La situation sociale et politique en France requiert plus que jamais l’attention. Le PS est profondément discrédité par sa politique social-libérale. Les Verts, qui collaborent au gouvernement, sont entraînés dans la chute. Affaiblie par son bilan et rongée par ses divisions, la droite classique ne parvient pas à capitaliser le mécontentement. L’extrême-droite se profile comme alternative, en exploitant le désarroi. Celui-ci est d’autant plus profond que les appareils syndicaux – comme en Belgique – freinent les luttes et les divisent, afin de protéger le gouvernement. Mais leurs capacités d’encadrement sont beaucoup plus faibles que de ce côté-ci de la frontière, et les mobilisations se développent. Parmi les salariéEs, contre les licenciements, notamment en Bretagne. Et dans la jeunesse, contre la politique raciste et sécuritaire incarne par Valls, le ministre de l’Intérieur. Nous publions ci-dessous l’importante résolution adoptée dans ce contexte par le Conseil Politique National du NPA. (LCR-web)
1) Un gouvernement discrédité
Rien ne va plus pour François Hollande, le président le plus impopulaire au bout de dix-huit mois de mandat de toute l’histoire de la Vème république. Les médias spéculent sur sa personnalité mais en réalité le gouvernement est entraîné dans la chute par sa politique d’austérité et sa soumission aux exigences du patronat et des banques qui dressent les salariés et toutes les couches sociales contre lui, colère dont la révolte bretonne est devenue le symbole.
L’enlisement dans la guerre du Mali au nom de la lutte contre le terrorisme accentue le caractère réactionnaire de ce gouvernement.
Le pouvoir est discrédité, il tient grâce aux institutions de la Vème République qui lui permettent de contenir la crise politique d’autant qu’il n’y a, au stade actuel, pas de solution de rechange pour les classes dominantes. Cela crée une situation instable de crise chronique, de tensions politiques et sociales qui seront très probablement accentuées à l’issue des élections municipales et européennes.
Les reculs et défaites, l’absence de perspectives et d’alternative crédible du point de vue du mouvement ouvrier laissent les mains libres à la démagogie réactionnaire de la droite et du FN. Mais on peut penser que la révolte bretonne, les luttes contre les plans sociaux et la révolte de la jeunesse sont les premiers signes d’un retournement de situation dont il n’est pas exclu qu’elle puisse déboucher sur une explosion sociale.
2) Crise de l’agro-alimentaire breton, fermetures d’usine, plans sociaux, la faillite d’une politique
La crise de l’agro-alimentaire en Bretagne a révélé, de façon exacerbée, les effets dévastateurs de la politique menée au nom de la lutte contre les déficits et de la course à la compétitivité, politique qui nourrit les profits capitalistes et conduit à la ruine.
C’est aussi la crise d’un modèle de spécialisation régionale, d’agro-industrie productiviste qui a détruit les emplois agricoles et empoisonne la Bretagne et la nourriture qu’elle produit, une crise profonde sous les coups de la concurrence mondiale débridée à laquelle elle participe.
Le pouvoir a dû reculer en reportant sine die l’inique écotaxe, ce recul est l’aveu de l’échec d’une politique qui agresse les classes populaires, un aveu qui ne résout rien. La crise obéit à la logique du profit capitaliste. Au nom des impératifs de rentabilité financière les patrons se livrent à la plus farouche concurrence pour un coût du travail et des cours agricoles les plus bas ! Seuls les actionnaires s’engraissent alors que des milliers de salariés et de paysans sont abandonnés à leur sort
Dans tout le pays, et en Europe, la même politique produit les mêmes ravages. Les plans de licenciements déferlent, le chômage ne cesse d’augmenter. La lutte contre les déficits, l’austérité ruinent les services publics alors que la dette continue de croître du fait des subventions au patronat et que les impôts écrasent les classes populaires.
3) Ecotaxe, inefficace écologiquement, injuste, scandaleuse
Adoptée par l’Assemblée début 2009, à l’instar de la taxe carbone, l’écotaxe sur le transport routier est à la fois inefficace du point de vue environnemental et injuste du point de vue social. Elle ne peut en effet qu’accélérer la disparition des petites exploitations agricoles et de transports ainsi que des petits commerces, au profit de l’agro-business, des géants de la logistique et de la grande distribution… sur le dos des travailleurs et travailleuses qui forment la majorité des consommateurs, qui, au final, seraient les payeurs de la taxe.
