La grève de ce lundi 15 décembre à été largement suivie dans les différentes régions et les différents secteurs. Malgré quelques agressions à déplorer contre plusieurs grévistes, la grande majorité des piquets se sont tenus sans incidents. Nous publions ci-dessous les commentaires de quelques militants sur le terrain.
Dans la région de Charleroi, la grève du 15 décembre a remporté un succès encore plus grand que celle du 24 novembre. Toute l’activité économique a été paralysée. Pas de trains, bien sûr, mais pas non plus de bus ni de métro. Pas de décollage ni d’atterrissage à l’aéroport de Gosselies (grève de Belgocontrol). Blocage complet des grandes entreprises et des zonings industriels dans toute la région. Mouvement très largement suivi dans l’enseignement, les ministères et les administrations. Nombreux barrages filtrants (rond-point du Boulevard Tirou, Samaritaine, rond-point de la N5 à hauteur de Caterpillar, aéroport…). Service minimum dans les hôpitaux.
Au quartier général du front commun, organisé cette fois-ci à la FGTB, les militant.e.s rouges, vert.e.s et bleu.e.s vont et viennent, prêt.e.s à intervenir en fonction des demandes de renfort des piquets, régulièrement répercutées au micro. Ces demandes concernent quasi-exclusivement les secteurs de la construction et du commerce, en particulier les surfaces commerciales de City-Nord et de Ville2. La plupart des interventions se font calmement, les travailleur.euse.s ne demandant pas mieux que de rejoindre le mouvement.
Peu d’incidents à signaler (à la police vers 3H du matin, chez Match à Marcinelle plus tard dans la journée). Aux barrages filtrants ou à l’entrée des zones commerciales, la grande majorité des automobilistes se disent solidaires du mouvement. A Gerpinnes, toutefois, un conducteur a blessé plusieurs grévistes en passant en trombe à leur hauteur.
Tournai: licenciements à venir chez 3 Suisses
Du côté de Tournai aussi, la grève a été bien suivie. Dès 6h45, nous avons fait le tour des piquets où nous avons été généralement bien accueillis. Le discours sur la fiscalité et l’évasion fiscale, Luxleaks notamment passe assez bien, la préservation des services publics aussi. Une grande question subsiste: que mettre à la place? Une véritable démocratie, issue d’un débat démocratique? L’idée fait sourire, les gens sont lassés de la politique (politicienne).
Les employé(e)s des 3 Suisses à Orcq sont désespéré.e.s, 127 licenciements, le site fermera ses portes au printemps. Nous étions également sur le piquet de la prison de Tournai. Un incident à déplorer dans la région: un membre du PTB, qui faisait un barrage filtrant pour la CSC à Froyennes, a reçu un coup de batte de base-ball. Le malheureux a dû être hospitalisé pour apparemment une fracture ouverte à la tête.
Mons-Borinage: pressions patronales dans les PME
Grande détermination du côté de Mons-Borinage. Les transports en commun étaient à l’arrêt et les zonings industriels bloqués. Dans le zoning de Cuesmes, les militant.e.s bloquaient les entrées. Certains travailleurs non-syndiqués tentaient de passer les barrages à pied sous la pression des patrons. Certains étaient même obligés d’envoyer des photos des piquets avec leur smartphone pour démontrer au patron qu’ils ne pouvaient vraiment pas passer. Beaucoup étaient content.e.s de la présence des syndicats: «C’est bien que vous soyez là», a-t-on pu entendre à plusieurs reprises. Les militant.e.s syndicaux/ales ont également fermé plusieurs PME dans le zoning. Plus l’entreprise est petite, plus la pression patronale est forte pour obliger employés à travailler un jour de grève. Mais le rapport de force est là, face à la masse des militant.e.s, les concessionnaires et autres PME ferment un à un.
Un appel au renfort est transmis, des camarades partent renforcer un piquet dans le zoning de Frameries. Dans la région, certains automobilistes tentent de forcer des barrages filtrants, des actes de violence sont à déplorer ; des grévistes sont blessés. Certains conducteurs n’hésitent pas à avancer en emportant un travailleur sur le capot de la voiture…
Pas question de céder!
Retour à Charleroi. Aux piquets, avant l’aube, la pluie froide et le vent coupant ne favorisent pas les discussions. Mais au QG, autour d’un café chaud, les discussions vont bon train. L’arrogance du gouvernement et les provocations du patronat sont sur toutes les lèvres. Mais pas question de céder: «Les quatre points du front commun syndical, c’est un plancher», nous dit par exemple Isabelle Wanschoor (responsable Hainaut de la CNE). Pour toutes et tous, la cause est entendue: on continue, on lâche rien!
AGENDA
Ce mercredi 17 décembre à 19h30 à la FGTB Charleroi
Conférence-débat :
Un mois de lutte contre l’austérité. Et maintenant? Quel programme? Quelles perspectives?
Avec Daniel Piron (secrétaire régional interprofessionnel FGTB Charleroi-Sud Hainaut), Isabelle Wanschoor (secrétaire provinciale Hainaut de la CNE) et Freddy Mathieu (Ex-secrétaire régional FGTB Mons-Borinage, membre de la LCR).
Plus d’infos : http://www.lcr-lagauche.org/agenda/un-mois-de-lutte-contre-lausterite-et-maintenant-quel-programme-quelles-perspectives/