Tous statutaires, pas de sous-contrats !
La Poste est aujourd’hui une société anonyme de droit public dont l’État détient 51 % du capital. Le groupe bancassurance CVC détient 49 % dont une partie vient d’être mise en bourse. Et comme toujours dès qu’un actionnaire privé entre en jeu, l’entreprise fonctionne selon la logique du profit (gains optimalisés, dividendes rapides, augmentation de la productivité, réductions de personnel).
En 1991, lors de l’autonomisation de La Poste en entreprise publique un contrat de gestion a été prévu entre la direction de la poste et le gouvernement fédéral. L’article 29 de la loi sur les entreprises publiques autonomes prévoit que le personnel doit être statutaire. Les contractuels ne peuvent être engagés que pour des périodes exceptionnelles de pic de travail (élections, nouvel-an). Mais depuis lors l’eau a coulé sous les ponts.
Course au profit et dégradation des conditions de travail
Depuis le passage de la poste au statut de société anonyme de droit public, en 2000, on engage de manière permanente des contractuels, malgré les recours introduits par la CSC et la CGSP au Conseil d’État) Alors que la loi sur le contrat d’emploi ne permet que 4 contrats successifs à durée déterminée (chez un même employeur (maximum 4 CDD de 6 mois), le gouvernement a dérogé à la loi pour La poste où 5 CDD de 6 mois successifs sont permis. Dans la même logique, la poste essaie de remplacer durablement les statutaires par des contractuels qui représentent aujourd’hui 1/3 du personnel. Jusque là les facteurs statutaires et les contractuels avaient des rémunérations plus ou moins équivalentes, à quelques détails près.
Facteurs Low Cost
Entre-temps la direction a créé le statut de facteur auxiliaire : des contractuels précaires et sous-payés qui font le même travail que les statutaires et que les contractuels, Ce sont surtout des jeunes. Leur salaire est lié au salaire des pays voisins. Ils ne perçoivent que 1,200 à 1,300€ net par mois (célibataire sans enfants), ne bénéficient pas de la même progression salariale que les statutaires, et n’ont pas accès au service social de la poste. Les chèques repas des facteurs auxiliaires ont une valeur inférieure à ceux des statutaires.Cela met les facteurs en concurrence et crée la précarité pour les jeunes : difficulté de payer un loyer, de constituer la garantie, de s’installer en ménage, d’avoir des enfants.
Nouvelle organisation de la distribution du courrier
Aujourd’hui la direction veut réorganiser la distribution du courrier en fusionnant la soixantaine de bureaux distributeurs existants et répartis à travers le pays, en une demi douzaine de bureaux distributeurs (un par centre de tri). Il est prévu que les facteurs auxiliaires ne partiront plus d’un bureau de distribution mais d’un point de dépôt (un garage, une libraire, un particulier,,,,) et distribueront le courrier pendant toute leur journée de travail (7h36) et n’effectueront plus de tri. Il s’agit là d’un tout autre travail que celui d’un facteur « normal » qui trie d’abord sa tournée et ensuite distribue tous les produits pendant sa tournée (courrier, recommandés, pensions, paquets contre remboursement, vente de timbres, perception des paiements des bulletins de versement, etc,). Le facteur auxiliaire n’aura pas de contact avec les collègues du bureau de poste,… ni avec l’usager puisque son travail se limitera à déposer le courrier dans la boîte aux lettres.
D ‘une manière générale, la multiplicité des statuts et des différents contrats rend plus difficile la défense des travailleurs mais aussi de l’unicité syndicale. La nouvelle répartition des tournées isolera les facteurs auxiliaires de leurs collègues, sera un frein à la solidarité et rendra encore plus difficile la défense collective des travailleurs de la poste.
La conclusion d’une Convention collective est en vue. Le hic est que le système de négociations est constitué d’enveloppes budgétaires à ne pas dépasser : tout acquis pour une catégorie se fait au détriment d’une autre.
Des délégués CSC de Charleroi et de Bruxelles ont proposé donc d’organiser une action de défense des facteurs auxiliaires d’autant plus que plusieurs ont porté plainte en justice pour discrimination. Un rassemblement de postiers initialement prévu le 15 octobre, a été reporté au 21 octobre par les permanents syndicaux, puis à nouveau déplacé au 29 octobre, Ces reports successifs sans consultation de la base ne facilitent évidemment pas la conscientisation et la mobilisation, Mais pourquoi se limiter à un rassemblement de 200 militants CSC? Pourquoi la CGSP est-elle aux abonnés absents ?