Qui aurait pensé qu’un film et un appel lancé par Ken Loach aboutiraient un an plus tard à un nouveau parti de 1 200 membres regroupés en plus de 50 sections locales ?
Le succès de Left Unity (LU) est dû au vide qui existe à gauche. Malgré la brutalité des politiques d’austérité menées par la coalition des conservateurs et des libéraux, le Parti travailliste ne promet qu’une politique d’austérité « light » s’il revient au pouvoir. Il s’engage même à respecter pendant les deux premières années de son futur mandat l’austérité prévue par le gouvernement actuel. Il ne soutient même pas le recours à la grève pour l’emploi et les retraites dans le secteur public, refuse de soutenir les appels à renationaliser la poste ou les chemins de fer. C’est pourquoi la plupart des militants qui veulent lutter ne se reconnaissent pas en lui.
Pour autant, les groupes d’extrême gauche comme le Socialist Workers Party (SWP) et le Socialist Party n’attirent pas ces militants, soit parce qu’ils ne travaillent pas à la construction de véritables mouvements de masse ou parce que les appels à rejoindre leur propre parti sont en avance sur le degré de conscience de ces militants. Autre obstacle pour le SWP, la crise qu’il traverse et les scissions suite à sa gestion des accusations d’agression sexuelle portée contre l’un de ses dirigeants.
Les premiers pas…
D’autres forces comme Socialist Resistance et des militants indépendants avaient déjà appelé à la construction d’un nouveau parti large. La collaboration de Ken Loach a rendu cela possible et les projections de son film, l’Esprit de 45, sur les conquêtes des classes populaires dans l’après-guerre, a servi de point d’appui pour organiser des réunions.
Un an plus tard, en novembre 2013, un congrès de fondation regroupait 600 participants avec une préoccupation : ne pas répéter les erreurs du passé. Pour commencer, Left Unity n’est pas une coalition mais un véritable parti regroupant des membres cotisants. Les expériences antérieures, comme Respect, se sont heurtées au refus de leaders d’adopter un fonctionnement démocratique. Preuve que LU est différent, plusieurs amendements de Ken Loach ont été rejetés, les différentes plateformes bénéficiaient de droits égaux, et les statuts garantissent les droits des minorités et la parité.
Left Unity n’en est encore qu’à ses premiers pas. D’autres conférences se pencheront dans les prochains mois sur les campagnes prioritaires, l’intervention électorale et nos orientations générales. En plus de Socialist Resistance, d’autres organisations comme Workers Power et le CPGB sont impliqués. Plus significatif, beaucoup de membres de la première scission du SWP sont partis prenantes du processus, et nous avons bon espoir que la deuxième scission le sera aussi. Parallèlement, des discussions se mènent pour unifier plusieurs groupes révolutionnaires. Si cette unification voit le jour et qu’il y a un accord sur la nécessité de construire Left Unity, ce sera un grand pas en avant.
À cette étape, LU regroupe un nombre significatif de militants inorganisés, mais peu de jeunes, et c’est une priorité en terme de construction. Notre but est de gagner des militants syndicaux, du mouvement étudiant, écologiste et féministe.
75 % se sont prononcés pour une perspective anticapitaliste large, plutôt qu’un programme révolutionnaire détaillé tranchant les questions stratégiques. Socialist Resistance fait partie de cette majorité. De nombreux aspects de l’expérience de Syriza nous ont inspirés. Nous devons œuvrer avec les milliers de militants qui veulent se battre, mais qui ne se considèrent ni léninistes ni même révolutionnaires.
De Londres, Dave Kellaway
(Traduction Raymond Adams)