Georges Miller revient avec un quatrième opus de Mad Max. Dans un futur toujours aussi apocalyptique, le réalisateur respecte le genre de la course poursuite en y ajoutant quelques nouveaux ingrédients. Au point d’être féministe ?
Le premier Mad Max était sorti en 1979 et se nourrissait des événements de cette époque. Dans une décennie marquée par la crise qui fait suite au choc pétrolier, le futur apocalyptique de Mad Max montrait un monde réduit au chaos, suite aux conflits causés par le manque de pétrole. De plus, le film utilisait une esthétique très influencée par le punk (surtout à partir de l’épisode 2), faite de rafistolage et de cheveux dressés sur la tête.
Trente ans plus tard, est-ce que Mad Max a changé ? Disons-le tout de suite, le réalisateur se montre très respectueux du style Mad Max, devenu depuis objet de culte chez les fans de science-fiction. Si c’est plus le manque d’eau que de pétrole qui est en jeu ici, le reste de la recette reste inchangée. Dans un monde plongé en plein chaos, seules la violence et la folie existent. Ici Georges Miller va jusqu’à faire du film entier une course-poursuite presque ininterrompue entre différentes voitures improbables et monstrueuses. Le réalisateur parvient à tenir le rythme sur la longueur avec une maitrise impressionnante, mais qui lassera les spectateurs·trices peu réceptifs à ce genre de surabondance d’action. Georges Miller a su également maintenir un visuel cyber-punk, avec notamment une incroyable guitare crachant du feu. Les codes utilisés restent donc bien fidèles à la série.
No more hero
Mais dans cette action et cette violence, que devient le personnage de Max ? Fort bien interprété par Tom Hardy dans cet opus, il se bat et ne prononce presque aucun mot de tout le film, tombé dans la folie et le cynisme d’un monde où il ne s’agit plus que de survivre. La série Mad Max s’est construite sur une remise en cause de la figure du héros à une époque où de nombreux films traitent du thème d’un monde où la violence extrême devient la seule réponse possible quand la justice ne fonctionne plus (Un justicier dans la ville). Si Max ne cherche plus que la vengeance ou la survie, qu’est-ce qui le différencie des méchants ? En quoi serait-il un héros ? Le film Fury Roads’ouvre sur une première poursuite où Max se fait rapidement capturer, une posture passive qui alternera, à une exception près, avec celle du cynisme dans la suite du film, même si en terme de bastons Max relèvera le niveau par rapport à cette première scène.
Fureur masculiniste
Le personnage véritablement agissant du film est Furiosa, une guerrière et pilote qui trahit un tyran pour libérer ses femmes et les emmener vers une contrée meilleure. Cette forte présence féminine dans un univers très masculin a fait réagir les cercles masculinistes américains qui ont dénoncé ce film comme étant de la propagande féministe. Sans aller jusque-là, Furiosa représente bien le seul personnage du film à se battre pour une cause et à faire preuve de compassion. Plus que de s’adapter au monde, elle tente d’y résister et continue d’espérer, tout en maîtrisant parfaitement les armes nécessaires à cette quête, à savoir se battre et conduire vite. Surtout pour un personnage féminin de film d’action et de science-fiction, sa grande originalité réside dans le fait qu’à aucun moment elle ne joue dans le registre de la séduction ou de l’amoureuse, sans pour autant être ni laide ni dépourvue de sentiment.
Néanmoins c’est bien Max qui reste le héros du film car il est le personnage qui ressemble à son monde, fou et sans espoir, malgré un fond de bonté. Furiosa et sa volonté ne sont que des circonstances que le pilote solitaire croise sur sa route, qu’il sait être sans but et sans rédemption. L’intérêt de ce film, au-delà de ses scènes d’actions bien réalisées, réside peut-être dans l’insertion, au milieu d’un décor qui ravira surtout les amateurs du genre, des éléments dissonants avec un héros presque camusien et une femme révoltée.
Source : solidaritéS