Comme promotion pour le livre Première à Gauche de Raoul Hedebouw, Marco Van Hees – spécialiste fiscalité du PTB – a publié une photo de lui-même plongé dans le bouquin alors qu’une femme nue le chevauche. Van Hees est reconnaissable, le livre aussi, mais, de la femme, seul le dos est visible. La photo a provoqué toute une discussion sur le sexisme, l’humour, le féminisme …les ingrédients classiques.
Si la femme de la photo avait été elle aussi plongée dans le livre que lit son partenaire et si, de ce fait, son visage avait été visible également, cela aurait pu être un très chouette coup de pub humoristique. Les deux protagonistes auraient été alors de la même manière tellement absorbés par leur lecture qu’ils en oublient le sexe. C’est aussi simple que cela. Mais il faut y réfléchir. Et, pour cela, un réflexe féministe est nécessaire.
Sur la photo, au contraire, la femme est assise là, comme un ballot au bout du quai : il est clair qu’elle veut du sexe. Pire : posée nue sur l’homme qui lit, n’ayant aucune autre activité, il est clair qu’elle ne sert que pour le sexe. Elle est un objet sexuel : il préfère lire et elle va donc attendre jusqu’à ce qu’il ait fini le livre… Ainsi, cette photo coquine, digne du patro, s’intègre complètement dans le schéma culturel dominant des oppositions homme-femme : l’esprit contre le corps, le maître contre le serviteur, etc… Ou comment une bête photo soulève de sérieuses questions féministes.
La question est de savoir pourquoi certains révolutionnaires dont nous supposons qu’ils soutiennent l’égalité des femmes et des hommes restent capables de telles bêtises sexistes, et manquent du coup la chance de combiner simplement et avec humour une compréhension féministe avec l’engagement révolutionnaire. La réponse est simple, nous le craignons : parce qu’à leurs yeux il y a une hiérarchie qui sépare les luttes révolutionnaires des luttes féministes.
C’est un vieux débat dans le mouvement ouvrier : “le féminisme divise la lutte”. Espérons que ce petit incident d’image permette de faire comprendre qu’une conscience féministe est un atout révolutionnaire. C’est précisément le sens de notre slogan : “pas de féminisme sans socialisme, pas de socialisme sans féminisme” : à partir d’aujourd’hui, ils sont liés ensemble et se renforcent mutuellement.
Pour nous, candidates indépendantes sur la liste « PTB+ », c’est un des points importants du débat à l’intérieur du travail commun auquel nous participons pour ces élections.
—Ida Dequeecker et Evie Embrechts
Dans le contexte des prochaines élections Ida Dequeecker et Evie Embrechts publient divers textes sur le féminisme, le socialisme, l’état actuel de la situation et la résistance.