A première vue, cela ressemble à du féminisme, mais les Femen posent de grands problèmes qui ne peuvent être négligés. Elles font leur promotion en employant une démarche de pur marketing qui les mène à s’insérer sans problèmes dans la culture porno. Qui plus est, leurs conceptions sont racistes et néocoloniales.
Au début, je ne savais pas quoi penser du phénomène Femen. Le premier reportage que j’avais vu était très contradictoire. Il commençait par un gros-plan sur les jambes d’une membre de Femen et, ensuite, cela ne s’améliorait pas vraiment. Mais c’était peut-être plus la faute des journalistes que celle de Femen en tant que telle. Ce qui me plaisait, c’était qu’elles prétendaient protester contre le trafic humain et contre la prostitution. Mais elles n’étaient pas claires dans leur démarche et il me semblait légèrement contradictoire de protester contre la prostitution en vendant son propre corps aux média et en adoptant des poses pornographiques. Entretemps, il y avait eu aussi des remarques dénigrantes sur les femmes mariées. Mais, pensais-je alors, même si leur féminisme n’est qu’à petite dose, ce n’est déjà pas mal.
Et puis, me disais-je, de quel droit jugerais-je le féminisme dans d’autres pays ? Je n’ai rien contre le fait de protester nues, c’est peut-être un moyen pour apparaître dans les médias et que savons-nous, ici, de la situation en Ukraine ?
Haine contre les musulmans
Ensuite, il y eut les Jeux Olympiques et la haine contre les musulmans. Femen protesta contre la présence – ce sont leurs propres termes – de « pays Sharia », ce qui fait toujours un bon score dans les pays occidentaux. Ces mêmes pays occidentaux, gouvernés par les banques, sont ceux où des centaines de milliers de gens manifestent contre le mariage homosexuel, avec un appareil policier de plus en plus ouvertement répressif, la corruption à tous les niveaux, des partis racistes au pouvoir, une culture de la pornographie qui limite de plus en plus les libertés et une augmentation des violences sexuelles qui ne donne lieu à aucune répression ni formation significative… Mais non, des musulmans aux Jeux Olympiques ! [1]
Pour Femen, islam signifie violence, c’est pourquoi elles arborent des slogans tels que « Muslim women get naked, nudity = freedom » (« femmes musulmanes déshabillez-vous, nudité = liberté ») et « Topless Jihad » (« Jihad aux seins nus »). Là, c’est clair, la liberté sera tout de suite instaurée… Au milieu de toute cette islamophobie, une page de Femen publie une unique photo d’une femme noire avec comme sous-titre « no racism ». Certaines photos montrent une femme noire, seule dans une mer de femmes blanches – no racism. Je ne dis pas que d’autres organisations féministes dans les pays occidentaux soient exemptes de racisme, loin de là, mais une série d’organisations sont conscientes du fait qu’il y a un problème de racisme dans le féminisme et qu’on ne s’en défend pas en utilisant une femme noire comme alibi.
Pour les fans
Femen ne montre que des filles maigres qui répondent à l’idéal de beauté patriarcal. Il y a une exception : une fois, elles ont mis une femme grosse comme « symbole sexuel »sur un trottoir, avec des panneaux indiquant le danger. A mourir de rire. Une ex-membre de Femen au Brésil raconte que leur groupe avait reçu des commentaires du « quartier général » disant que l’utilisation de femmes grosses serait mauvaise pour le mouvement.[2]
La page web de Femen nous apprend que l’organisation sélectionne sur l’apparence et, dans l’école de Femen, les membres apprennent à garder leur corps au bon niveau. Commentaire d’une fan belge : « les femmes en Ukraine sont comme ça ». Encore une bonne blague.
Oui, ces fans, c’est peut-être le pire. Très peu de femmes, mais beaucoup d’hommes qui ont découvert le nouveau féminisme. Vous voyez comme la vie peut être simple, parfois. Il y a de nombreuses pages de fans collectionnant les meilleures photos, les plus sexy.[3] Il s’agit d’une admiration motivée uniquement par l’apparence et par une pseudo-rébellion.