A la veille de la journée nationale de grève générale du 15 décembre, qui a été un immense succès, les libéraux, la N-VA et le patronat ont déclenché une campagne d’intoxication contre la grève, campagne abondamment relayée par les médias. « Preneurs d’otages ! », « Entrave à la liberté du travail », ont clamé ceux qui rêvent de revenir à l’époque de Charles Woeste, quand à la fin du 19e siècle la garde civique fusillait les grévistes.
Le MR et la N-Va en première ligne
Le MR et la N-VA ont été en première ligne dans cette campagne de haine. Dame, alors que pendant une dizaine d’années les ténors du MR (Borsu, Chastel, Ducarme et consorts) se sont morfondus en attendant de pouvoir décrocher un maroquin ministériel, aujourd’hui pour eux c’est Byzance. Avec 7 postes de ministres au gouvernement fédéral, le MR est prêt à tout pour défendre son morceau de bidoche, même s’il faut pour cela se boucher le nez pour côtoyer des ministres d’extrême-droite. Jambon a écrit à tous les bourgmestres pour faire intervenir la police contre les piquets de grève.
Le patronat
Même son de cloche du côté du patronat : Pieter Timmermans (FEB), Olivier Willocks (patronat bruxellois), l’UNIZO, les classes moyennes et tout le tintouin ont clamé en cœur qu’il fallait respecter le « droit au travail ». Parenthèse : non seulement le droit au travail n’existe pas car il y a des centaines de milliers de chômeurs, mais surtout on voit ce que signifie ce fameux « droit au travail » quand Delhaize s’apprête à licencier 2.500 de ses employés et à les priver de travail. Soit dit en passant, on se demande pourquoi les représentants de classes moyennes et l’UNIZO ont le droit de s’asseoir à la table de concertation nationale alors qu’ils refusent la présence de représentants syndicaux dans les PME.
Télé poubelle
RTL, télé poubelle, a été égale à elle-même. Multiples interviews de navetteurs distraits qui n’avaient pas l’air de savoir que les transports publics étaient en grève ou d’automobilistes coincés dans les embouteillages à proximité des zonings. Le comble : le reportage sur les patrons passés « en résistance », dans la clandestinité puisque leur visage est « flouté » comme s’ils craignaient la répression par une quelconque dictature. La RTBF télé n’a pas voulu être en reste sur sa concurrente. La présentation du JT, Nathalie Maleux, s’est tout à coup crue investie du rôle de porte-parole de la «majorité silencieuse» en s’adressant à un interviewé de la façon suivante «Nous, les citoyens, etc.». Cela relève peut-être plus de la psychiatrie que de la déontologie journalistique.
Le lynchage de Raymonde
La secrétaire régionale du SETCa de Namur, Raymonde Le Lepfevrier a fait l’objet d’un véritable lynchage médiatique pour avoir, dans une boutique de la chaîne L&L qui ne voulait pas fermer, décroché de leur portant une demi douzaine de vêtements sur cintres et les avoir jetés sur un présentoir. Aucune dégradation, aucune salissure, rien. Les vêtements n’ont même pas été jetés au sol. Les soldes font plus de dégâts mais la scène filmée par Sud Presse a fait le buzz sur les médias plus de 15.000 enragés contre les grèves ont signé une pétition en ligne exigeant des sanctions contre la responsable du SETCa.
Rappelez- vous il y a quelques années, quand les activistes de Gaia investissaient les magasins pour arroser de sang ou de peinture rouge les vêtements en fourrure. Cela n’avait pas fait, à l’époque, le tour des réseaux sociaux bien que dans ce cas précis les articles vestimentaires étaient mis à mal. Comme dit le proverbe : « On trouve toujours bien un bâton pour battre son chien. »
Pied de biche et batte de base-ball
Encouragés par les aboyeurs du MR, du patronat et de la N-VA ; quelques automobilistes se sont crus autorisés à agresser à coups de pied de biche et de batte da base-ball des membres d’un piquet dans le Borinage. Il faut féliciter les membres de ces piquets pour le calme et la retenue dont ils ont fait preuve à l’occasion de cette agression car les agresseurs et leurs véhicules en sont sortis indemnes. Il n’empêche que ces agressions délibérées constituent des délits graves : coups et blessures avec préméditation au moyen d’armes par destination, car une batte de base-ball ou un pied de biche ne font pas partie de la trousse-à-outils d’une auto et les auteurs avaient embarqué ces armes avec l’intention de casser du gréviste. Les partis de droite et le patronat sont moralement responsables de ces agressions avec préméditation car leurs menaces contre les piquets de grève ont incité quelques excités à passer à l’acte.
Vers l’auto-défense ouvrière ?
En cas d’agression, les piquets ont non seulement la légitimité de pratiquer l’auto-défense mais ils en ont surtout les moyens. Dans les usines, les travailleurs ont à leur disposition les outils, les matériaux, les engins de levage et de génie civil, les produits chimiques, etc. qu’ils connaissent parfaitement car ils les utilisent chaque jour. Rappelez-vous la raclée infligée aux gendarmes à coups de bulldozers par les travailleurs des Forges de Clabecq en 1997.
Assemblées générales sur le lieu de travail
Mais pour le moment, l’heure n’est pas à l’autodéfense, mais à la vigilance. Car le gouvernement et le patronat vont essayer de mettre la trêve de fin d’année à profit pour enfumer les dirigeants syndicaux et les rouler dans la farine afin de mettre fin à la contestation sociale. D’emblée, Charles Michel a annoncé la couleur : pas question de revenir sur la pension à 67 ans et sur le saut d’index, qui sont pourtant les deux revendications centrales des grévistes.
En faisant le tour des piquets on a pu constater que les assemblées d’information du personnel sur le lieu de travail avaient été insuffisantes ou trop rares. Il faudra rattraper le temps perdu et dès les premiers jours de janvier organiser partout où c’est possible des assemblée de travailleurs sur le lieu de travail. Pour ne pas accepter un chat dans un sac et perdre le bénéfice de la magnifique lutte menée jusqu’à présent.