Les résultats du premier tour des élections municipales en France sont très révélateurs des évolutions politiques en cours et sont dominés essentiellement par un rejet multiforme de l’actuelle majorité gouvernementale dirigée par le PS. Ras le bol contre François Hollande et sa politique d’austérité mais aussi ras le bol contre tous les appareils politiques. Ces sentiments se traduisent par une abstention massive ,surtout dans les milieux populaires. Plus de 38 % contre 33% en 2008 se sont abstenus. Près de 6O % dans des villes populaires comme Saint-Denis ,Montreuil ou Saint- Ouen. La déperdition vient donc essentiellement de l’électorat de gauche.
En même temps on assiste à une montée exceptionnelle du Front National qui ,dépassant les 10% dans près de 200 villes sera présent au deuxième tour avec une victoire révélatrice dès le premier tour dans un vieux bastion minier de la gauche PC à Hénin Beaumont. Utilisant les capitulations permanentes du PS devant le patronat, Marine Le Pen a réussi à symboliser en partie le sentiment largement partagé du « ni gauche ni droite,tous pourris ». Le FN fait des percées dans les milieux populaires y compris les villes où il n’y a quasiment pas d’immigrés.. Son équipe ne s’adresse plus aux vieilles couches que son père Jean Marie cajolait, à savoir les anciens collabos ou les anciens de l’Algérie française, mais aux couches populaires anti-systéme, anti-Europe et anti- immigrés, persuadées de ne pas être »fascistes ».
Il est évident que le gouvernement « de gauche » porte une énorme responsabilité dans cette percée et le climat de désarroi qui règne à gauche. Si le FN a gardé les principaux axes de sa fondation, il s’est dédiabolisé et, par exemple, se garde bien, pour le moment, de se conduire comme les nazis d’Aube Dorée en Grèce en s’en prenant physiquement au mouvement ouvrier. Il apparaît comme un mouvement nationaliste et populiste.
Dans ce cadre, le Front de gauche et surtout le PCF, avec ses alliances multiples notamment avec le PS dès le premier tour n’est pas apparu comme une alternative crédible et a été parfois battu par des candidats de droite. Le PCF appelle au rassemblement de toutes les listes de gauche, y compris celles du PS pour « battre la droite « au second tour. Sur cet appel, le PG de Mélenchon est divisé, comme le sont aussi les militants du PC qui ne comprennent pas qu’on puisse attaquer la politique du PS au premier tour et se retrouver avec lui au second..
Enfin, en-dehors du Front de gauche, le NPA a été présent dans une centaine de villes. Tantôt seul, tantôt sur des listes unitaires avec des composantes locales du front de gauche : surtout PG, Ensemble et parfois PC mais sur une ligne anti-austérité et d’indépendance totale par rapport au PS. Ces listes ont connu des résultats très différenciés avec quand même déjà une vingtaine d’élus. De 1 à 3 % pour le NPA dans la région parisienne, plus de 1O% à Carhaix en Bretagne ou Gérardmer dans les Vosges, de 5 à 15% pour de nombreuses listes unitaires. Bref un score qui tenait compte des spécificités locales ou de la personnalité des candidats. Mais globalement on ne peut pas parler de percée de la gauche anticapitaliste.
La semaine qui vient va permettre de clarifier les positions des uns et des autres et de voir si une remobilisation électorale de la gauche est possible.
En attendant les militant-e-s préparent activement la marche nationale unitaire contre l’austérité du 12 avril appelée par une centaine de personnalités du monde politique, syndical, associatif et culturel.