Cela fait 5 ans qu’a commencé le soulèvement populaire en Syrie, qui demande la liberté, la justice sociale et la dignité contre le régime impitoyable de la famille Assad. Ce soulèvement faisait partie d’un processus révolutionnaire plus large de la région qui a débuté en Tunisie, enflammant l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, un exemple de lutte pour les classes populaires du monde entier. Cette année à nouveau, pendant le cessez-le-feu de mars, des centaines de manifestations soutenant les mêmes revendications ont eu lieu tous les vendredis à travers la Syrie libre. Les manifestations récentes à Maarat Al Naaman, contre Assad, Al Nusra et Daesh sont un bon exemple de la survie de forces démocratiques dans le pays. On peut dire la même chose de Kafranbel ou des Casques Blancs qui risquent leur vie tous les jours pour sauver des gens des bombardements.
Le peuple syrien a rapidement fait face à la plus violente contre-révolution qui ait eu lieu depuis des décennies. Le régime Assad et ses alliés, à savoir le corps des Pasdaran iraniens, l’aviation russe, le Hezbollah et d’autres milices sectaires d’Iran et d’Afghanistan, ont usé de tout type d’armes pour punir le soulèvement démocratique, recourant à des bombes à sous-munition, aux snipers, à la torture, aux sièges, aux massacres sectaires ou aux armes chimiques. Plus de 500 000 personnes ont été tuées par le régime Assad et ses alliés, qui est responsable de 95% des morts civiles. Plus de 10 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont été déplacé.e.s ou ont fui la Syrie pour les pays voisins. Assad a relâché des djihadistes de ses prisons en 2011, et par la suite a laissé intact le cancer grandissant qu’est Daesh, avec pour clair objectif de détruire l’esprit de la revolution qui scandait “Le peuple syrien ne fait qu’un” et de l’Armée Syrienne Libre, et de répandre le sectarisme dans le pays. Assad et Daesh ont besoin l’un de l’autre pour des raisons de propagande mais aussi pour des raisons militaires. Ils rêvent tous deux de rester les deux seules options en Syrie. Malgré les mythes, Assad a permis à Israël de frapper plusieurs fois en Syrie, sans lever le petit doigt. Son régime a également violemment réprimé les kurdes en 2004 et n’est l’ami sincère d’aucune lutte de libération. Il n’y a aucune excuse pour les crimes contre l’humanité commis par Assad.
Cette contre-révolution extrêmement violente à multiples faces nous concerne tou·te·s. Tout pouvoir global ou régional est, d’une façon ou d’une autre, opposé à une à une Syrie authentiquement démocratque et non-sectaire. Notamment les Etats-Unis, qui se focalisent uniquement sur Daesh et désirent forger un accord avec la Russie ; les régimes réactionnaires d’Arabie Saoudite et du Qatar qui supportèrent la confessionnalisation de la révolution ; ou encore la Turquie, opposée à l’autonomie kurde dans le nord du territoire, qui a conclu un accord infâme avec l’UE pour arrêter les réfugié·e·s, et a autorisé les partisans de Daesh à se rendre en Syrie. La solidarité humaine et l’internationalisme nous font comprendre combien cette contre-révolution pousse des millers de réfugié·e·s à mourir sur la route vers l’Europe, combien elle nourrit les gangs criminels de Daesh et la montée d’actes de violence de masse, et surtout l’état policier et l’extrême droite dans nombre de nos pays. En tant que jeunes internationalistes, nous refusons de choisir entre des concurrents impérialistes ou entre les alternatives réactionnaires d’Assad et de Daesh et nous réaffirmons notre soutien aux peuples en lutte en Syrie, pour les structures auto-organisées subsistantes qui assurent la survie et la liberté de centaines de milliers de Syrien. ne.s, pour les brigades démocratiques qui ont survécu malgré un rapport de forces militaires très inégal.
Aujourd’hui, 1,4 million de personnes vivent assiégées en Syrie. Ils et elles manquent de nourriture, de soins médicaux, d’eau potable et d’autres besoins basiques. Ils et elles sont également coupé·e·s du monde extérieur. Depuis la mi-juillet, la dernière route de ravitaillement de la partie Est d’Alep a été coupée par les forces pro-Assad, ce qui met 300000 personnes sous la menace immente de famine et en danger de mort. Au même moment, la ville de Daraya fait face à l’invasion des forces pro-Assad et risque un massacre. Les Nations Unies elles-mêmes coopèrent honteusement avec le régime Assad et sa politique de “soumets-toi ou meurs de faim” dans la manière avec laquelle elles apportent ou non l’aide humanitaire.
La seule manière d’avancer nécessite de se débarrasser du régime Assad et de soutenir un régime démocratique et laïque qui assure la justice sociale pour le peuple, ainsi que l’auto-détermination pour le peuple kurde. Les 33èmes Rencontres internationales des Jeunes révolutionnaires, qui se sont tenues en Catalogne, répondent à l’appel du peuple syrien à la solidarité :
Arrêt immédiat des bombardements, spécifiquement des infrastructures médicales
Arrêt immédiat des sièges
Ouverture des frontières et soutien concret aux réfugié·e·s
Accès immédiat à l’aide humanitaire dans les zones actuellement assiégées : “Larguez de l’aide, pas des bombes”
Toute l’aide matérielle nécessaire pour les structures et forces démocratiques en Syrie
Longue vie à la révolution permanente ! »