écologistes : 0,9 % et pas d’élu (2009 : 3,5 % et un élu).
Face à ce résultat, Syriza demande déjà des législatives anticipées, et la droite et le Pasok se sont empressés de dire que tout va bien (même s’ils disent avoir compris le message !).
Au bilan des ces élections européennes, on peut dire qu’il y a un gros recul de la droite (ND) et surtout un effondrement du Pasok qui pourrait devenir facteur de crise interne. En même temps, autour de 2 millions de voix (35 %) se sont prononcées pour les divers partis du système… De plus, il y a un enracinement effrayant des nazis et un renforcement global de l’extrême droite (autour d’1 million de voix).
35 % ont voté à gauche de la social-démocratie, mais avec des contradictions : malgré une campagne dynamique, Antarsya n’a que 0,7 %, victime du vote utile. Syriza avait une bonne liste (avec parmi les éluEs, le résistant M. Glezos, Konstantina Kouneva, cette syndicaliste immigrée défigurée au vitriol par des nervis), mais après la disparition de la revendication d’abrogation de la dette et son discours de campagne « le 25 on gagne, le 26, ils s’en vont », Tsipras ne compte organiser aucune mobilisation de masse !
D’Athènes, A. Sartzekis
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste – 244 (29/05/2014). http://www.npa2009.org/
Source: ESSF