Le 11 juillet dernier, les Nations unies publiaient un rapport intitulé « Gaza, 10 ans après », consacré à la situation économique, sociale et humanitaire dans l’enclave palestinienne sujette au blocus israélien. Un constat et des chiffres accablants.
«L’idée est de mettre les Palestiniens à la diète, mais de ne pas les faire mourir de faim », expliquait en 2006 Dov Weisglass, alors proche conseiller du Premier ministre israélien Ariel Sharon. Le Hamas venait de gagner les élections législatives et le gouvernement israélien avait décidé de prendre des mesures de rétorsion à l’égard de la population palestinienne, entre autres en resserrant l’étau autour d’une bande de Gaza déjà isolée. Un an plus tard, le blocus de Gaza était officiellement décrété, avec la fermeture des points de passage et des restrictions draconiennes sur les exportations et les importations.
Une économie dévastée
La bande de Gaza, petite bande côtière (365 km2) surpeuplée dont la grande majorité de la population est composée de réfugiéEs, est depuis des décennies une zone particulièrement pauvre et non viable économiquement. L’économie gazaouie est non seulement dépendante de la possibilité d’exporter ses productions et d’importer tout ce qui ne peut être fabriqué sur place, mais aussi des autorisations accordées aux travailleurEs de Gaza de se rendre en Israël pour y exercer une activité. En 1987, ce sont 80 000 travailleurEs qui traversaient quotidiennement le point de passage d’Eretz, un chiffre qui n’a cessé de décliner depuis, pour atteindre zéro.
Le contrôle sur les importations et les exportations n’a pas commencé en 2007, mais il a pris un cours particulièrement dramatique depuis la mise en place officielle du blocus, puisque les seuls terminaux par lesquels des marchandises peuvent transiter se trouvent sous contrôle israélien. En raison des restrictions imposées par la puissance occupante, l’activité économique n’a cessé de décliner. Les chiffres de l’ONU illustrent cet étouffement : le PIB par habitant est évalué à 1 038 $ (contre environ 5 000 $ en Cisjordanie et… 38 000 $ en Israël), et le taux officiel de chômage atteint désormais 42 % (60 % chez les jeunes et 64 % chez les femmes).
Survie quotidienne
Les restrictions sur les importations, notamment sur les matériaux de construction, ont également des conséquences sur les infrastructures de la bande de Gaza, a fortiori dans la mesure où cette dernière subit régulièrement des bombardements dévastateurs de l’armée israélienne. Ainsi, sur les 274 jardins d’enfants détruits ou endommagés lors de l’offensive de 2014, 181 nécessitent encore d’être remis en état. Les infrastructures hospitalières ne permettent pas de prise en charge réelle d’une population qui croît rapidement : depuis 2010, le nombre de lits d’hôpitaux est passé de 1,8 à 1,58 pour 1 000 habitants, le nombre de médecins de 1,68 à 1,42 et le taux de survie aux cancers du sein est passé de 59 % à 46 %.
Plus frappant peut-être, les chiffres concernant l’accès à l’eau et à l’électricité témoignent d’une autre manière de ce qu’est devenue la (sur-)vie quotidienne des GazouiEs. L’accès à l’électricité est limité à environ trois ou quatre heures par jour (à des horaires variables), ce qui paralyse non seulement l’activité économique, mais aussi nombre d’activités sociales et interdit l’usage, entre autres, de réfrigérateurs, congélateurs, climatiseurs, ascenseurs, etc. Alors que plus de 98 % de la population bénéficiait d’un accès quotidien à l’eau potable en 2000, ce chiffre est tombé à moins de 10 % aujourd’hui, et l’ONU estime qu’à la fin de l’année il n’y aura plus d’eau potable dans les réserves naturelles de Gaza qui sera alors totalement dépendante des importations.
Mettre fin au blocus
Dans la bande de Gaza, ce sont ainsi plus de deux millions de personnes, dont 43 % ont moins de 15 ans, qui tentent de survivre dans un véritable enfer. Les timides réactions au rapport de l’ONU et, pire encore, les commentaires selon lesquels les responsabilités de la tragédie en cours à Gaza seraient partagées entre Israël, le Hamas et l’Autorité palestinienne, témoignent de la nécessité de rappeler une vérité simple : rien ne peut justifier le blocus illégal et inhumain imposé par Israël, avec la complicité de l’Égypte, aux GazouiEs.
Les rivalités de pouvoir entre Hamas et Autorité palestinienne, leurs pratiques autoritaires, la corruption de secteurs entiers de la direction du mouvement national peuvent et doivent être critiquées, mais elles ne sont en aucun cas des arguments pour légitimer le déni de droit dont est victime, collectivement, le peuple palestinien, à Gaza et ailleurs. Une évidence que nous ne cesserons de répéter, aux côtés de toutes celles et de tous ceux qui refusent d’abdiquer leur solidarité avec un peuple victime d’une injustice historique qui n’a que trop duré.
Source : NPA