Et pendant que le monde agricole subit un plan social plus brutal que celui du monde industriel, le nombre de salariés agricoles augmente, ainsi que les formes sociétaires d’exploitations agricoles. Ce-ci signifie que le modèle de la petite paysannerie laisse la place à un modèle capitalistique de l’exploitation agricole, où le paysan devient chef d’exploitation, patron de salariés agricoles. Sa ferme devient une société complexe.
La division de classe est également visible dans le monde agricole en fonction des revenus : les disparités sont très importantes. Pendant que le quart des agriculteurs a un revenu inférieur à 12000 euros par an, le revenu moyen par actif non salarié a augmenté de 88%, étant entendu que la part des subventions dans la formation du revenu est considérable puisqu’elle atteint plus de 80% du revenu en 2004. Mais pourquoi donc ? La Politique Agricole Commune est un véritable levier de classe, puisque les subventions accordées dépendent des hectares possédés… Plus t’en a, plus tu touches.
Dans ce contexte d’accroissements des disparités, la salarisation du travail agricole est inéluctable. Elle s’accompagne de précarisation, due à la difficulté d’organisation dans ses secteurs et à l’augmentation du travail saisonnier (causée aussi aux exonérations fiscales). En somme l’abandon du modèle de la ferme familiale, donne la place à des exploitations agricoles de taille importante, qui emploient une main d’œuvre extérieure dans des conditions de plus en plus difficiles. Par exemple, le risque de percevoir un bas salaire dans l’agroalimentaire est 2.5 fois plus élevé que dans l’industrie.
Ces données de base permettent de comprendre les mécanismes fondamentaux déterminant les conditions du travail paysan. La pression économique étrangle littéralement en permanence une partie de la paysannerie. Elle conditionne la surexploitation de ceux qui surnagent avec peine.
La concurrence acharnée pèse aussi sur le niveau de rémunération du salariat agricole et à privilégier les salariés précaires. Au début des années 2000, 26.4% des ménages sont pauvres chez les agriculteurs et les salariés agricoles contre 14% dans l’ensemble de la population.