Elle s’accompagne d’une scandaleuse privatisation de la perception de l’impôt. C’est en effet une société privée, Ecomouv, qui a été missionnée pour mettre en place les infrastructures et les gérer, dans le cadre d’un partenariat-privé-public (PPP) à l’issue d’une négociation scandaleuse menée par la droite avec la complicité du PS qui aujourd’hui voudrait s’en faire l’exécutant. Il est évident que la défense de l’environnement n’est ici qu’un prétexte pour accentuer les politiques néolibérales, dans tous les domaines.
Nous dénonçons non pas l’impôt ou la nécessité de défendre l’environnement mais l’injustice fiscale d’un gouvernement qui applique la politique mise en œuvre par Sarkozy dans le cadre du TSCG. Aujourd’hui, la totalité des recettes de l’impôt sur le revenu va au paiement des intérêts de la dette. Nous militons pour son annulation, la mise en place d’un monopole public bancaire, la fin des politiques d’austérité, une fiscalité qui frappe non les salaires et les retraites mais les revenus du capital.
4) Nous avions raison d’aller manifester à Quimper
Nous avions donc toutes les raisons d’appeler à la manifestation de Quimper issue d’un appel lancé à Carhaix par un collectif, rassemblé pour la défense des travailleurs de l’usine Marine Harvest frappée par une fermeture. Cette initiative, convoquée sur le modèle du collectif de défense de l’hôpital de Carhaix, et à laquelle participait le NPA, fut prise en lien avec le début de convergence qui s’est manifestée la semaine du 14 au 20 octobre entre les salariéEs des différentes usines (GAD, Marine Harvest, Doux, etc.).
La droite, le Medef et la FNSEA en étant à l’offensive contre l’écotaxe ont tenté de dévoyer cet appel et y ont partiellement réussi, aidés en cela par la direction de la CGT qui a préféré « botter en touche » plutôt que de s’affronter à l’ennemi de classe et de militer pour un mouvement posant le problème de l’interdiction ou pour le moins de la suspension des licenciements et faire reculer le gouvernement à l’image de son recul sur l’écotaxe.
Appeler à une manifestation « ouvrière » à Carhaix, en forçant la main y compris à d’autres syndicats comme Solidaires et la FSU et en recevant le renfort du PS et du gouvernement (déclarations de M. Lebranchu et Ayrault) , du député PS de la circonscription de Carhaix, d’EELV, du FdG (PG en tête avec la déclaration insultante de Mélenchon), ne pouvait que tromper ou au moins désorienter nombre de syndiqués et militants sincères qui ont cru que seuls la droite et le patronat allaient manifester à Quimper… aidés en cela par les médias qui ont martelé cette contre-vérité toute la semaine.
L’appel au soutien du FN qui n’était pas présent en tant que tel mais dont se réclamaient certains manifestants et la présence d’autres groupes d’extrême droite, est évidemment un problème politique auquel nous risquons d’être confrontés à nouveau. Ces appels et cette présence ont contribué au brouillage des objectifs de la manifestation et aux réticences d’une partie des militants du mouvement ouvrier à y participer. Leur faiblesse n’a finalement, sur place, pas pesé sur la manifestation. Mais la prise en compte de cette dimension dans nos choix d’apparition politique et dans notre propagande doit se poser.
Au final, la présence du NPA à Quimper a permis que se constitue dans la manifestation un pôle de gauche sur une orientation radicale pour l’interdiction des licenciements, en commun avec une partie du FdG, Attac, Breizhistance… Pôle visible et apprécié par de nombreux participants.
Ne pas développer notre propre orientation au cœur même de la mobilisation de masse eût été abandonner le terrain aux forces de droite, une dérobade. Une telle politique n’est pas sans risque mais toute politique en comporte.
Nous avons milité et continuons à militer pour l’unité du monde du travail et de ses organisations en opposition à la politique du gouvernement et du Medef, en solidarité avec toutes les couches sociales qui sont victimes de leur politique. Il appartient à la classe ouvrière et à ses organisations d’offrir une perspective politique d’ensemble à toute la population laborieuse pour ne pas laisser la droite et l’extrême droite dévoyer le mécontentement.
Le débat qui a divisé le mouvement ouvrier à cette occasion se posera à nouveau, certes dans des formes différentes car la dimension régionale, la question nationale en Bretagne y a accéléré le processus. Mais à l’évidence la lutte entre le mouvement social et les forces réactionnaires pour savoir qui donnera le ton, les perspectives, qui dirigera l’affrontement au gouvernement est en cours.
