Il m’avait dit « jusqu’aux élections ». Voilà, je suis revenu. Dimanche j’ai été voter. C’est pas que j’avais très envie, mais c’est obligatoire. Et moi je respecte la loi. Même si parfois je me dis qu’il y a trop de lois ou qu’elles sont mal foutues.
Il y avait tellement de listes sur les bulletins que je n’avais pas le choix, j’allais voter pour des gens que je connais. Freddy et ses camarades gauchistes ? Il n’en était pas question, ils sont trop radicaux. Des extrémistes. Même si parfois je trouve qu’ils ont raison de vouloir changer de système. Mais le risque c’est de foutre encore plus le bordel. J’ai donc changé d’avis et me suis dit que je voterais pour le dernier quidam dont je verrais la bobine. Devant l’école, juste avant de rentrer voter, j’ai rencontré un petit gugusse avec un nœud papillon rouge. Un sale lèche-couille ! Pas question que je donne ma voix à son patron. Il y avait une forêt d’affiches (pour certains partis il faudrait tous les panneaux de la ville tellement les candidats sont en compétition entre eux…), je me suis dit que je changeais de nouveau de tactique. Je trouverais bien un nom de parti ou de candidat qui me donnerais de l’inspiration. A défaut je voterais Bart De Wever. J’ai vu sa vidéo sur Twitter. Il parle bien. On dirait les anciens militants du PTB qui sont venus s’installer en Wallonie. Le même accent et les mêmes accents, il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : il faudrait mettre de l’ordre, il y a trop de profiteurs et c’est à cause des socialistes. Arrivé dans le couloir, juste avant le bureau 16, j’ai jeté un œil sur les listes affichées : et bien entendu on avait retiré le nom de De Wever ! C’est une honte ! J’ai failli faire demi-tour et aller boire l’apéro sur une terrasse au vieux marché.
Et voilà que le patron du petit empapillonné fait son apparition, précédé d’une grande folle qui lui ouvre le passage vers mon bureau de vote. Le leader-maximo porte un petit sac en papier, tout mignon. L’escouade est venue apporter de la mire et de l’encens (et accessoirement un sandwich) au témoin du parti qui officie au Bureau 16. Mais le témoin du parti était parti ! Pas bien ça ! Le boss est ressorti le sourire éteint, n’essayant même plus de serrer des mains. Triste spectacle…
Cela ne me disait toujours pas pour qui voter. On m’a offert de jolis pare-soleils (rose, bleu et blanc) et dirigé vers un isoloir. Bordel de merde, quand tous ces brols sont dépliés, plus moyen de trouver le crayon (et en plus ils l’ont attaché avec une chainette, la confiance règne !). Au secours, je suis perdu…
—Edgard