Si vous rencontrez un de ces jours des activistes de gauche en provenance d’Irlande du Nord, c’est-à-dire des six comtés qui appartiennent toujours au Royaume-Uni, demandez-les s’ils sont des athées protestants ou des athées catholiques. S’il s’agit de mécréants, ils vous répondront sans sourciller qu’ils sont, selon le cas, en effet des athées protestants ou des athées catholiques.
Cette réaction nous apprend qu’il s’agit ici non pas de religion mais de culture. Les deux communautés de l’Ulster ont chacune quelques comportements, manières et attitudes typiques qui sont le fruit de leur éducation dans leurs milieux respectifs. Ces attitudes ont une origine religieuse mais ne sont pas pour autant religieux. Autre exemple : une personne hollandaise, grandie dans une famille de stricte obédience calviniste mais ayant perdu la foi, se sentira mal à l’aise si vous l’invitez à un match de foot un dimanche après-midi. Les attitudes envers les joies de la table sont également déterminées par le milieu dans lequel on grandit. Beaucoup de Néerlandais habitant au nord des grandes rivières disent des Belges qu’ils mènent une vie « bourguignonne ». Cet adjectif signifie que les Belges aiment la bonne vie, plus précisément la bonne bouffe et cela copieusement, sans compter les sous.
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Ne m’accusez pas de parti pris. Pour prouver mon objectivité, je remarquerai que les Bataves au sud de ces mêmes rivières se comportent plutôt comme des Belges. Ils sont comme ces derniers d’origine culturelle catholique. La tradition culturelle protestante montre une certaine gêne quand il s’agit de jouir des choses matérielles. Le calvinisme aime l’argent, mais pas pour le gaspiller. Il prêche la sobriété. À chacun ses idiosyncrasies. Le catholique est connu dans la mémoire collective comme un jouisseur sans beaucoup de scrupules. Le cliché, datant du Moyen Âge, du moine glouton, n’est pas mort. Le fait de pouvoir se confesser change l’attitude devant le pêché, en tout cas envers le pêché de gloutonnerie. Le fait de ne pas pouvoir se confesser, mais de devoir s’arranger personnellement avec l’Être suprême, rend plus circonspecte. Parcourez la Hollande et vous remarquerez que la pub est centrée sur le bon marché. Retournez en Belgique et vous remarquerez que les acheteurs se méfient de ce qui est bon marché. Le sociologue Max Weber expliqua en 1904 que l’éthique protestante a stimulé l’esprit du capitalisme. Selon moi c’est le contraire : les pratiquants du capitalisme commercial on choisi le calvinisme comme la religion qui les convenait le plus idéologiquement. Quoi qu’il en soit, Max Weber est un sociologue digne d’être lu par ceux qui se disent marxistes.
Concluons. On échappe à peine à certaines valeurs que notre milieu d’origine nous a inculquées. Mais nos choix politiques, qui se font souvent dans l’adolescence, peuvent changer de fond en comble nos choix culturels et donc influencer nos attitudes et nos comportements. C’est que les humains se produisent eux-mêmes, donc changent, bien que dans les limites imposées par leur structure sociale. Les choix politiques impliquent des choix culturels et vice versa. Si vous êtes pour l’égalité vous devez rejeter le racisme. Si vous êtes pour la démocratie sociale vous devez rejeter l’exploitation, donc le salariat. Si vous trouvez qu’il faut bien vivre et que tout le monde a ce droit, vous êtes pour le socialisme, athée ou pas.
(La semaine prochaine : Rosa, Rosae, Rosam… Luxemburg)
photomontage: Little Shiva
publié également sur le blog du NPA du Tarn