Le 20 mars dernier, le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), organisme des plus sérieux qui étudie toutes les questions relatives au cancer pour l’OMS (Organisation mondiale de la santé), classait l’herbicide le plus utilisé au monde comme cancérogène probable. Il affirme disposer de fortes preuves établissant les toxicités de cette molécule sur l’ADN de tous les êtres vivants…
On ne compte plus les scandales dans lesquels l’EFSA (European food safety agency, agence européenne de sécurité des aliments en bon français) a été impliquée, la plupart du temps du fait de conflits d’intérêt impliquant plusieurs de ses experts ou dirigeants… ayant des liens avec les industries que l’agence est censée superviser. Son avis était aussi très attendu car il est généralement suivi par la Commission européenne (dont on connaît l’indépendance vis-à-vis des lobbies de la chimie !) qui doit renouveler l’autorisation de mise sur le marché pour les dix années à venir.
Le produit phare de Monsanto est produit à plus de 700 000 tonnes par an. Il est connu pour son association avec les OGM dits Roundup-ready, ces plantes imbibées de glyphosate qui deviennent résistantes au produit, que nous consommons en mangeant de la viande d’animaux nourris avec des OGM, ou directement des aliments en contenant. La question de la toxicité du glyphosate est donc une question de santé publique majeure.
Alors par quel tour de passe-passe l’EFSA arrive-t-elle à la conclusion opposée de celle du CIRC ?
Des pseudo-scientifiques à la solde des industriels de la chimie
Le glyphosate n’est jamais utilisé pur car il ruissellerait sur les feuilles et serait inefficace. Il est donc toujours vendu mélangé avec un adjuvant, et on soupçonne depuis fort longtemps que ces adjuvants jouent un rôle clé dans la toxicité du glyphosate. De nombreuses études sur le terrain montrent que ces produits sont génotoxiques. Pas gênant pour l’EFSA qui tout bonnement a décidé de les ignorer sous prétexte que le glyphosate n’était pas pur ! Avec ce genre de raisonnement, on pourrait ignorer toutes les études sur la toxicité de l’alcool puisque on ne le boit pas pur…
Concernant la méthodologie, ni l’EFSA ni le CIRC ne font des études propres, mais recensent et étudient les recherches existantes. Pour le CIRC, seules les études scientifiques publiées (et donc validées par des scientifiques) sont dignes d’être utilisées, alors que l’EFSA n’hésite pas à prendre en compte les études non publiées (comprendre les études des industriels…). On retrouve ici exactement le même problème qu’avec les OGM (pas surprenant puisque ce sont les mêmes entreprises qui sont concernées…), où l’Europe autorise des substances ou semences… en se basant sur les recherches de Monsanto et consorts ! C’est ce qui a permis pendant des années à Monsanto de prétendre que le glyphosate était un désherbant propre, biodégradable.
Ça ne s’arrête pas là, puisque l’EFSA n’hésite pas, contre toutes les règles scientifiques, à utiliser des groupes témoins constitués de souches de souris différentes ou des groupes de témoins « historiques » qui n’ont rien à voir avec ces études.
N’étant pas à une contradiction près, l’EFSA a fixé un seuil de sécurité toxicologique qui indique qu’il ne faudrait pas consommer plus de 0,5 mg de glyphosate par kg de poids. On se demande bien pourquoi puisque ce produit est prétendument non toxique…
Il est clair que l’EFSA avec la bénédiction de la Commission européenne est gangrénée par des pseudo-scientifiques à la solde des industriels de la chimie. Les conséquences sanitaires risquent d’être catastrophiques : il suffit de voir les effets de l’exposition des populations au glyphosate dans les zones (particulièrement en Amérique du sud) où les OGM sont semés à grande échelle : cancers, malformation.
Source : NPA