Ce mardi 14 juillet une délégation composée de deux députés européens – Miguel Urban et Barbara Spinelli (GUE/NGL) –, de travailleurs du monde associatif et de militants pour les droits des personnes migrantes s’est rendu au « Centre fermé pour étrangers » de Steenokkerzeel, le tristement célèbre « 127bis ». La visite était précédée d’une rencontre et d’un échange de vues avec des représentants de la Coordination des sans-papiers (mouvement composé de différents collectifs de migrants bruxellois) à l’occupation de La Voix des Sans-papiers au Boulevard Léopold II 184 à Molenbeek.
Cette rencontre a eu pour but d’échanger avec les premiers concernés, les personnes migrantes dites « en situation de séjour illégal », sur leur vécu et leurs revendications au sujet de la politique d’enfermement des migrants pratiquée en Belgique et à travers toute l’Europe.
Les centres fermés pour étrangers, ou centres de rétention, n’ont pas toujours existé : ils se sont développés en Europe dans le courant des années 1980, en pleine période de crise et de récession qui a porté la question migratoire à l’agenda de nombreuses formations politiques. En Belgique, les premiers centres fermés ont étés conçus dans les années 1990 sous le ministre de l’Intérieur Vande Lanotte. Parallèlement à la généralisation de la détention administrative des personnes migrantes sans aucune forme de jugement, on observait une fermeture et une militarisation croissante des frontières externes de l’Union européenne. Celles-ci furent placées en 2004 sous la surveillance d’une agence européenne para-militaire ne faisant l’objet d’aucun contrôle démocratique, Frontex. Dans le même temps, des directives et de règlements communautaires étaient adoptés, constituant l’ébauche d’une politique de migration et d’asile commune qui nivelait par le bas tous les standards applicables sur le territoire de l’UE. L’Europe forteresse était née.
Six centres fermés sont aujourd’hui en fonction en Belgique, pour un total d’environ 8000 personnes enfermées par an. Dans l’ensemble de l’Union européenne et, avec la sous-traitance du rôle de garde-frontière aux pays frontaliers, on ne comptait pas moins de 190 centres en 2005 et 250 en 2008. Et leur nombre ne cesse de croître, représentant plusieurs dizaines de milliers de personnes enfermées par an au seul motif qu’elles ne disposent pas d’un titre de séjour valable. Outre son coût financier exorbitant et son caractère inutile, cette mesure a des conséquences dramatiques sur la vie des personnes qui en font les frais, qu’elles soient expulsées par la suite ou pas. Comme ne cessent de le marteler des acteurs du monde politique, académique et social depuis des années, elle va à l’encontre de la dignité humaine et des droits les plus fondamentaux.
C’est pour s’opposer à une politique migratoire européenne gouvernée par une logique sécuritaire et restrictive que des parlementaires, notamment européens, et acteurs de la société civile font régulièrement usage de leur droit de visite dans ces centres, en Belgique et ailleurs.
À une Europe qui emprisonne, qui stigmatise et rejette les migrants, nous opposons une Europe ouverte et réellement solidaire !
Pour l’ouverture des frontières, la fermeture des centres fermés et une régularisation des personnes migrantes !
Miguel Urban – député européen Podemos GUE/NGL
Barbara Spinelli – députée européenne GUE/NGL
La Coordination des sans-papiers