Dès la capitulation de Tsipras face à la troïka, la LCR a souligné la nécessité d’une nouvelle recomposition de la gauche grecque. Il est en effet capital que les 62% de Grec-que-s qui ont voté OXI (non) lors du référendum du 5 juillet trouvent un nouveau prolongement politique de gauche à la lutte contre toute austérité, sans quoi les nazis profiteront de la situation. Un pas important dans le sens de cette recomposition vient d’être franchi. En effet, suite à la convocation d’élections anticipées par Tsipras – une manœuvre visant à couper l’herbe sous les pieds de l’opposition et à éliminer les contestataires du parlement grâce à la loi qui stipule que les listes électorales sont constituées par les directions des partis – la Plateforme de gauche dans Syriza a décidé de former un nouveau groupe politique, « Unité Populaire ». Nous reproduisons ici un post sur facebook de Stathis Kouvelakis, militant de la Plateforme de gauche. Il va de soi que toute la gauche européenne est concernée par ces très importants développements. Il est à espérer que l’ensemble des forces anti-austérité, celles issues de Syriza et celles qui composent Antarsya, se retrouvent au coude à coude dans cette nouvelle phase du combat, dans le respect des spécificités de chacun (LCR-Web)
Tôt dans la matinée, 25 députés de SYRIZA ont quitté le groupe parlementaire de leur parti pour créer un nouveau groupe sous le nom d’Unité Populaire. La plupart de ces députés sont affiliés à la plateforme de gauche, mais d’autres également se sont joints comme Vangelis Diamantopoulos ou Rachel Makri, un proche collaborateur de Zoe Kostantopoulou.
C’est une évolution majeure dans la politique grecque, mais aussi pour la gauche radicale, en Grèce et à un niveau international.
Trois éléments doivent être soulignés.
Le premier est que « Unité Populaire » est le nom du nouveau front politique qui regroupera les treize organisations de la gauche radicale qui ont signé le texte du 13 août appelant à la constitution du Front du Non. Ce Front est, par conséquent, le premier résultat concret d’une recomposition au sein de la gauche radicale grecque. Une recomposition qui tire les leçons de ces cinq dernières années et bien sûr, de l’expérience de Syriza au pouvoir et de la catastrophe qui en résulte.
Le deuxième est que l’objectif du front est de constituer l’expression politique du Non, comme il a été exprimé dans les élections de janvier et lors du référendum du 5 juillet. Les principales lignes programmatiques sont la rupture avec l’austérité et les mémorandums, le rejet de tous les privatisations et la nationalisation sous contrôle social des secteurs stratégiques de l’économie, en commençant par le système bancaire, et, plus largement, un ensemble de mesures radicales qui feront pencher l’équilibre des forces en faveur du travail et des classes populaires et qui ouvrira le chemin de la reconstruction progressiste du pays, de son économie et de ses institutions.
Ces objectifs ne peuvent être réalisés sans sortir de la zone euro, comme la récente catastrophe l’a abondamment démontré, et sans rompre avec l’ensemble des politiques institutionnalisées par l’UE. Le Front luttera également pour un combat internationaliste unitaire autour d’objectifs communs à l’échelle européenne et internationale et appuiera la sortie de l’OTAN, la rupture des accords existants entre la Grèce et Israël et l’opposition radicale aux guerres et interventions impérialistes.
Le troisième est que ce nouveau groupe parlementaire est maintenant le troisième en taille au parlement grec, devant Aube Dorée, le parti néonazi. Cela signifie que, dans les prochains jours, son dirigeant, Panagiotis Lafazanis, aura un mandat de constituer un gouvernement qui durera pendant trois jours, comme le stipule la constitution grecque. Après la démission du gouvernement Tsipras ce mandat est maintenant entre les mains du deuxième parti du Parlement, la Nouvelle Démocratie, le principal parti d’opposition de droite. Ce laps de temps sera utilisé par l’Unité Populaire pour déclencher un vaste débat et la mobilisation de toutes les forces sociales qui veulent combattre l’austérité et les mémorandums, les précédents ainsi que le nouveau.
Le programme du parti et l’ensemble de ses soutiens parmi lesquels des personnalités de la gauche grecque, ce qui devrait être assez impressionnant, seront rendus publics en début de la semaine prochaine.
Athènes, le 21 août 2015