Les gouvernements de la planète ont choisi de confier la présidence du GIEC au Sud-Coréen Hoesung Lee, un économiste spécialiste des questions énergétiques, qui était déjà un des trois vice-présidents du groupe d’experts.
Le curriculum vitae du nouveau président est éloquent : il a travaillé trois ans pour le géant pétrolier Exxon, trois ans pour Hyundai, il est Président du conseil d’avis de l’Asian Development Bank et membre du conseil de direction du Global Green Growth Institute – un organisme qui collabore avec la Banque Mondiale à dresser des plans pour la croissance verte (sic) de la Chine et d’autres pays en développement.
Hoesung Lee a mené campagne en promettant, « pour améliorer la relevance et la neutralité (du GIEC), d’incorporer les inputs du monde des affaires, de l’industrie et de la finance, par qui les messages des communautés scientifiques et politiques sont interprétés et transformés en actes. »
Dans cette phrase, le terme « neutralité » n’est pas employé par hasard : pour Hoesung Lee, en effet, l’économie est une Science (avec majuscule), ce qui signifie que la loi du profit n’est pas plus contestable à ses yeux que celle de la pesanteur. Au cours de sa première conférence de presse comme président, il a ainsi pu expliquer que la décision de donner un prix au carbone n’est absolument pas politique mais strictement scientifique, car elle découle d’études économiques. Amen.
L’élection à la tête du GIEC d’un économiste adepte du capitalisme vert, lié aux lobbies du pétrole, de la bagnole et de la finance, n’aura surpris que les naïfs. Alors que les gouvernements du monde entier préparent pour la COP 21 un accord taillé sur mesure pour les multinationales et qui ne fera – au mieux ! – que freiner la catastrophe, le Sud-Coréen était certainement le candidat le plus adéquat pour disculper la croissance et dresser un paravent pseudo-scientifique devant le crime climatique capitaliste.
(A paraître dans Politique, revue de débat, novembre-décembre 2015)