Depuis de nombreuses années, la FGTB de Bruxelles organise le 1er Mai une fête à la Place Rouppe et dans les rues avoisinantes : un grand podium d’un côté de la place, les stands des organisations de l’Action commune socialiste de l’autre côté de la place (Centrales syndicales FGTB, Mutuelle, FPS, PS) et de nombreux stands d’organisations politiques et associations de gauche dans les rues avoisinantes. Cette tradition avait été établie à l’époque où Albert Faust était président de la FGTB de Bruxelles.
Cette année, au motif de la menace terroriste, la FGTB de Bruxelles a décidé de limiter l’espace de la fête à la Place Rouppe (sans les rues avoisinantes). Les stands des différentes organisations de gauche, hormis ceux de l’Action commune socialiste, disparaissent donc de la fête organisée par la FGTB. Une lettre de protestation commune a été adressée à Philippe Van Muylder, Secrétaire de la FGTB de Bruxelles en proposant d’organiser un service d’ordre militant complémentaire pour assurer la sécurité de la fête (voir ci-dessous).
La menace terroriste tombe à pic pour tenter de mettre en sourdine les voix critiques alors que les organisations syndicales n’opposent que de timides protestations aux nombreuses attaques du gouvernement Michel contre le monde du travail (âge de la pension, index, baisse des cotisations patronales à la sécu, annualisation du temps de travail).
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Lettre ouverte au Secrétaire de la FGTB de Bruxelles
Camarade,
Nous venons d’apprendre par le courrier que tu nous as adressé que les organisateurs de la Fête du 1er Mai 2016 à la Place Rouppe (la FGTB de Bruxelles et la Fédération des Mutualités Socialistes du Brabant) ont décidé de « limiter le périmètre de la Fête à la seule Place Rouppe, à l’exception des rues adjacentes », et que, par conséquent, « il ne sera pas possible de proposer à nos partenaires associatifs et/ou politiques de tenir un stand ».
Concrètement cela signifie que les associations, mouvements et organisations politiques habituellement placées des deux côtés de la Rue du Midi (entre la Place Rouppe et la Rue Philippe de Champagne) et du côté impair de l’Avenue de Stalingrad seront de fait exclues de la Fête du Premier Mai, à moins que l’espace des stands sur la Place Rouppe proprement dite, habituellement monopolisé par les organisations de l’Action commune socialiste, ne soit réparti de façon équitable entre toutes les associations et organisations participant à la Fête du 1er Mai. Cela nous semble toutefois difficile à réaliser de la même manière qu’il est difficile de verser 1 litre de liquide dans une bouteille de 70 cl sans déborder.
Nous condamnons sans ambiguïté tous les attentats terroristes. Mais nous avons aussi la plus grande méfiance à l’égard de ceux qui mettent à profit cette situation pour nous faire taire. Que ce soit le gouvernement Michel qui invoque les attentats pour restreindre les manifestations syndicales au moment-même où des ministres multiplient les provocations contre le monde du travail (tout récemment encore : la proposition de rétablir le jour de carence ou d’annualiser le temps de travail) ou que ce soient les autorités de la ville de Bruxelles qui prennent des arrêtés de police laissant place à l’arbitraire policier.
Il faut bien comprendre qu’après les récents incidents à Bruxelles ville : l’invasion de l’espace de recueillement devant la Bourse le 27 mars par plusieurs centaines de hooligans (encadrés par l’extrême-droite) avec la bienveillance de la police et l’arrestation d’une centaine de personnes le 2 avril au même endroit (non pas parce qu’elles manifestaient, ni de portaient de calicot, ni de banderole, mais parce que le commissaire de police présent estimait que ces personnes avaient une tête présumée d’antifasciste), cela commence à bien faire. C’est pourquoi nous ne sommes pas disposés à nous résigner à devoir politiquement disparaître de la Fête du Premier Mai sous un prétexte sécuritaire.
L’armée et la police patrouillent dans les rues de Bruxelles depuis novembre 2015. Cela n’a empêché les attentats meurtriers du 22 mars à l’aéroport et à Maelbeek, car il est bien entendu impossible de mettre un policier derrière chaque voyageur.
La fête du 1er Mai à Bruxelles n’attire pas seulement une foule anonyme venue écouter un concert. Elle mobilise aussi des centaines de militant/es syndicaux conscient/es, qui prennent quotidiennement des responsabilités sur leur lieu de travail, ainsi que de nombreux militant/es du monde associatif.
C’est pourquoi nous pensons qu’un service d’ordre, composé de militant/es FGTB et du monde associatif et politique peut être organisé à la Place Rouppe et dans les rues adjacentes. Nous te faisons donc cette proposition de manière à ce que les stands puissent être placés rue du Midi et avenue de Stalingrad ce 1er Mai 2016 et que nous ayons tous et toutes le droit d’être présents et de pouvoir nous exprimer au moment où le patronat et la droite multiplient les attaques contre le monde du travail.
Reçois, Camarade, nos meilleures salutations.
Pour la Ligue Communiste Révolutionnaire, Guy Van Sinoy
Pour le Parti Communiste, Vladimir Caller
Pour le Parti Socialiste de Lutte, Boris Malarme
Pour le Mouvement de Gauche, Gérard Gillard
Pour Attac 1, Jean Flinker
Pour Vonk/Révolution, Erik Demeester
Pour le PORT (Posadiste) Claudine Pôlet
Pour le Parti Humaniste, Gilles Smedt
Pour le groupe La Lutte, Samia Beziou