Pourtant, dans sa déclaration de politique générale, le gouvernement fédéral s’engage à intégrer la dimension du genre dans chaque domaine politique en vue d’éliminer les inégalités existantes et d’éviter que la politique gouvernementale ne crée ou ne renforce une inégalité entre les femmes et les hommes (gendermainstreaming). De plus, il promet qu’une attention particulière sera accordée aux différences qui existent entre les femmes et les hommes dans le cadre des réformes socioéconomiques.
La Plate-forme Féministe Socioéconomique souligne que ces engagements sont en contradiction totale avec les mesures annoncées dans les autres chapitres de cet accord gouvernemental. A titre d’exemples :
L’allocation de garantie de revenu (AGR) dans le cadre de travail à temps partiel involontaire sera fortement réduite : son montant sera à nouveau diminué en fonction de la catégorie familiale ; de plus, il chutera de 50% au bout de 2 ans. 79% des personnes concernées sont des femmes et le travail à temps partiel involontaire est extrêmement fréquent dans les secteurs féminisés tels que les titres-services, le nettoyage et la distribution où les salaires sont déjà très bas.
Le gouvernement souhaite accroître la flexibilité par l’annualisation du temps de travail et la facilitation du travail à temps partiel, des heures supplémentaires et des horaires flottants. Cette flexibilité accrue permettra aux employeurs de jouer plus facilement avec la conjoncture. Nous doutons fortement qu’elle facilite la conciliation entre travail et vie privée. Bien au contraire. Le gouvernement envisage également d’introduire un « compte carrière » permettant d’accumuler du temps et/ou de la rémunération pour interrompre temporairement sa carrière ou compléter des allocations plus tard. Ce « compte carrière » risque de creuser encore les inégalités entre les hommes et les femmes, ces dernières étant plus susceptibles de le prendre pour interrompre leur carrière afin de prendre soin d’autres personnes.
Le Gouvernement prévoit de repousser l’âge de la retraite anticipée à 63 ans moyennant une carrière de 42 ans. Ce qui rend son accès quasi impossible pour les femmes. En effet, ces dernières ont, en moyenne, une durée de carrière de 35 ans, journées assimilées comprises. Parmi ces journées assimilées figurent entres autres des périodes de chômage au sujet desquelles le nouvel accord du gouvernement n’est pas clair.
En complément, d’autres nouvelles mesures viennent encore durcir la politique d’austérité entamée par le gouvernement précédent. À titre d’exemples :
En 2012, l’allocation d’insertion professionnelle a été limitée à 3 ans, quel que soit l’âge des personnes cohabitantes et à partir du 30e anniversaire pour les autres catégories familiales. Parmi les personnes exclues de ces allocations en 2015, 2/3 seront des femmes et 25% des femmes seules avec enfant(s) à charge. En effet, elles sont nombreuses à rester dans ce régime, ne parvenant pas à travailler suffisamment pour réunir les conditions d’accès au chômage sur base de l’emploi (contrats de courte durée, temps partiel…). Le gouvernement actuel prévoit de durcir l’accès à ces allocations. Pour les moins de 21 ans, elles dépendront de l’obtention d’un diplôme et les personnes de plus de 25 ans n’y auront plus accès.
Lors de la législature précédente, la définition d’« emploi convenable » est passée de 25km à 60 km du domicile, peu importe la durée du trajet. Cette mesure pénalise particulièrement les femmes aux trajets domicile-lieu de travail encore souvent vécus sur le mode du zigzag (incluant des détours via l’école, la crèche, l’accueillante…) et disposant moins souvent d’une voiture que les hommes. Le gouvernement actuel souhaite encore revoir cette définition, pour une plus grande mobilité de la main-d’œuvre.
La Plate-forme Féministe Socioéconomique est inquiète par rapport à ces orientations. Elle demande une rencontre avec le Premier ministre et rappelle au gouvernement qu’il promet dans sa déclaration d’« associer les organisations de la société civile à la politique ». Le gouvernement doit concrétiser son engagement à lutter pour l’égalité entre les femmes et les hommes et veiller à ne pas accroître les inégalités existantes.
La Plate-forme Féministe Socioéconomique a vu le jour le 8 mars 2012 afin de tirer la sonnette d’alarme sur les mesures d’économie du gouvernement et de demander des chiffres révélant l’impact des mesures de crise sur les femmes.
Les membres de la plate-forme sont : ABVV/FGTB, Action Chrétienne Rurale des Femmes, ACV/CSC, Centre Féminin d’Education Permanente, Comité de Liaison des Femmes, Conseil des femmes francophones de Belgique, Ella, Femmes et Santé ASBL, Flora réseau d’expertise, Femma, GAMS, Garance, La Voix des Femmes, Les Femmes Prévoyantes Socialistes, Le Monde selon les Femmes, Marche Mondiale des Femmes/Wereldvrouwenmars, Nederlandstalige Vrouwenraad, Synergie Wallonie pour l’égalité entre les Femmes et les Hommes, Vie Féminine, VIVA-SVV, Vrouwen Overleg Komitee.
Contacts pour la Plate-forme :
Hafida Bachir (Vie Féminine) : GSM : 0487/27.67.37 ou Tél : 02/227 13 01
Sofie De Graeve (Het Vrouwen Overleg Komitee) : GSM : 0479/78.98.33 ou Tel. : 02/229 38 73
Valérie Lootvoet (Université des Femmes) : Tel. : 02/ 229. 38. 25
Joëlle Sambi Nzeba (Femmes Prévoyantes Socialistes) : Tél : 02/515 02 09
PDF : CP de La Plate-forme Féministe Socioéconomique 06-11-2014
Source : vie féminine