Conclusion
La souveraineté alimentaire est un projet émancipateur global car il se situe à plusieurs niveaux. Il affirme la nécessité de changer de mode de production, pour aller vers une agriculture paysanne agro-écologique capable de nourrir la population mondiale. Il faut donc envisager de changer de politiques agricoles internationales, s’emparer démocratiquement de la question de l’aménagement du territoire (quelle ville, quel temps de travail, quels transports, comment protéger les terres agricoles, comment diversifier et relocaliser la production ?), de protection de la nature (quels rapports entre zones agricoles et zones protégées ?), de changer le travail pour aller vers une mixité des taches.
La souveraineté alimentaire se décline donc au niveau local en tant qu’elle assure la sécurité alimentaire d’un territoire par des dispositifs démocratiques innovants (comment décide-t-on de qui produit, à quel endroit, comment, pour qui ?). Elle implique dans ce cas un remaniement profond des modes de vies, de travail et y compris des relations dans la famille, ainsi que du partage des tâches entre femmes et hommes (très souvent le travail agricole est familial ou communautaire). La souveraineté alimentaire se situe aussi à un niveau plus global : elle est le droit de chaque pays ou territoire de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à sa population sans qu’elles puissent avoir un impact négatif sur les populations d’autres pays (actuellement cela signifie par exemple sortir de l’OMC ou du marché unique européen afin de mettre en place des politiques de soutien nécessaires). Elle affirme aussi la nécessité d’une planification nécessaire au niveau planétaire de la production agricole et alimentaire. Elle doit se faire dans le sens de la satisfaction des besoins de la population, mais en respectant les contraintes écologiques. En ce sens elle est directement liée à la question énergétique et climatique. La souveraineté alimentaire est une urgence en ce temps de crise. Le changement de pratiques (vers des systèmes économes et autonomes, respectueux de la nature), et la mise en place des politiques agricoles et agraires adéquates ne sont pas liées uniquement à un engagement écologique, mais de plus en plus à la question de la survie.
Comme mentionné en sous-titre, ce topo a été présenté par l’intervenante à l’occasion de l’Ecole anticapitaliste du printemps, organisée par la Formation Léon Lesoil qui a eu lieu les 15, 16 et 17 mars 2013 à Nieuwpoort.
[1] Jocelyne Porcher, Bien-être animal et travail en élevage, INRA Editions et Educagri Editions, 2004, 264 p., pp. 248-249
[2] http://www.larzac.org/organiser/gfa.html
[3] http://fr.ekopedia.org/Syst%C3%A8me_participatif_de_garantie
[4] http://alimentation.gouv.fr/circuits-courts