Cette bataille contre les forces réactionnaires est une bataille pour gagner l’influence politique sur le monde du travail et les classes populaires.
Elle se mène aussi sur le terrain des revendications à mettre en avant, à la fois sociales et écologiques: l’interdiction des licenciements qui ne confond pas défense inconditionnelle des salariéEs et défense de productions nuisibles à la santé et à l’environnement, la réduction massive du temps de travail comme seule réponse efficace au chômage, la créations d’emplois utiles dans l’agriculture paysanne, pour l’environnement et dans les services publics, l’augmentation des salaires (et de la protection sociale), une réforme fiscale radicale à l’opposé de l’augmentation de la TVA et autres impôts indirects injustes…
Sans se leurrer sur nos forces, c’est bien à ce niveau-là que nous devons élaborer notre politique, l’inventer car aucune réponse ne sera écrite par avance.
5) L’UMP incapable de profiter de la crise politique
La politique du gouvernement de la gauche libérale combinée à la passivité des directions syndicales alors que la direction du Front de gauche se refuse à agir en opposition laisse le champ libre au Medef, à l’UMP, au FN qui cherchent à dévoyer le mécontentement comme ils tentent de le faire en Bretagne. Mais l’UMP est incapable d’en profiter. Loin de se rassembler, elle se divise de plus en plus : « guerre des chefs » Sarkozy-Fillon-Copé et autres à l’UMP, projet concurrent qui prend consistance avec l’alliance UDI/MoDem. A ces divisions et rivalités, s’ajoute leur discrédit, que le fait d’être dans l’opposition ne suffit pas à effacer. L’écotaxe et la scandaleuse affaire d’Ecomouv viennent souligner leur lourde et pleine responsabilité tant dans la crise bretonne que dans la situation dramatique que connaît une large fraction du monde du travail dans tout le pays.
Au final, leurs surenchères réactionnaires et racistes ne profitent qu’au FN, accentuent sa « dédiabolisation », accroissent très fortement la porosité entre les électorats de droite et d’extrême droite, encouragent, malgré les déclarations de Copé, les accords locaux pour les municipales. De façon plus générale, elles entretiennent un climat nauséabond et délétère dans le pays dont le FN engrange les bénéfices pervers et dangereux. Tous les imbéciles réactionnaires se sentent encouragés à afficher leurs préjugés comme l’illustre le manifeste des 343 salopards ou la campagne orchestrée contre Taubira.
6) Le FN à la manœuvre
Tout cela crée le terrain propice au développement du FN qui a aujourd’hui l’ambition de devenir le parti dominant à droite sur la base d’un populisme xénophobe et anti-européen. Pour lui, les élections municipales sont l’occasion non seulement d’asseoir son influence électorale mais de se donner une implantation locale tout en accentuant les divisions et tensions au sein de l’UMP. Sa capacité à exploiter l’absence de projet collectif d’émancipation pour répandre davantage le poison raciste et nationaliste, et ainsi faire reculer encore plus l’indépendance de classe des travailleurs, est extrêmement utile aux classes dominantes dont il rêve de servir les intérêts.
Il tire sa force de se capacité à apparaître comme le principal opposant au « système UMPS » et à l’Union européenne. Ainsi, son succès à l’élection cantonale partielle de Brignoles résulte avant tout de l’abstention massive de l’électorat de gauche et de l’effondrement du conseiller général sortant PCF, qui se présentait comme le « candidat de toute la gauche », soutenu par le PS et le gouvernement.
Ces éléments non seulement permettent un nouveau développement des idées réactionnaires, alimentées par la politique du gouvernement notamment en matière d’immigration et de chasse aux Roms mais de plus elles libèrent des espaces pour des forces qui cherchent directement l’affrontement dans la rue comme on a pu le voir avec la « manif pour tous » ou à Quimper dans la présence et les violences organisées par des groupuscules fascisants.
Pour les anticapitalistes et les révolutionnaires, cela renforce la nécessité d’une opposition totale à la gauche gouvernementale comme à la construction capitaliste de l’Europe, et de la défense sur ces deux plans d’alternatives ouvrières indépendantes. Comme cela renforce la nécessaire déconstruction du programme politique, social et raciste de l’extrême droite, la reprise d’une lutte idéologique contre les discriminations et pour l’égalité des droits, l’organisation unitaire du mouvement ouvrier pour contrer son influence et favoriser l’auto-défense à chaque fois que nécessaire.
