Petit résumé pour ceux d’entre vous qui n’y étaient pas.
Hier soir, sous les ors, les stucs et les velours du Théâtre du Parc et à l’invitation de la Chambre Patronale, ça causait Avenir de la Culture sur le mode hélas trop prévisible du « Débat pré-électoral ». Sur le plateau, des journalistes, des hommes et une femme politiques et… deux artistes ( les autres étaient dans la salle, remplie, enfin… au début!) dont Claude Semal. Mais qu’allais-tu faire, Claude dans cette galère?Ouf! On a commencé par toi, Semal, et tu as pu, dés le début et au grand soulagement de la salle aborder ce qui nous atterre tous, depuis quelques mois: cet imbuvable ramassis d’inepties qu’on ose sans rire nous présenter comme un « nouveau statut d’artiste ».
La salle était consternée, eux ils étaient pathétiques. Et ne semblaient même pas s’en rendre compte, tout occupés qu’ils étaient à bien rentabiliser, un oeil sur l’écran de la trotteuse géante, leur temps de parole pré-électoral.
Le seul dont j’ai eu pitié, c’est le penaud Socialiste qui, après avoir subi en regardant la pointe de ses chaussures les quolibets de ses petits collègues (Ben oui, y a pas à tortiller du cul, c’est bien Laurette et Monica qui, sans avoir sérieusement consulté les principaux intéressés, ont fait le sale boulot et signé la loi d’infamie!) a dû s’exiler en coulisses sous la pression de la salle pour téléphoner à Paul, voir ce qu’il y avait encore moyen de faire pour rattraper ce xème coup foireux (Hélas rien! donc, dixit le beau Paulo, impossible pour le moment…).
Celui qui m’a le plus débecté, c’est l’ancien Ministre Libéral qui, après avoir égratigné les syndicats (« C’est leur faute, ils continuent à s’opposer à la flexibilité ») en a profité pour envoyer ses scuds budgétaires sur l’Education Permanente et la RTBF (Ah, diviser pour régner!), tout en se faisant le chantre du mécénat et des cadeaux fiscaux aux « entreprises qui aiment la Culture »!
La médaille de la tartufferie revient comme d’hab au CDH qui, après nous avoir fait cadeau de son credo humaniste (« sanctuariser la Culture contre les assauts du Malin: le Matérialisme ») nous aurait bien dispensé un cours sur la démocratie directe si l’alerte trotteuse ne lui avait pas coupé le sifflet.
Ne parlons pas de la Cassandre FDF qui n’attendait, tapie sur sa chaise, que chaque occasion de nous prédire avec un sourire appuyé que le pire (qui est Flamand comme chacun sait) était à venir avec la sixième réforme de l’Etat.
La réaction de la salle, qu’on privait sans vergogne du débat promis, fut trop longtemps polie. Enfin quelques cris de colère, des tentatives de prise de parole puis, protestation muette, d’aucuns sortirent. Mais le plus triste, quand enfin la parole leur fut donnée, aux artistes, ce fut de voir à la fois les désespoirs et les colères individuelles gicler dans tous les sens (ah, c’est qu’on est doués pour l’émotion, nous, les artistes!) mais avec trop souvent cette épouvantable propension, ce réflexe atavique à s’en remettre, encore et encore et toujours, aux « Politiques »: Comment avez-vous pu laisser faire?… Svp, par pitié, faites qqch pour mieux contrôler vos chiens de garde de l’Onem!, Faites savoir qu’on est des vrais bons travailleurs méritants et cotisants, même qu’on continue à bosser quand vous nous condamnez aux chômages forcés, Non, on n’est pas des affreux profiteurs… Et tous de reprendre en choeur, patrons et travailleurs confondus: « Siouplait, M’sieur Dame, un peu plus d’argent pour la Culture, c’est important, vous savez, la Culture,… ». Quasi aucune proposition d’action organisée, ou si peu (à nouveau un p’tit tour d’ Etats généraux?).
Mais merde les gars! Qu’est- ce qu’on va faire demain? Retourner à 500 au lieu de 300 se coller un sparadrap sur la gueule devant un ministère?
Mais une fois encore, les gars, attention aux dérives corporatistes! On ne se sauvera pas tout seuls. Et ce qui nous manque le plus, j’en suis convaincu, c’est de lier notre lutte à celle des autres travailleurs précaires, et aujourd’hui plus que jamais à celle des autres chômeurs. Avant, avec notre statut, on était l’exception; demain il faudrait qu’on soit la règle! Le but, ce n’est pas de « récupérer notre statut », comme je l’ai entendu hier, ou d’en faire un nouveau à notre mesure. Notre but, ça devrait être d’étendre nos acquis à tous les travailleurs précaires, à tous les chômeurs en voie d’exclusion. Et cela demande avant tout un peu de conscience politique et aussi de réapprendre le sens d’un mot tombé en désuétude, le mot « solidarité »…
Car ne nous leurrons pas; ce qui nous arrive, ce n’est que la version « artistique » de toutes les attaques menées contre tous les travailleurs depuis quelques années à travers les mesures d’austérité et contre tous les chômeurs à travers les politiques d’activation. Et à propos, combien étions-nous, les artistes, lors de la marche contre la chasse aux chômeurs ce 11 mai?
Et peut-être serait-il de bon compte, puisqu’il s’agissait hier d’un débat pré-électoral de rappeler que tous les partis sur ce plateau espèrent participer à un gouvernement où, comme par le passé, ils vont, si on les laisse faire, continuer » la mort dans l’âme et parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement » à voter l’austérité pour l’ensemble de la population sans oser s’attaquer sérieusement à ceux qui détiennent le pognon dont, entr’autres, le secteur de la Culture aurait tellement besoin…
Bonne nuit à tous
Ceci n’est n’est pas un statut, c’est un HOLD UP SOCIAL.