Un nouveau conflit communautaire belge vient d’éclater. À première vue il s’agit de la préservation d’une identité, notamment celle du « salami » ardennais. Une analyse exhaustive nous apprend qu’il s’agit en réalité de flouze et de nationalisme.
Les entrepreneurs-producteurs en Wallonie de cette délicatesse exigent l’interdiction de la mention « ardennais » sur les saucisses produites selon la même recette mais par des producteurs-entrepreneurs en Flandre. Ces derniers réagissent avec l’argument que c’est le procédé qui détermine le nom et non le lieu. Autrement on devrait interdire les restaurateurs de par le monde (ceux de la ville de Bologne exceptés) des spaghettis bolognaises, des pizzas hawaïennes, des boules de Berlin, des saucisses de Francfort sauf s’ils sont situés respectivement à Bologne, à Hawaï, à Berlin et à Francfort. Cette fois-ci les saucissonniers Flamands ont raison et ceux de la Wallonie font preuve d’une conception économique étriquée. Ils me font penser aux propositions de ce président-élu qui prétend sauver l’emploi des Américains. Les producteurs Flamands représentent évidemment la liberté bourgeoise en général et le libre-échange en particulier. On vit dans un monde bourgeois et les guerres de concurrence en font naturellement partie. Il n’est pas moins naturel que ces conflits se traduisent dans la Belgique fédérale sur le plan des conflits communautaires.
Creusons plus loin. Un salami peut être soumis à une « appellation d’origine contrôlée » mais n’a pas de nationalité. Dans ce cas les saucissonniers italiens devraient protester contre l’emploi en Belgique de l’appellation « salami » pour certaines saucisses qui ne viennent pas de chez eux. Une saucisse n’est pas une personne. Et quels sont les ingrédients du salami ardennais ? Le porc en fait partie. Mais est-ce un porc wallon, flamand, bruxellois ou même polonais ? Et les colorants et autres additifs ?
Je comprends qu’un vin produit en Afrique du Sud n’a pas le droit de se présenter comme un pomerol, même s’il est aussi bon, et cela pour la simple raison qu’on ne doit pas mentir au consommateur. La qualité d’un vin dépend pour une partie importante du terroir et ceux de la province du Cap ne sont pas identiques à ceux de Bordeaux. C’est peut-être également vrai pour les cochons, mais je crois que la saucissonnerie se sert du cochon « moyen » et non pas du pata negra. Si l’on compare les nationalistes flamands et les wallingants avec les cochons, il s’avère que ces derniers sont des animaux antinationalistes. Je n’appelle pourtant pas aux cochons du monde entier de s’unir. Certains cochons l’ont fait déjà. Car comme disait Jacques Brel, les bourgeois, c’est comme les …
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