Le 29 janvier, Paul Magnette, président ad interim du PS, accordait un entretien à La Libre Belgique, dans lequel il exhibait virilement ses biscotos politiciens !
Il ne tarissait pas d’éloges à l’égard du gouvernement en général, et de son parti en particulier qui, selon lui, « a pris ses responsabilités et tenu ses engagements ».
Il était donc « fier du travail accompli », affirmait « ne rien regretter », même s’il concédait que « certaines réformes n’avaient pas été faites de gaieté de cœur » (limitation des allocations de chômage ! ).
Mais qu’à cela ne tienne : « on voit le bout du tunnel. Les mauvaises années sont derrière nous, le « dirty work » (le sale boulot) a été fait » !
Aujourd’hui, autre tonalité et nuances.
Invité par la RTBF, ce midi, il affirme que le PS veut « renégocier la limitation du chômage dans le temps », aider plus et mieux « les jeunes », refuser toute « taxation supplémentaire pour les automobilistes » , ou encore augmenter la fiscalité « des gros propriétaires ».
Pas de doute la campagne électorale a démarré, et autant promettre beaucoup, même si la contradiction avec les mesures austères prises depuis deux ans est patente !
Toutefois, le discours est encore timide : rien de significatif – par exemple – sur la disparition des intérêts notionnels, sur la fraude fiscale et la fuite des capitaux, sur le rétablissement de la liberté de négociation salariale, ou concernant l’impôt sur la fortune.
Par contre, Paul Magnette s’est montré beaucoup plus bavard concernant la progression, annoncée par les sondages, du PTB. Même s’il ne s’agit que d’une photographie instantanée à un moment donné, il tempête : « l’extrême gauche surfe sur la colère » (il est obligé de reconnaître le mécontentement populaire grandissant, sans remettre en question pour autant la politique de régression sociale du gouvernement, responsable de cette désespérance !). Et il menace : chaque voix qui se portera plus à gauche « affaiblira le PS » !
Bref, face à la progression possible d’une gauche digne de ce nom, le PS en est réduit à une pauvre argumentation qui se résume à un slogan : le « vote utile » !
« Sans nous ce serait pire, il faut donc éviter de nous affaiblir » répète ainsi en substance et à satiété un Paul Magnette aux abois, qui compte bien courir les plateaux de télévision et les salles de rédaction pour délivrer son message passablement délavé…
Il omet visiblement de préciser que le seul but de son parti reste de retourner aux affaires, après le 25 mai, afin de pouvoir continuer à mettre en œuvre la politique exigée par les traités européens que ses amis ont ratifiés !
Et dans cette course (électoraliste) à l’échalote, il n’a finalement aucune exclusive, pas même contre la NVA ! On connait la musique : tout dépendra du choix de l’électeur, un choix qui sera naturellement respecté !
Le déclin idéologique du parti de la « Charte de Quaregnon » est tel que le PS a définitivement renoncé à tous les principes « socialistes » et à toute politique progressiste (nous n’osons même plus dire « de gauche », tant ce concept a été vidé de toute signification par une formation qui a abandonné toute perspective de rupture avec le capitalisme et de transformation structurelle de la société).
Il ne faudra pas compter sur Paul Magnette et ses pairs pour voir la campagne électorale prendre de la hauteur. Les débats politiques de fond seront encore escamotés et remplacés par des invectives, des anathèmes et des tentatives de dénigrement -au ras des roses- qui cibleront l’ennemi devenu principal : la liste PTB-GO !
Or, ce qui affaiblit la gauche, c’est la politique de collaboration de classes du PS, ce sont ses alliances permanentes avec les partis de droite, et ce à tous les niveaux de pouvoir, y compris dans les communes où il a obtenu la majorité absolue. Ainsi, à Mons, fief d’Elio Di Rupo, le choix du partenaire s’est porté sur… le MR. A Charleroi, c’est Olivier Chastel, tête de file du même MR, qui est le bras droit (c’est le cas de le dire !) de l’ambitieux bourgmestre.
C’est évident : le PS veut continuer à occuper tous les exécutifs, de l’Etat fédéral aux entités fédérées, pendant les cinq prochaines années. Il craint d’être perturbé, dans son excitant périple, par la présence d’élus de la gauche de gauche dans les assemblées parlementaires, qui mettront constamment le doigt sur ses turpitudes et ses reculs devant les exigences du capital !
La crispation de Paul Magnette et des ténors du social-libéralisme ne doit pas être cherchée plus loin.
—Alain Van Praet
Source : Rouge-Ecarlate