7) Une crise sérieuse au Front de gauche
Les rivalités au sein du front de gauche entre le PG et le PCF se cristallisent sur la question des élections municipales et des alliances dès le premier tour avec le PS. Le vote de la majorité des militantEs du PCF en faveur de l’alliance avec le PS sur Paris a accentué les tensions que l’on retrouve à travers tout le pays.
Ces rivalités ne recouvrent certes pas des divergences stratégiques, le PG comme le PC n’ont d’autres ambitions que de participer à une majorité gouvernementale à travers de nouvelles combinaisons parlementaires. D’où les efforts de Mélenchon en direction d’EELV qui se sont exprimés de façon particulièrement éloquente à l’occasion de la manifestation de Carhaix, son nouvel engouement pour l’écologie. Mais à travers cette confusion apparaissent les difficultés de fond des antilibéraux pour donner une crédibilité à leur politique de prétendus opposants qui ne s’opposent pas et finissent par s’allier à la majorité gouvernementale soit dès le premier tour soit au second après avoir tenté de changer les rapports de force. Les débats tant autour de la stratégie électorale que sur Quimper et les déclarations scandaleuses de Mélenchon nous ouvrent la possibilité de regagner l’écoute et la confiance de militantEs un temps grisés par les succès du FdG.
Cette évolution du FdG souligne l’importance de mener le débat avec ses différentes composantes, d’avoir une politique vis-à-vis d’elles tant dans les mobilisations que dans le cadre de la préparation des municipales en ne cédant rien sur l’indispensable indépendance vis-à-vis du PS et d’EELV, pour agir ensemble afin de préparer le nécessaire affrontement avec le gouvernement et le patronat, offrir une perspective politique aux travailleurs et à toute la population. Cette politique qui combine agir et faire agir dans les mobilisations, proposition politique, front unique doit être complétée d’un travail visant à reconstruire une alternative politique idéologique et militante d’ensemble.
8) Après la défaite sans combat des retraites, rompre avec la politique du dialogue social
Le rejet par le Sénat du projet de réforme des retraites n’empêchera nullement le gouvernement d’aller jusqu’au bout de son attaque contre les salariés.
Dans cette question plusieurs éléments se sont conjugués : bilan négatif tiré de l’échec des mobilisations de 2010, refus des directions nationales de s’opposer frontalement au gouvernement en n’exigeant pas le retrait du projet en acceptant le jeu du dialogue social, faible capacité de mobilisation des équipes combatives. Les reculs sociaux accumulés depuis des décennies sont à la racine de la dégradation du rapport de forces au détriment de la classe ouvrière.
Les directions confédérales ont tout fait pour freiner la mobilisation et faire passer la nouvelle contre-réforme des retraites sans combat, en entretenant les confusions, la désorientation existant parmi les salariés et les classes populaires. Par-delà leurs nuances ou différences, ces directions non seulement refusent de combattre frontalement le gouvernement mais s’emploient à le couvrir, le protéger. L’absence de perspective générale a étouffé toutes les volontés militantes visant à organiser une véritable riposte.
Cette politique accentue encore la confusion et le désarroi dans les rangs des travailleurs, en même temps qu’elle aide les manœuvres de tout type émanant du patronat, de la droite ou de l’extrême droite. Elle rend aussi plus difficile l’expression d’une opposition aux idées réactionnaires et nauséabondes : « matraquage fiscal » et « moins d’Etat », racisme, stigmatisation des Roms, autoritarisme qu’il soit porté par Valls ou par le FN…
Cependant, même si les rapports de force se sont dégradés encore plus ou, peut-être, du fait de cette dégradation, bien des militantEs ou des équipes militantes prennent conscience de la nécessité de réagir. Une de nos préoccupations essentielles est de donner une perspective à ces militantEs, de travailler à tisser des liens entre elles et eux pour construire un syndicalisme fondé sur l’indépendance de classe.
Face aux dérobades des appareils réformistes syndicaux et politiques, les militantEs du NPA contribuent, avec toutes et tous les militantEs syndicalistes et du mouvement social qui en sont partie prenante à impulser les luttes en défendant une politique d’auto-organisation – assemblées générales souveraines, comités de lutte, d’action et de grève, coordinations.
Notre intervention a pour but de développer et unifier, centraliser les résistances contre le gouvernement et contre le patronat autour de revendications anticapitalistes ou démocratiques radicales qui répondent aux objectifs des mobilisations tout en mettant en cause le système, en particulier l’interdiction des licenciements couplée à la mise sous contrôle public ou la réquisition des entreprises qui ferment ou licencient, à l’ouverture des livres de compte.
