Deux ans et demi après le déclenchement de la révolution, les Egyptiens n’ont toujours pas réalisé leur rêve d’instaurer une nouvelle République à même de satisfaire leurs aspirations à la démocratie et aux valeurs de justice et d’égalité. Par deux fois, des millions de personnes sont descendues dans les rues en quête de ce rêve : d’abord en janvier 2011 pour renverser le régime de Moubarak, basé sur la corruption, le despotisme, la dépendance, qui fausse les consciences et falsifie la volonté du peuple. Puis une seconde fois en juin 2013 pour contraindre Mohamed Morsi à démissionner, après qu’il ait perdu toute légitimité en raison de l’empressement des Frères musulmans à dominer la vie politique et à reproduire le système autoritaire, en profitant de leur victoire dans les premières élections véritables – d’un point de vue procédural – qui ont lieu en Egypte depuis des décennies. Nous sommes revenus au point de départ. La lutte pour le rêve est toujours là et la volonté du peuple, qui s’est manifestée pendant la révolution, ne peut plus être subjuguée. Les forces de la révolution sont conscientes de la nécessité de se rassembler dans un front afin d’arracher les exigences de la révolution et faire usage de tous les moyens de pression pacifiques possibles pour empêcher qu’elle soit à nouveau détournée. D’autant plus que les affrontements qui ont eu lieu entre le pouvoir de transition et les partisans du président destitué ont ouvert la voie au retour de la répression, aux abus et aux pratiques sanglantes à large échelle. A cet égard, nous annonçons la création de notre Front : le Front Chemin de la Révolution « Thuwar ». Il luttera avec le peuple pour des réformes radicales, essentiellement une redistribution des richesses en faveur des masses populaires égyptiennes, des pauvres et personnes à faibles revenus, et pour l’instauration d’une démocratie de participation populaire. Un front qui rassemble toutes les personnes conscientes que sans ces réformes, il n’y a aucun moyen d’arracher « le pain, la liberté, la dignité et la justice sociale ». Un front qui vise à restituer la révolution et faire face à la contre-révolution ; à lutter contre la répression du pouvoir militaire et contre l’autoritarisme, la violence et le sectarisme des Frères musulmans. Par conséquent, nous définissons les objectifs de notre lutte : * La redistribution des richesses afin de parvenir à la justice sociale. Cela inclut la révision des priorités du budget public et l’augmentation de ses ressources par un système fiscal progressif plus équitable, l’amélioration et l’élargissement du niveau des services publics et la modification du système de rémunération. Sans cela il n’y aura pas de stabilité. * Barrer la route à l’émergence d’un régime autoritaire par la réorganisation et la refondation des institutions de l’Etat sur une base démocratique et l’approfondissement de la démocratie des urnes pour qu’elle devienne une véritable démocratie participative qui permette aux citoyens de participer aux prises de décision et la mise en œuvre du contrôle populaire sur les institutions de l’Etat. Au cœur de cette dynamique se trouvent la réforme du système judiciaire, la restructuration de la police, l’élargissement du champ du pouvoir local et l’assainissement de ses organes, la consécration de la liberté d’association et la suppression des restrictions imposées aux médias. * Assurer la pleine égalité entre les individus en éliminant toutes les formes d’oppression et de discrimination, affronter l’incitation sectaire et la violence contre les femmes, lutter contre la marginalisation dont souffrent des secteurs de la population en raison de la race ou de la classe sociale, ou encore de l’appartenance géographique, religieuse, culturelle. * Mettre en œuvre un processus clair pour la justice transitionnelle qui comprenne le jugement de tous ceux qui sont impliqués dans des crimes contre le peuple et la réforme des appareils de sécurité et du service de la justice pour empêcher le retour des pratiques répressives. * L’adoption d’une politique extérieure basée sur les intérêts des masses qui garantit l’indépendance nationale, brise les chaines de la dépendance politique et économique et bâtit des ponts de soutien et de solidarité avec tous les mouvements révolutionnaires qui luttent pour la démocratie et la liberté. Nous estimons que la révolution égyptienne est à la pointe d’une vague révolutionnaire mondiale qui cherche à produire un monde plus juste et plus libre pour tous les peuples. Notre Front déclare son engagement à lutter pour atteindre tous ces objectifs. Il lancera dès sa fondation une multitude de campagnes auxquelles peuvent participer toutes celles et ceux qui le souhaitent, dont : – Une Déclaration des droits des Egyptiens qui vise à stimuler le débat sociétal sur le sujet et recueillir un million de signatures autour d’un document des droits de l’Homme qui stipule les droits civils, économiques, politiques et culturels pour tous les Egyptiens, à même d’être considéré comme une source constitutionnelle pour les futures Constitutions ; – Les droits sociaux et économiques dans la Constitution : examiner les articles ayant trait aux droits sociaux et économiques dans la future Constitution et proposer des alternatives avec plus de justice et de droits comme une exigence essentielle des revendications de la révolution. La mobilisation et l’unification des forces intéressées pour que les prochains amendements constitutionnels incluent ces droits ; – Pas d’endettement en notre nom ! : l’objectif de cette campagne est de mettre en œuvre un audit sur les dettes extérieures et les programmes de leur paiement en vue de s’engager à un paiement juste des dettes qui ont été utilisées dans des projets dans l’intérêt de l’ensemble des Egyptiens. Par conséquent ne seront pas payées les dettes odieuses édictées par des politiques extérieures qui ne réalisent que la paupérisation et la marginalisation, ou les dettes entachées de corruption des autorités précédentes et ses courtiers. Cette campagne vise également à imposer plus de transparence et de contrôle sur la fièvre des emprunts intérieurs et extérieurs, dont les citoyens pauvres porteront le fardeau à l’avenir. L’invitation à participer à ces campagnes et d’autres n’est conditionnée que par l’attachement à la révolution et ses objectifs. L’adhésion des masses au Front est une garantie d’atteindre ces exigences, malgré les obstacles sur le chemin de la révolution et les tentatives visant à restreindre la volonté du peuple.
Pour rejoindre le Front Thuwar :
Au Caire : 01028818200
A Alexandrie 01019934848
E -mail: thuwar.mail@gmail.com
Twitter: http://twitter.com/Thuwareg Facebook: https://www.facebook.com/thuwar.eg
Le Caire, 14 septembre 2013 * Thuwar = Révolutionnaires Traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui