Depuis le 3 juillet 2013, les discussions pour qualifier l’événement de révolution ou de coup d’Etat n’ont pas connu de répit. Le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi a fait des déclarations rassurantes qu’il ne serait pas candidat à la présidence. Le major général de la troisième division de l’armée Ahmed Wasfi a renchéri, disant explicitement que si quelqu’un du Conseil militaire obtenait un jour une promotion ou si Al-Sissi se présentait à la présidence, alors on pourrait parler de coup d’Etat.
Au cours des dernières semaines, il y a eu un changement de ton général qui a été vite transformé en tapage médiatique appelant Al-Sissi à se présenter à l’élection présidentielle. Ce qui est en soi conforme aux rêves éveillés d’Al-Sissi relatés lors de son entretien avec le journal Al-Masri Al-Youm : Al-Sissi s’est vu en rêve président de l’Egypte. Dès lors tous les médias ont été mobilisés pour lui permettre d’exaucer son rêve.
Ensuite, le Conseil militaire nous a surpris le 27 janvier 2014 avec une déclaration, qui est en réalité un soutien à la candidature d’Al-Sissi à la présidence. Une déclaration contraire aux traditions militaires de l’armée égyptienne et qui plus est, un affront à toutes les normes. Quelques semaines plus tard Al-Sissi est apparu sur les écrans de télévision avec son uniforme militaire pour annoncer qu’il l’abandonnera pour présenter sa candidature, donnant ainsi un mauvais exemple aux soldats et aux officiers, en manquant à ses promesses de ne pas se présenter aux élections et à propos de la neutralité de l’armée qui ne va pas se mouiller dans des activités politiques. Ainsi il piétine les règles et les traditions et implique l’armée malgré elle dans la politique, avec tout ce que cela comporte comme risques pour l’armée et la nation.
Tout en affirmant que notre révolution revendique un Etat moderne qui consacre l’indépendance des pouvoirs et institutions et le caractère civil, nous soulignons les points suivants :
– la candidature d’Al-Sissi à la présidence ne rendra pas à l’Egypte la stabilité tant souhaitée par le peuple. Au contraire elle provoquera plus de brèches et de division ;
– une telle irruption de l’armée dans la politique fait porter un risque grave sur la professionnalité des forces armées et leur efficacité ; c’est d’ailleurs pourquoi il lui est interdit de faire de la politique ;
– nous faisons partie du peuple et nous avons enduré ses souffrances, nous avons expérimenté les affres du régime militaire pendant de longues années, et c’est pourquoi nous n’accepterons pas le retour d’un tel régime dont la fin ne saurait tarder ;
– Al-Sissi est l’un des responsables de tous les crimes commis pendant le règne du Conseil militaire dirigé par Tantawi qui ont fait des dizaines de victimes, comme il est responsable principal de tous les crimes commis après la destitution de Morsi et qui ont coûté la vie à des centaines d’Egyptiens. Des crimes qui continuent toujours. De ce fait, la place d’Al-Sissi est dans le box des accusés et non pas dans les urnes ;
– en ôtant son uniforme militaire, Al-Sissi a démontré explicitement que nous sommes confrontés à un régime militaire qui n’existe plus dans le concert des nations.
Nous affirmons que notre révolution continuera jusqu’à la satisfaction des aspirations des citoyens à une vie décente, de toutes les couches à la justice sociale, et de tout un chacun à la liberté.
Vive la révolution du peuple grâce à ses enfants !
A bas tout menteur qui manque à ses promesses !
Front Chemin de la Révolution (Thuwar)
31 mars 2014
Traduction : Rafik Khalfaoui