Nous défendons l’indépendance de classe des travailleuses et des travailleurs pour construire une opposition politique au gouvernement. Cela pose la question du pouvoir, d’un gouvernement des travailleurs et des classes populaires de la façon la plus accessible au plus grand nombre pour sortir de la crise, rompre avec le capitalisme et pour la construction d’une autre Europe, libérée de l’exploitation et de l’oppression, une Europe de la coopération démocratique entre les travailleurs et les peuples.
9) Se saisir de chaque occasion, de chaque mobilisation, faire converger les luttes
Penser, élaborer une politique pour la classe ouvrière suppose d’avoir des initiatives et l’audace pour la défendre, la faire connaître sans nous bluffer sur nos propres moyens et nos propres forces. Là encore, l’exemple de la politique que nous avons menée à Quimper est une leçon de choses, nous devons nous faire nos propres porte-parole, préserver notre indépendance, occuper le terrain, c’est la seule façon de nous faire entendre, de gagner de l’influence.
L’augmentation des chiffres du chômage qui se nourrit d’une nouvelle vague de plans de licenciements ou de menaces de fermetures (Fagor-Brandt, GoodYear, Alcatel, Bretagne…) rend indispensable une activité militante visant à regrouper les équipes syndicales et à faire converger les mobilisations. La perspective d’une manifestation nationale pour l’interdiction des licenciements, que nous avons proposée aux forces politiques que nous avons rencontrées, si elle est à cette étape essentiellement propagandiste, doit permettre de travailler à mettre en lien les militants, à leur donner un objectif commun et à débattre avec les partis à la gauche du PS.
La bataille pour la convergence des luttes, à partir des mobilisations réelles, est inséparable de la défense de notre propre politique pour préparer l’indispensable affrontement avec ce gouvernement et s’opposer au patronat et à l’Union européenne capitaliste.
La grève du 14 novembre sur les rythmes scolaires est une nouvelle illustration des possibilités d’unir les salariés et la population autour d’exigences communes contre le gouvernement et sa politique en se dégageant de la passivité des directions syndicales.
Une mobilisation régionale à Rennes le 23 novembre aurait pu permettre la convergence des salariéEs des entreprises en lutte contre les licenciements, et de la colère des jeunes, des chômeurs/euses et des précaires inquietEs pour leur avenir. Le NPA regrette l’éclatement en manifs départementales, largement en deçà des impératifs du moment. Nous serons présents à Lorient, St Brieux, Morlaix et Rennes avec un de nos porte parole. Nous défendrons la suspension immédiate des licenciements, pour aller vers l’interdiction des licenciements, l’ouverture des livres de comptes des entreprises qui licencient, et nos propositions contre l’injustice fiscale et contre le système agro-industriel existant et pour un autre modèle agricole. Une manifestation du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » dit des Bonnets rouges est programmé le 30. Jean-Luc Mélenchon, lui, propose de manifester à Paris le 1er décembre pour « la révolution fiscale » et contre la hausse de la TVA. Le PCF s’est rallié à l’initiative en lui donnant un cadre plus général. Cette dernière proposition vise à capter le mécontentement en faveur du Front de gauche. Amplifier le mouvement, lui offrir une perspective qui rassemble les révoltes sociales exige une politique pour et à travers les mobilisations en cours pour aider à leur victoire. Si cette initiative est conçue comme un désaveu de celle des bonnets rouges, elle est condamnée d’avance. Si elle ne vise pas à la convergence des luttes nécessaires contre les licenciements, contre la politique d’austérité du gouvernement, elle se résumera à un coup politique au service du PG voire du FdG. Au contraire si elle devient une marche unitaire, qui cherche à rassembler dans le respect de toutes et tous, à prolonger les mobilisations en cours pour les étendre et les faire converger, elle peut devenir un moment important pour renforcer et amplifier les mobilisations, construire une mobilisation globale, sociale et politique : pour une fiscalité anticapitaliste, pour l’interdiction des licenciements, l’arrêt des politiques d’austérité, la fin des expulsions d’enfants scolarisés. Nous écrierons une lettre au FdG et à l’ensemble de ces composantes comme à toutes les organisations syndicales et politiques à la gauche du PS en vue d’une réunion unitaire visant à donner un tel contenu à l’initiative du 1er décembre.
