Selon le dernier rapport de l’ONEm, en 2013, à peine un chômeur sur deux a démontré des efforts suffisants de recherche d’emploi. Plus de 17 000 chômeur/euse/s ont été sanctionné/e/s (suspensions, réductions et exclusions à la clé)
Un grand quotidien francophone vient d’en faire sa manchette : « Un chômeur sur deux ne cherche pas activement un emploi » !
Voilà un flash médiatique que les promoteurs et les défenseurs des mesures du gouvernement Di Rupo contre les chômeurs ne manqueront pas d’utiliser pour en monter la pertinence, voire la légitimité.
Tiens, tiens ! C’est au moment où le chœur de voix de plus en plus nombreuses s’insurge contre cette « bombe sociale » (50 000 exclusions du chômage en janvier 2015 !), que l’ONEm, avec ses critères arbitraires et renforcés sur « l’activation du comportement de recherche d’emploi » nous livre le message de chômeurs fainéants et peu motivés.
C’est au moment où des mobilisations syndicales et sociales exigent le retrait de ces mesures que « l’opinion publique » pourrait, après tout, se laisser convaincre que la mesure gouvernementale de dégressivité de TOUTES les allocations de chômage jusqu’à un forfait en dessous du seuil de pauvreté n’est que justifiée parce que les chômeurs se complaisent dans leur état.
Du boulot, il y en a ?
Répondant, il y a quelques temps, à une question d’une parlementaire, la ministre de l’Emploi, Monica De Coninck, précisait que la dégressivité des allocations de chômage n’a pas d’impact sur les comptes de l’ONEm : « Ce n’est pas l’objectif : l’objectif est d’aider les gens et de les stimuler à trouver un job (…). J’espère que les Régions, responsables pour l’activation et la création de l’emploi, aideront les gens à trouver au moins un travail de quelques heures ».
On croit rêver ! Une étude, réalisée par Eurostat, a démontré que seulement 0,7% de chômeurs belges ne cherchaient pas d’emploi.
Et qu’en est-il des offres d’emploi du Forem, en Wallonie et d’Actiris, à Bruxelles ? Selon la FGTB wallonne, officiellement, il y aurait en Wallonie une offre pour 14 chômeurs et, à BXL, une pour 11. Mais, en réalité, les chiffres pourraient s’élever à une offre pour 48 demandeurs à BXL, et une offre pour 23 en Wallonie.
Le traitement de choc et ses ressorts si peu secrets !
Mais à quoi servent donc ces contrôles de plus en plus drastiques de « la disponibilité » et de la recherche d’emploi, multipliant sanctions et exclusions ?
Lisons d’abord le témoignage d’un responsable d’un bureau de chômage : « Je viens de recevoir une gamine de moins de vingt ans. Elle est inscrite depuis à peine un an. Son compagnon est déjà au CPAS, parce qu’il n’a pas terminé les secondaires inférieures. Elle avait été suspendue pour 4 mois. Elle est en état de peur-panique à l’idée de se représenter à l’ONEm. Elle vient d’être exclue définitivement parce qu’elle n’y est pas allée, voici plusieurs semaines. Elle avait pourtant une bonne raison. Elle était hospitalisée pour une…tentative de suicide. On a vérifié, avec l’Office de droit social, on ne sait plus rien faire pour elle…Il y a un gosse de moins d’un an dans ce dossier… ».
Les « fin de droit » aux allocations de chômage, la dégressivité de celles-ci vont pousser des dizaines de milliers de personnes dans la pauvreté. Aujourd’hui, plus de 200 000 sans emploi survivent déjà sous le seuil de pauvreté. Avec les mesures du gouvernement Di Rupo, plus de 150 000 autres vont les rejoindre.
Cette « stratégie du choc » va pousser une partie de ces victimes à accepter n’importe quel boulot, dans n’importe quelles conditions, du travail intérimaire, à temps partiel, à la demande (pour quelques heures, comme dit la ministre de l’Emploi !), avec des horaires variables, en déconnexion complète avec le mouvement syndical.
Une « armée de réserve de travailleurs – chômeurs et sans ressources, quoi de plus intéressant comme main-d’œuvre exploitable et corvéable, quoi de mieux pour garantir et fortifier la position des entreprises dans la jungle concurrentielle et pour gaver les actionnaires.
Quand des syndicalistes prennent la peine d’examiner les comptes publiés par les entreprises multinationales –comme la FGTB de Verviers l’a fait- ils constatent une augmentation substantielle des bénéfices et surtout qu’une partie de ceux-ci, allant jusqu’à 60%, est ristournée en dividendes aux actionnaires.
Alors, culpabiliser les chômeurs, ça suffit ! Les preuves –et les graphiques sont là pour les illustrer- montrent le lien étroit, dans les différents pays de l’Union européenne, entre l’augmentation de la « financiarisation » des entreprises (les profits) et le taux de chômage.
Que Di Rupo et son gouvernement arrêtent de nous rabâcher les oreilles avec la « cohésion sociale » nationale. En juin 2012, Di Rupo répondait courroucé aux questions d’un journaliste (Le Soir, 6 juin 2012) : « Je ne conteste pas que c’est difficile, mais globalement, on ne peut pas dire qu’on a touché à quelque catégorie sociale. Pour garder ce pays dans la solidarité, il faut bien écouter et tenir compte de la majorité au parlement, dans la population ! On mesure alors que les partis flamands et francophones du gouvernement ont fait des compromis raisonnables et soutenables. La critique unilatérale, comme si c’était un pays in abstracto, ne fait qu’accroître les difficultés entre le Nord et le Sud ! Il faut tenir compte du contexte national particulier ! Et j’affirme que l’effort produit par le gouvernement doit être soutenu ! Soutenu par tout qui veut garder l’unité du pays. C’est là que cela ne va pas. A force de critiquer unilatéralement, de dire que des mesures pourtant soutenables relèvent de l’inacceptable, on la met à mal (…). Nous agissons pour tout le monde, les gens au chômage et ceux qui travaillent, les jeunes…Un gouvernement s’occupe de toute la société. Et on essaie de trouver une solution de cohésion sociale ; c’est notre responsabilité ! ».
C’est le retrait des mesures infâmes contre les chômeurs qu’il nous faut ! Cet objectif plaide -c’est tellement évident- pour un combat unitaire du monde du travail, travailleur avec et sans emploi.
En remettant l’accent sur une revendication centrale : La réduction collective du temps de travail à 32 heures par semaine, sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et baisse des cadences pour travailler moins, travailler tous et toutes et vivre mieux.
Dans la campagne électorale, sur les listes PTB-GO (Gauche d’Ouverture, avec la LCR et le PC), les candidat/e/s de la LCR avanceront les revendications : Stop aux exclusions du droit aux allocations de chômage, pas de dégressivité des allocations ; individualisation des droits aux allocations de sécurité sociale (suppression des statuts d’isolé et de cohabitant) ; liaison automatique des allocations au bien-être ; pas de scission communautaire de la sécurité sociale ; un contrat à durée indéterminée pour toutes et tous ; des emplois statutaires dans les services publics ; l’interdiction des licenciements collectifs sans plan de reconversion à charge des employeurs et, bien sûr la réduction du temps de travail !