Dimanche, 21h30. Des militant-e-s rouges et verts se rassemblent dans la cabine d’Infrabel gare du midi devant le gigantesque écran de contrôle style star trek. Plus que quelques secondes avant 22h… ça y est! Tous les trains sont à l’arrêt! Tous ensemble, tous ensemble, grève générale!
23h30. Après avoir récupéré trois camarades français du NPA militants CGT cheminots venus apporter leur solidarité et découvrir la grève à la belge, nous rejoignons le piquet à l’atelier TGV de Forest. Trop tard pour les merguez mais l’accueil y est. Autour du feu, on discute solidarité internationale et pratiques syndicales.
Lundi, 6h. Après quelques heures de sommeil, il est temps d’entamer la tournée. Première étape: Audi Forest. Là, le piquet est bien fourni. On s’abrite de la pluie sous les tentes syndicales et on se réchauffe à gorgées de café. Un travailleur d’une petite entreprise sous-traitante nous explique la difficulté du travail syndical avec son statut qui l’isole de la majorité des travailleurs et l’expose davantage aux pressions de l’employeur. Mais il tient à être là aujourd’hui, avec tous les autres.
Dans le zoning d’Anderlecht, tout est très calme. Nous ne rencontrons pas beaucoup de piquets. Mais pas beaucoup de voitures non plus. Pas étonnant: les entreprises sont à l’arrêt. Nous passons à Inbev, où les travailleurs nous expliquent la pression qu’ils subissent de plus en plus: deux tiers de personnel en moins pour des prestations toujours plus exigeantes. Le ras-le-bol monte depuis un petit temps déjà. Aujourd’hui, ils sont tous à l’arrêt. En face, à Imtech, quatre policiers se réchauffent au brasero avec les travailleurs. Ils viennent s’assurer qu’il n’y a pas de problème au barrage filtrant et en profitent pout discuter, côte à côte: « Mais si Michel dégage, on met qui à la place? Le PS, c’est pas mieux! ». Nous continuons notre route pour transmettre les salutations des travailleurs d’Imtech à leurs « concurrents mais néanmoins camarades » de Spie qui bloquent la route un peu plus loin. Nous y retrouvons les militants de la semaine dernière, toujours aussi motivés mais encore plus nombreux. Ils écartent les barrières pour nous laisser continuer jusqu’au dépôt de la Stib à l’avenue du roi. Là, comme dans les autres dépôts, aucun tram ne sort. Nous discutons des suites: « Grève pendant les fêtes? ce serait pour se mettre la population à dos, on ne tiendrait pas. Il faut reprendre en janvier, avec un nouveau plan d’action tout aussi déterminé! »
Il doit être aux environs de 10h quand nous retrouvons les cheminots de la veille à la gare du midi. Certains sont rentrés dormir quelques heures pour revenir tenir le piquet. Ca discute aussi de l’alternative politique: « les listes PTB-GO! c’était bien. Mais il faut que ça continue! On a besoin d’une gauche forte et soudée ». Arrivent quelques cyclistes rapidement rejoints par un cortège d’une grosse centaine de collègues. Avec Hart boven hard et Tout autre chose, ils font le tour des piquets. En mode meeting, les délégués FGTB et CSC font le point sur la situation, sur pourquoi se battre ensemble, sur la détermination des cheminots.
Tandis que les cyclistes poursuivent leur tournée, nous décidons de traverser Bruxelles vers l’ULB. La circulation est digne d’un dimanche presque sans voitures. Nous arrivons à destination en quelques minutes. Là, un piquet intergénérationnel garde l’entrée, en musique et avec du vin chaud. Un voisin descend, énervé: « c’est ça l’image que vous voulez donner à la jeunesse? un pays à l’arrêt où on empêche les gens de travailler? » Il sort une caméra pour nous filmer, espérant sans doute nous intimider… On rigole.
Retour sur les routes vers le cabinet de Rudi Vervoort où se rassemblent les militant-e-s de la CGSP-ALR. Nous retrouvons là des camarades LCR qui faisaient piquet aux portes de leur entreprise ou qui sont allés appuyer les communaux de St Josse. Une bonne troupe se dirige joyeusement vers le cabinet de la NVA, des cartons d’oeufs sous les bras. Mais la police nous barre la route, avec chevaux de frise, gaz et autopompes. « A la NVA, ils ont besoin d’une zone neutre rien que pour eux! ». Pas grave, on décharge les oeufs sur la police et la façade d’une banque voisine avant de se replier vers le VOKA de l’autre côté de la rue. Faute de munitions d’oeufs, on se rabat sur des berlingots de cacao. Objectif: la fenêtre ouverte du premier étage. Il y a de beaux lancers!
Les manifestant-e-s se disloquent tranquillement et nous décidons de rejoindre Hart boven hard et Tout autre chose à La Tentation. Sur place, c’est rempli. Chaleureuse ambiance de QG en front commun: « alors, tu es allé où? on était nombreux! faudra pas laisser tomber après une mobilisation pareille! ». Fanfares, châteaux humains, prises de parole. Une fameuse énergie dans l’air! Et la motivation y est! Tout le monde est gonflé à bloc et n’attend qu’une chose: la suite! Parce que: « c’est sûr, après le 15, on continue! »