Un jugement criminel inédit dans l’histoire humaine contemporaine condamnant à mort 528 personnes de l’organisation des Frères musulmans accusés de participation à la prise d’un poste de police et du meurtre d’un officier après la dispersion du rassemblement de Rabaa, lors de la seconde audience du procès et sans que la défense ait été entendue. Une scène combien révélatrice de l’état de la justice égyptienne transformée par le régime tyrannique et l’Etat policier avec violence en une épée de Damocles sur la tête des opposants, qui distribue les exécutions en masse.
Ce jugement survient quelques jours après un verdict innocentant les officiers accusés du meurtre de 37 prisonniers, intoxiqués par des grenades à gaz dans le véhicule des transferts, et quelques jours après la reprise du procès de Moubarak et de son ministre de l’Intérieur Adly, responsables de la mort et des blessures de milliers d’Egyptiens pendant et avant la révolution de janvier, et selon les indicateurs, on se dirigerait vers un acquittement, comme on a acquitté les dizaines de symboles de son ère contre laquelle se sont révoltés des millions d’Egyptiens. Et pourquoi pas, le chef du gouvernement était un membre clé de la commission de Gamal Moubarak des politiques du Parti national… en l’absence de tout jugement – oui de tout jugement – pendant trois années, il est coupable du meurtre de milliers de martyrs depuis le 25 janvier.
C’est une tragédie à laquelle nous nous attendions après cette corruption dans les jugements qui ont jeté des personnes par milliers, dont des centaines de jeunes révolutionnaires, dans les prisons sans qu’elles n’aient commis de crime et qui ont été accusées de manifestation en s’appuyant sur une loi pervertie, en l’absence de la justice qui autorise la détention préventive pendant plus de trois mois sans procès, est-ce que cela ne signifie pas que l’Etat dans lequel la justice est absente est le premier responsable de la terreur ?
Les Frères et leur gouvernement sont tombés par le peuple et leur échec a été prouvé par l’expérience. Toute exploitation de leurs manifestations pour asseoir la tyrannie est un mensonge éhonté visant à reproduire l’Etat policier et permettre à la contre-révolution de revenir au pouvoir.
En dépit de l’éventualité d’une invalidation du jugement et de la reprise du procès devant une autre chambre, le message politique envoyé par ce verdict à tout opposant au régime de tyrannie actuel qui conduit la contre révolution, est en substance « la justice est notre justice ». Elle condamne celui que le régime veut et elle est la main droite qui réprime les opposants tout en protégeant la main gauche, celle de la violence inédite de la police que nous avons vu disperser les manifestations procéder à des arrestations dans les rues et les universités, et la torture dans les geôles et les prisons. Le jugement vise aussi à préparer l’ambiance à Sissi avant les présidentielles à venir.
Le régime actuel n’a pas retenu que le despotisme à l’époque de Moubarak et de Morsi ne les avait pas protégés d’une révolution populaire et il continue la même politique, même en plus grave. Il accélère sa fin, qui viendra quel qu’en soit le moment, et son heure sonnera car la corruption de la justice et la violence policière ne sauront le protéger.
Les Socialistes révolutionnaires refusent et condamnent tout verdict politique injuste qui réprime l’innocent et innocente le meurtrier, ils n’exigeront pas de nouveau procès d’un régime en crise et incapable de revenir sur sa tyrannie à visage découvert.
Nous appelons la jeunesse révolutionnaire et tous les Egyptiens qui sont sortis en janvier et juin et lors de toutes les vagues de la révolution pour la liberté, la justice sociale et la dignité humaine, de s’unir pour démasquer ce régime tyrannique et corrompu, qui a échoué et qui confirme tous les jours son hostilité aux objectifs de la révolution. Comme nous appelons à démasquer tous ceux qui le soutiennent, qu’ils soient dirigeants de parti, ou politiques, sous le prétexte de guerre contre le terrorisme qu’ils avancent de façon mensongère pour justifier leurs crimes.
Notre révolution est permanente
Gloire aux martyrs
Le pouvoir et la révolution au peuple
Les Socialistes révolutionnaires, 25 mars 2014
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Source : ESSF
Traduction de l’arabe, Luiza Toscane, Rafik Khalfaoui.