Ce jeudi 5 février, la FGTB de Bruxelles organisait une assemblée de militants. Sans grande promotion, la salle de la CGSP place Fontainas était presque remplie avec 150-200 participant-e-s.
Marc Goblet et Rudy De Leeuw ont commencé par expliquer la position qu’ils ont adoptée à travers la concertation de ces derniers jours. Ils ont tenu à respecter leur mandat, refuser le saut d’index et favoriser la négociation sectorielle, tout en restant à la table des négociations pour ne pas se faire isoler. Ils ont refusé ce protocole d’accord qui n’apporte rien étant donné le maintien du saut d’index et à travers lequel les patrons se placent d’ailleurs dans l’illégalité puisqu’ils sortent du cadre de la loi de 1996. Mardi, en comité fédéral, ils décideront d’un plan d’action, dans le respect du premier et en solidarité avec le secteur public, qu’ils proposeront au front commun. Mais, ont-ils rapidement souligné « il ne faut pas se mentir, sans front commun, nous ne pourrons pas gagner ». Derrière cette déclaration d’autosatisfaction, et avant même que la CSC n’ait fait connaitre sa position définitive, il s’agissait d’une annonce préventive visant à faire reposer sur la CSC l’entièreté de la responsabilité de la fin des actions. Or, rien n’empêchait les organisations syndicales de reprendre la mobilisation dès le début de janvier alors que la concertation était toujours en cours.
Un temps de parole conséquent a ensuite été accordé à la salle. A travers les interventions, le soutien à la position des directions syndicales sur le rejet du protocole d’accord était évident. Mais tout aussi évidente était l’aspiration à un nouveau plan d’action, comme le démontrent les extraits repris dans cette vidéo.
Beaucoup regrettaient la trêve syndicale, qui a indéniablement fait baisser la pression et qui a permis aux patrons et au gouvernement de reprendre la main. Notre camarade Pauline Forges, déléguée CGSP enseignement, s’est aussi interrogée sur la tactique syndicale qui opte pour une concertation à la recherche d’un compromis avec le patronat plutôt que d’entamer de vraies négociations sur base d’un rapport de force à amplifier et qui prend appui sur des mesures autrefois contestées, comme la norme salariale, rentrant ainsi dans le jeu des patrons. Même si, cette fois, cette loi aurait justifié une hausse de salaires, « nous n’avons aucun intérêt à faire valoir cette loi de 1996 qui vise à aligner nos salaires sur ceux des pays voisins alors qu’il n’y a pas si longtemps l’Allemagne n’avait même pas de salaire minimum ».
Beaucoup insistaient aussi sur la nécessaire unité syndicale, à travers un front commun si possible et en tout cas en interprofessionnel au sein de la FGTB. C’est aussi à cette même unité qu’ont appelé plusieurs militants qui appuyaient en même temps sur la nécessité de considérer l’ensemble des attaques austéritaires pour intégrer à travers les revendications et le plan d’action syndicale les secteurs les plus marginalisés, comme la culture, ou les plus précaires, avec les chômeurs/euses, femmes, sans papiers, … Notre camarade AF, récemment exclu du chômage avec les milliers d’autres allocataires d’insertions, a ainsi souligné la difficulté pour les travailleurs sans emplois d’être entendus au sein de l’organisation syndicale: « on parle du saut d’index, parfois du recul de l’âge de la pension mais on ne parle pas de nous alors que ça fait deux ans qu’on est au courant de ces mesures mises en place par le PS ».
Sur l’avenir, plusieurs propositions ont été avancées: ne pas écarter des actions FGTB en cas d’absence de front commun, organiser des assemblées massives avec les affilié-e-s pour informer mais aussi consulter et mobiliser, avancer un programme syndical alternatif à celui que tentent d’imposer patronat et gouvernements, appeler de nouveau à une manifestation nationale suivie de grèves provinciales et nationales, … Pauline Forges a en outre invité à prendre la mesure de la situation alors que la mobilisation est retombée et que le contexte a évolué dangereusement depuis l’attentat à Charlie Hebdo et la victoire de Syriza en Grèce, accompagnée d’une violente propagande de droite. C’est dans ce contexte-là qu’on doit se battre au niveau syndical: avec des vraies négociations sur base d’un rapport de force, sans se perdre dans des négociations sectorielles qui laissent de côté les secteurs syndicalement faibles, en rejetant les dérives sécuritaires et en combattant la propagande anti-Syriza en soutenant les Grecs qui ont fait le choix de l’anti-austérité, comme nous .
En conclusion, Marc Goblet n’a pas pu faire autrement qu’inviter à resserrer les rangs… derrière la ligne qu’il défend « parce que la FGTB est isolée et nous devons rester unis ». Mais il serait sans doute plus constructif de resserrer les rangs… dans la mobilisation derrière un objectif commun: faire capoter l’ensemble des mesures austéritaires. Cette démarche implique d’oser un débat démocratique au sein des organisations syndicales sur la tactique à adopter, le plan d’action à développer, les revendications à avancer. Un débat inclusif qui rende le syndicat plus fort, plus représentatif, mieux à jour avec les enjeux concrets du moment vécus par les affilié-e-s et militant-e-s. Espérons donc que ce genre d’assemblées puissent se multiplier, s’amplifier et voir leurs propositions se concrétiser dans les jours qui viennent.