Des milliers de personnes sont sorties dans la rue le 11 septembre dans toute la Catalogne – on estime leur nombre à un million et demi – pour former une chaîne humaine qui a uni tout le pays du nord au sud, sur un parcours de 400km passant par les places, les ponts, les rues…, pour crier haut et fort : “Indépendance !” L’Assemblée nationale catalane (ANC) et les organisateurs de l’acte préparaient depuis des mois cette action, qui a débordé le cadre politique institutionnel. Les gens, comme on l’a vu dans les déclarations, les photographies, les réseaux sociaux…, ont senti qu’ils écrivaient une part de notre histoire collective.
Mais le slogan “Indépendance” n’était pas le seul à être scandé le long de la chaîne ; des milliers de personnes ont encerclé des édifices emblématiques comme l’hôpital Josep Trueta à Girona, l’école Progrès et le lycée La Llauna à Badalona ou La Caixa à Barcelone pour exiger non seulement une « Catalogne Libre » mais aussi une Catalogne libérée des voleurs, des coupes budgétaires, de la répression et des dettes illégitimes. Oui à l’indépendance ! Mais à l’indépendance de toutes les politiques qui nous oppriment et nous appauvrissent. L’indépendance n’est pas une formule magique qui solutionne tout, comme beaucoup de personnes cherchent à nous la vendre. Elle peut être une coquille vide si elle n’implique pas la rupture avec les diktats du capital financier et du paiement de la dette.
Il y a trois éléments clefs, selon moi, si l’on veut avancer vers une indépendance écrite par et pour ceux d’en bas :
Premièrement, l’indépendance, le droit à décider, une consultation en 2014, ne seront possibles que par la mobilisation sociale, pour maintenir la pression sur les gouvernements catalan et espagnol. La manifestation de ce 11 septembre fut, précisément, un pas dans cette direction. Des milliers de personnes se sont fait entendre, débordant, partiellement, la dynamique partisane et institutionnelle.
Deuxièmement, un pays inclusif, pour tous, ne sera possible que si nous tenons compte de ceux que l’on pousse au silence, les opprimés, les invisibles, ceux qui ne sont personne. Il ne s’agit pas de construire la Catalogne des vainqueurs mais celle des vaincus, celle de ceux qui souffrent des coupes budgétaires et de la réduction des droits. La Catalogne des immigrants, des jeunes, des chômeurs, des sans abris, des femmes. La Catalogne de ceux qui parlent catalan, mais aussi castillan, arabe, urdu… Le grand défi est d’unir toute cette pluralité, ces différences, dans la Catalogne de demain, cette république catalane des 99%, aussi souveraine qu’amie des peuples voisins.
Et troisièmement, que personne ne se fasse d’illusions, nous ne serons jamais libres dans les mains de ceux qui vendent notre pays au meilleur offrant, que ce soit les magnats des jeux, les banques ou les marchés étrangers. L’indépendance et la liberté seront seulement possibles hors des jougs politiques et économiques. Cela dépend de nous.
Traduction partielle par Marc L. Rodriguez
Article source en espagnol à consulter sur le blog Público