Eric Zemmour est donc l’invité ce mardi 6 janvier à Bruxelles du cercle de Lorraine, un cercle de la haute bourgeoisie où sont bienvenus des personnalités patronales et leurs relais, des sociaux-libéraux comme Paul Magnette aux néofascistes comme Bruno Gollnisch. Cela a suscité des réactions et polémiques diverses. Nous avons publié sur notre site la mise au point d’Edwy Plenel qui démontre bien les conséquences concrètes et meurtrières de l’idéologie zemmourienne.
Face à la montée du racisme et du fascisme : quelle stratégie.
Ce mardi 6 janvier, Eric Zemmour, un raciste notoire, est invité au Cercle de Lorraine, un regroupement élitiste de politiciens, financiers et patrons. Un groupuscule fasciste se joint à cet événement sous prétexte de « protéger la liberté d’expression », disons le autrement, pour jouer les gros bras du racisme en costard. L’étiquette d’intellectuel « respectable » d’Eric Zemmour les encourage dans leur vision violente, haineuse et raciste de la société. A un moment où des ministres pro-collaboration siègent au gouvernement, l’extrême droite et les racistes en tout genres se sentent pousser des ailes. Face à cette situation, l’organisation d’une contre-conférence est pour nous une erreur stratégique.
Les racistes et les fascistes veulent diviser la population, briser la solidarité des 99%. En opposant ceux qui n’ont pas la peau assez claire aux autres, les belges aux immigrés, les « judéo-chrétiens » aux musulmans, … ils détournent la colère du peuple contre lui-même plutôt que contre les puissants qui nous exploitent. Ils propagent la peur et la haine pour casser la solidarité et l’unité nécessaires à nos luttes. C’est l’illustration du « diviser pour régner ».
Face à cette stratégie, nous devons renforcer la solidarité des 99% en construisant l’unité dans la lutte. Si nous n’avons pas accès à un logement ce n’est pas la faute des étrangers mais des spéculateurs qui laissent pourrir leurs multiples bâtiments pour y faire des bureaux ou des logements de luxe. C’est en nous mobilisant ensemble sur des objectif sociaux communs que l’on pourra triompher.
Nous ne pouvons pas céder à la peur et abandonner la rue et l’espace public aux fascistes. Face à la volonté d’une certaine élite de présenter le racisme et le fascisme comme des « opinions » acceptables et respectables, nous devons toujours être présents pour les arrêter et montrer concrètement qu’ils ne sont pas des gens qui disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas, mais une minorité haineuse et violente qui fait le jeu des puissants.
L’interdiction prêchée par certains n’est pas la solution. Elle déplace la discussion vers la question de la liberté d’expression et permet aux prêcheurs de haine de se victimiser en présentant leur racisme comme une opinion tout aussi valable que l’antifascisme. Ce n’est pas un débat d’idées dont il s’agit mais d’ une lutte entre une vision de société destructrice soutenue par les 1% et celle des 99% égalitaire, solidaire et juste.
Les mobilisations de Blokbuster contre la montée du Vlaams Blok dans les années 90 ou la longue tradition antifasciste anglaise répondaient à cette dynamique. L’expérience du 4 avril dernier a montré comment la réunion d’un front large et la co-construction de mobilisation et d’actions directes réussies alimentent, avant et après l’action, les débats d’idées nécessaires à la lutte. Débats qui ont mené à la mobilisation de 2500 jeunes de tous horizons contre la venue de Marine Le Pen à Bruxelles et pour dénoncer la montée du racisme et de l’extrême droite en Europe. La discussion doit permettre de mobiliser et d’alimenter l’action. Remplacer l’un par l’autre empêche l’émergence d’une véritable dynamique antifasciste démocratique et unitaire par en bas.
Ce communiqué ne vise pas à diviser, mais, face à une question concrète qui nous pose problème, à déclencher un débat au sein du mouvement antifasciste à un moment déterminant. Nous pensons qu’il faut renforcer nos dynamiques unitaires afin de construire ensemble des réseaux capables de réagir rapidement par des actions directes et larges, capables de faire un vrai travail pour valider l’action antifasciste dans la population de chaque quartiers et capables d’exprimer une ligne politique claire sur notre présence partout où les fachos essaient d’aller.
Nous appelons la plate-forme antifasciste à se réunir au plus vite, pour discuter de nos stratégies, afin que dans le futur nous puissions agir ensemble et que les débats aient lieux avant et non à la place de l’action antifasciste.