Le 15 septembre, les travailleurs de Caterpillar à Grenoble (France) arrêtaient le travail contre la loi El Khomri et en solidarité avec leurs collègues de Gosselies, victimes de la fermeture du siège de la multinationale. Le lendemain, une délégation de la CGT de Caterpillar-Grenoble participait à Charleroi à la manifestation de soutien aux travailleurs de Gosselies et des sous-traitants, qui a rassemblé quelque 6.000 personnes. Les camarades français n’ont malheureusement pas eu l’occasion de s’exprimer lors du meeting final. Nous publions ci-dessous le texte dans lequel ils expliquent les raisons de leur présence au Pays Noir, aux côtés de leurs camarades belges. (LCR-web)
Comme de nombreuses entreprises qui à la moindre difficulté ou la plus petite opportunité ferment les unités de production, Caterpillar a annoncé en septembre 2015 la fermeture de 20 usines dans le monde et le licenciement d’environ 10000 employés dans le monde. Cette restructuration doit s‘étendre jusqu’en 2018 et permettra à Caterpillar de réduire la surface de production de plus de 10% et les coûts de $ 1,5 milliard par an. Ces licenciements boursiers permettront de continuer à satisfaire les actionnaires avec des dividendes estimés à $ 1,75 milliard d’Euros pour 2016 et 2017.
Le 2 septembre 2016 en Conseil d’entreprise extraordinaire un directeur financier a pris cinq minutes pour annoncer la fermeture de l’usine de Caterpillar Gosselies et de Monkstown en Irlande du Nord. Cette annonce fait suite à l’information donnée par son président Doug Oberhelman qui a vu son salaire annuel de $16,9 millions augmenté de 60% en 2011.
Merci. Dégagez y a rien à voir! La cruauté capitaliste dans sa plus froide expression. C’est l’avenir qui s’est écroulé pour les 2400 salariés licenciés et tous les sous-traitants qui viennent de perdre leur gagne-pain. C’est 5000 à 8000 familles qui se demandent comment désormais elles boucleront leur fin de mois.
La fermeture du site de Caterpillar Gosselies intervient trois ans après un précédent plan de licenciement de 1400 employés. Les travailleurs avaient alors mis tout leur cœur et leur savoir-faire augmentant leurs cadences afin de sauver leur usine.
Le groupe qui reconnait volontiers le savoir-faire, l’investissement et les efforts réalisés ces dernières années par les salariés n’hésite pas à fermer des sites historiques et à dévaster des régions entières.
« Loin des replis nationalistes, solidarité »
Bien évidemment les conséquences du grand Monopoly financier d’Oberhelman ne s’arrêtent pas là puisque l’Angleterre et la France sont également touchées par les restructurations du groupe. Au total, si l’on considère l’ensemble des premières annonces pour l’Europe, ce sont 3000 employés du groupe Caterpillar qui vont perdre leur travail. Avec les emplois induits (filiale, fournisseurs et sous-traitant) on peut légitimement estimer la casse sociale à 10000 suppressions de postes.
Caterpillar France, c’était 3200 personnes en 2008, 1528 CDI aujourd’hui. Nous avons subi la perte des pelles sur chenilles, des booms, de la mécano-soudure et l’usinage des longerons, les duo-cone , les link, le désengagement de Caterpillar à MLS, la suppression des magasins d’approvisionnement et le transfert de la logistique à DAHER. Le 2 septembre on nous a également annoncé qu’une partie de la production Belge devrait être transférée en France. Ce n’est pas pour rassurer puisque dans le même temps nous allons perdre le marché américain pour les tracteurs – 46% de notre production Grenobloise qui sera transférée au Brésil.
Modifiant notre modèle économique et nous rendant dépendant du seul marché européen, Caterpillar met en péril les emplois de Grenoble. D’autres part l’impact de la restructuration sur les emplois indirects et le transfert du service informatique pourraient alourdir notre structure de 3 millions d’€. Il y a la suppression de 100 postes indirects -avec des salariés déjà lourdement affectés par la charge de travail- et le reclassement des salariés issue de mécano-soudure -laquelle est vouée à partir dans les pays de l’Est. La peur des salariés est de récupérer un produit empoisonné comme le site de Rantigny qui a fermé en 2015 suite à un suicide orchestré par le groupe.
La CGT Caterpillar, les travailleurs émancipés de Caterpillar France, loin des replis nationalistes, souhaitent témoigner de leur pleine solidarité avec leurs camarades belges, irlandais et anglais et c’est pourquoi nous sommes présent le 16 septembre à Gosselies pour manifester avec les salariés belges notre refus du diktat de la finance, le refus de voir fermer les uns après les autres les fleurons de l’industrie Européenne.
« Nous ne sommes pas des kleenex »
Non les salariés de Caterpillar ne sont pas des kleenex que l’on jette après s’en être servis alors que l’entreprise dégage des profits considérables et que de nombreux efforts ont été consentis.
Nos gouvernements veulent nous faire croire qu’il n’y a rien à faire. Que la seule solution est de continuer de verser des aides au patronat et de modifier les lois en précarisant de plus en plus les salariés, d’accorder des exonérations fiscales et des droits nouveaux aux entreprises avec l’argent public en espérant que cela suffira pour garder les entreprises en Europe.
Les lois européennes permettent à ces entreprises de délocaliser leurs sièges sociaux dans les paradis fiscaux, les exonérant de fait d’impôt sur les bénéfices réalisés par le travail des salariés européens. Ces lois favorisent également la fuite des capitaux. On veut nous fait croire que cela permet de sauvegarder l’emploi.
L’exemple de Gosselies nous démontre malheureusement le contraire.
Caterpillar doit assumer son rôle social dans les pays où il est implanté et trouver les solutions avec les représentants du personnel pour permettre le maintien de l’emploi tout en allégeant le temps de travail, en améliorant les conditions de travail et les salaires.
Caterpillar ne craint qu’une chose c’est de perdre de l’argent. Leur faire payer au maximum et leur imposer de graves sanctions économiques reste le seul moyen pour les empêcher de fermer les usines. Le risque de perdre des millions d’euros peut leur enlever l’envie de partir et de recommencer ailleurs.
NOUS SOMMES A GOSELIES COMME A GRENOBLE TOUS DES SALARIES CATERPILLAR. NOUS SOMMES TOUS DES GOSSELIES !!!