Ce devait être un Conseil d’Entreprise « extraordinaire » et il le fut. Au menu, théoriquement, les perspectives d’avenir et cela est devenu la destruction de l’avenir de l’entreprise. Tout le monde dehors, on ferme.
Violence capitaliste
C’est ainsi qu’on apprend à 313 travailleurs, et leur famille, que la boutique n’est plus rentable. Quelques slides projetés devant la délégation, même pas un document papier («pas de gaspillage »), pour donner l’impression que la procédure d’information est respectée et c’est terminé. Déjà dehors, toutes portières ouvertes, une voiture attend les boss délégués par la Corée. Les travailleurs, alertés, bloquent les limousines. Et renvoient les taxis qui tentent une nouvelle « extirpation » des porteurs de mauvaises nouvelles.
Non ce n’est pas un film d’action. Ca se passe près de chez vous. A Frameries, dans le Borinage.
Encore une qu’ils veulent fermer…
De 4 à 8 millions d’intérêts notionnels déduits, 730.000€ d’aides diverses reçues de la région wallonne et à peine un taux d’impôt de 1,43%, Doosan a su pomper à fond l’argent public, avant de décider une réorientation stratégique qui n’a rien de rationnel aux yeux des travailleurs. L’objectif c’est de rester, en volume, le numéro un sur le marché asiatique. Les travailleurs ne croient pas les chiffres que leurs délégués ont vu défiler, très rapidement, sur l’écran. Ils contestent l’ingénierie fiscale de l’entreprise qui a consolidé les lourdes pertes engendrées par un rachat, coûteux, d’un concurrent (Bobcat Company, l’ancien leader mondial dans le matériel léger de constructions, qui a été absorbé dans sa filiale Doosan Infracore ;la maison mère est à Bruxelles mais le siège de production en Tchéquie) et les bénéfices du siège de Frameries. « A ce tarif là, pas étonnant qu’on soit dans le rouge », nous disent Roberto Periso (Délégué FGTB) et Patrick Druart (Secrétaire de la MWB FGTB).
Les politiques interpellés.
Les organisations syndicales ont processionné aux alentours pour alerter les autorités politiques. Elio Di Rupo s’est dit préoccupé. Il a déclaré qu’il écrivait à la Direction Européenne de Doosan pour qu’elle revoie sa décision. Dans le même temps, Il a laissé entendre que Jean-Claude Marcourt (Economie, Région Wallonne) pourrait « tenter » de récupérer les aides wallonnes. Bon, on a vu ce que cela donnait à Arcelor et consorts… et c’est dire si le premier Ministre croit un instant à l’issue favorable de sa missive aux responsables de Doosan… Et quand on lui demande ce qu’il en est des « intérêts notionnels » (de sa compétence pour l’instant encore, au niveau fédéral), il botte en touche : « ça c’est autre chose », dit-il. Il concède néanmoins, devant les porte-paroles des travailleurs qu’il y a « un abus de ces mécanismes fiscaux ». Il n’y a pas si longtemps il en faisait la promotion à Davos.
La procédure Renault
Les travailleurs ont exprimé leur colère, exigeant des comptes et des explications avant de laisser filer les scélérats venus anéantir leur vie. La procédure de consultation a indéniablement été bâclée. Elle devra repartir à zéro. Il faudra re-convoquer un Conseil d’Entreprise en bonne et due forme, avec un ordre du jour précis. La Direction devra informer le Directeur Régional du Forem des intentions de l’Entreprise. Mais finalement, comme un temps-mort dans un match de basket, cela servira surtout à calmer le jeu et à mettre une sourdine à la colère des travailleurs, à les trainer en longueur dans une procédure où patrons et travailleurs partent sur un pied d’inégalité. On gagne du temps d’un côté (patronal) et on en perd de l’autre (syndical) à chercher des pseudo-parades aux coups assénés.
Correspondant
Le jeudi 4 septembre, une délégation de la LCR a rendu visite aux travailleurs de Doosan à Frameries