Le 7 décembre 2013 une manifestation nationale aura lieu au départ de l’église Saint-Bernard vers la place de la République à Paris contre le racisme et pour l’égalité des droits et la justice pour touTEs. 30 ans après l’arrivée historique de la Marche pour l’égalité et contre le racisme qui avait rassemblé 100 000 personnes, les raisons de marcher contre le racisme et pour l’égalité des droits ne manquent pas. Violences policières, droit au séjour, islamophobie, chasse aux Rroms, discriminations, plus que jamais, le racisme est au cœur des politiques de l’État. Se plaçant de fait dans la continuité de celle de ses prédécesseurs, la politique du gouvernement Hollande ne peut qu’encourager la libération des discours et des agressions racistes. C’est pourquoi, le NPA sera présent et marchera, au côté des associations et collectifs de terrain qui se battent contre le racisme et ses conséquences, depuis plus de 30 ans pour certainEs.
10) Une nouvelle génération militante commence à émerger
La mobilisation de la jeunesse sur Paris à la veille des vacances scolaires contre l’expulsion de Leonarda et de Khatchik, la reprise du mouvement, y compris à travers tout le pays, à la rentrée même si cela a été très minoritaire, témoignent de ce que la jeunesse a gardé intactes ses capacités de révolte.
Par-delà cette mobilisation qui remet en cause la politique gouvernementale sur le fond politique, il est de notre responsabilité d’offrir aux jeunes qui cherchent une réponse, une issue, des perspectives qui lient la révolte contre le racisme et l’injustice au rejet de ce gouvernement et la lutte contre les idées réactionnaires et le FN au combat pour la transformation révolutionnaire de la société.
La façon dont nous nous adressons aux jeunes englobe luttes contre le racisme et les idées réactionnaires, propositions autour des questions écologiques, combat contre ce gouvernement, lutte contre l’extrême droite et perspective de transformation révolutionnaire de la société.
Faire du NPA un cadre militant ouvert, accueillant, démocratique, dynamique riche intellectuellement susceptible d’attirer les jeunes, des aider à trouver la voie de l’engagement politique est la responsabilité de toutes et tous.
11) Des points d’appui pour relancer, construire le NPA
Les difficultés que nous rencontrons sont grandes et, à des degrés divers, tous les comités les vivent. Dans un contexte de recul, nous manquons de ressources collectives pour impulser, animer une activité propre du NPA pour porter, défendre nos idées. Pour les surmonter nous ne manquons pas de points d’appui. La crise que connait toute la gauche syndicale et politique ouvre un large champ de discussions à travers lesquelles nous pouvons ouvrir des perspectives aux inquiétudes et aux déceptions. Les mobilisations de la jeunesse, contre les licenciements, les rythmes scolaires, sont autant de cadre pour faire connaître nos idées, aider à la construction des luttes…
La préparation des élections municipales aussi. Nous avons commencé cette bataille mais nous n’en sommes qu’au début au sens où le cadre politique se met en place en particulier du fait des rivalités au sein du Front de gauche et de sa crise. Les équipes militantes ou les groupes locaux du PG voire du PC qui veulent rester indépendant du PS au premier comme au second tour sont autant d’alliés possibles. Nous devons aussi miser sur le fait que la prise de conscience de l’importance de la présence de listes anticapitalistes évolue en rapport avec l’évolution globale de la situation sociale et politique.
Au stade actuel, rien n’est tranché et nous engageons notre campagne dans le plus grand nombre d’endroits possibles en défendant la nécessité d’être présent, en cherchant des alliés, à convaincre, en construisant nos listes.
Nous voulons convaincre de l’utilité qu’il y ait des listes d’opposition au gouvernement, qui refusent tout accord avec le PS au premier comme second tour, et soient de véritables porte-parole des travailleurs et des classes populaires contre les politiques d’austérité.
Cette bataille est aussi une bataille de relance et de construction du NPA pour accueillir celles et ceux qui, à nouveau, regardent vers nous, redéployer notre activité et bien sûr réussir la campagne financière. Comme pour les signatures pour l’élection présidentielle il s’agit d’une campagne centralisée qui relève des responsabilités de l’ensemble des comités comme de toutes les instances de notre organisation. Il s’agit d’engager maintenant une véritable collecte de fonds pour les anticapitalistes.
Ces tâches de construction seront au cœur de la rencontre nationale des comités avant la rencontre privé public en janvier une échéance importante pour développer notre intervention sur les lieux de travail.
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